Chambéry (pentes au sud de la ville) |
La partie centrale de la ville de Chambéry s'est construite dans un couloir NE-SW, assez étroit, qui coupe transversalement une série de collines à ossature de Tithonique allongées N-S. Du côté sud ce sont celles de Montagnole, de Bellecombette et de Barberaz qui appartiennent à l'extrémité septentrionale de la Chartreuse et, du côté nord, la colline de Lémenc (sur laquelle s'appuyait la ville ancienne), qui se rattache donc aux Bauges.
Ces collines sont des monts dérivés* car elles correspondent à deux anticlinaux, l'anticlinal de Montagnole et l'anticlinal de Barberaz (voir la page "Montagnole"). Leur ossature tithonique est tranchée par les escarpements qui dominent immédiatement la ville du côté sud (en particulier par la falaise que contournent par le haut les premières rampes de la D.912), qui donnent une coupe naturelle de leur voûte de Tithonique. Mais plus au sud celle-ci n'émerge qu'à peine des larges affleurements de marno-calcaires berriasiens (anciennement exploités par les cimenteries Chiron) qui forment l'essentiel des pentes de Montagnole, qui descendent vers Chambéry.
Le couloir qu'occupe le centre-ville tranche transversalement la voûte de l'anticlinal de Montagnole - Lémenc en y entaillant même des falaises du côté sud : c'est donc une cluse* , moins bien caractérisée du côté nord où la voûte de l'anticlinal de Lémenc s'enfonce progressivement sous les alluvions. Cette cluse a été élargie et aménagée, au cours du Quaternaire, par le passage du fleuve de glace qui diffluait, en aval de Montmélian, à partir de celui de l'Isère (qui descendait la combe de Savoie et dont le reste s'engageait dans le Grésivaudan). Après la fonte des glaciers, son fond a été rempli par un colmatage d'alluvions fluvio-lacustres marécageuses apportées par les divers torrents de ses flancs et notamment par la Leysse, qui se rétrécit particulièrement à l'emplacement même du centre ville.
La localisation de la cluse de Chambéry paraît être en rapport avec l'ensellement
que manifestent aux abords de cet endroit toutes les voûtes
de plis.
- Du côté nord l'abaissement vers le sud de la voûte anticlinal de Lémenc est tout-à-fait flagrant.
- Du côté sud cet abaissement axial est très caractérisé,
à l'ouest de Chambéry, en ce qui concerne le synclinal
de Couz et l'anticlinal de la Chartreuse médiane. En effet
la voûte urgonienne de ce dernier plonge, à Cognin,
sous la molasse miocène du sillon périalpin (dépression
du lac du Bourget) pour n'en ressortir timidement qu'aux abords
de Voglans.
Par contre ce plongement axial vers le nord est moins accusé, voire même douteux,
pour les anticlinaux du plateau de Montagnole. En effet, en dépit
de la modestie de la déclivité topographique, le
Tithonique y disparaît très vite vers le sud sous
le Berriasien, entre Chambéry et Montagnole, et le coeur
tithonique de ces plis n'affleure plus au sud de cette dernière localité.
En fait la localisation précise de la cluse de Chambéry, ainsi que son tracé NE-SW, semblent surtout avoir été déterminés par le passage d'une cassure dextre orientée NE-SW, le décrochement de Chambéry.
L'existence de la faille est attestée par le surhaussement des voûtes anticlinales au sud de la ville et son jeu en décrochement est indiqué par le décalage dextre, d'environ 1 kilomètre, qu'y subissent les tracés, l'un et l'autre presque N-S, des deux chevauchements qui y aboutissent (savoir à l'est celui de l'anticlinal de Barberaz, que doit prolonger le chevauchement de Vérel-Pragondran, et à l'ouest celui de la Chartreuse orientale,qui se prolonge à l'évidence par le chevauchement frontal des Bauges). |
Cette orientation NE-SW du décrochement de Chambéry suggère en outre que, à la sortie ouest de la cluse, son tracé doit se diriger en direction approximative de Vimines, en passant vers Jacob et peu au nord de Saint-Cassin, village dont la butte est formée par les affleurements les plus nord-occidentaux du matériel de la Chartreuse orientale.
Cette orientation porte même à envisager (cliché ci-après) que, plus à l'ouest, au sud de Cognin, ce soit encore le décrochement de Chambéry qui détermine le cours inférieur de l'Hyères en amont du Pont Saint-Charles, en tranchant la terminaison septentrionale de la voûte urgonienne de l'anticlinal médian de la Chartreuse : par le décalage vers l'ouest appliqué à ce dernier il contribuerait ainsi au rétrécissement brutal des affleurements miocènes à l'entrée nord de la vallée de Couz. |
image sensible au survol et au clic |
L'interprétation selon laquelle le décrochement de Chambéry a joué un rôle directeur lors de l'ouverture de la cluse fournit en tous cas une explication du fait que cette cluse soit orientée là presque à 90° par rapport à l'azimut moyen de la Trouée des Marches, qui, au sud-est de la ville (à partir de La Ravoire et de Saint-Baldoph), sépare les Bauges de la Chartreuse : c'est là ce qui confère à ce grand couloir transversal, qui fait communiquer la dépression du Grésivaudan avec celle du lac du Bourget, son bizarre tracé en baïonnette là où il emprunte la cluse de Chambéry.
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(extrémité septentrionale de la Chartreuse et marge sud-occidentale des Bauges) CFB = chevauchement frontal des Bauges ; CM = chevauchement du Montgelas - Margériaz. |
Au sud-est de la cluse cette Trouée des Marches ne semble guidée par aucune disposition géologique particulière et son bord occidental coupe jusqu'à Apremont, selon un biseau aigu, la succession des couches berriasiennes du flanc ouest du synclinal chartreux oriental.
Le revers oriental de l'extrémité nord du massif de la Chartreuse (bordure occidentale, à Chambéry, de la trouée des Marches), vu du nord-est, depuis les pentes de Barby (premier lacet de la D11). s.O = synclinal de la Chartreuse orientale. Dans l'échine du Pas de la Fosse (qui domine Saint-Baldoph) on a distingué 3 niveaux dans le Berriasien : Le ressaut qui domine le vallon de Barberaz est formé par le "gros banc du Pas de la Fosse", d'âge Berriasien moyen, tandis que le versant qui tombe sur Saint-Baldoph est formé par le Berriasien supérieur, qui y affleure en grande partie en dalles structurales. Noter, dans le soubassement du Joigny, la disparition des marnes de Narbonne, qui passent latéralement, d'est en ouest, aux marno-calcaires berriasiens supérieurs (voir la page consacrée notamment à ce détail stratigraphique) |
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Pour plus de détails au sujet de la Trouée des Marches, se reporter à la page spéciale qui lui est consacrée |
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(L'Épine) |
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Chambéry-sud |
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