(LES ROCHES DE CHARTREUSE)
Ces couches forment une succession assez monotone
de bancs décimétriques à joints marneux alternant
avec des niveaux marneux décamétriques.
En Chartreuse orientale elles passent vers le haut, par une transition
d'une cinquantaine de mètres, aux Marnes de Narbonne.
En Chartreuse occidentale ils passent au contraire très
transitionnellement, sur plusieurs centaines de mètres,
par des alternances de faisceaux calcaires et de lits de marnes,
aux Calcaires du Fontanil (pour le détail de cette transition
se reporter à la page consacrée
à cette dernière formation).
Les bancs les plus marneux de ces couches, dont la teneur est plus ou moins riche en calcaire, sont mélangés pour la cuisson du ciment "artificiel".
La partie inférieure du Berriasien est formée, sur une cinquantaine de mètres, de "couches à ciment naturel" (c'est à dire ne nécessitant pas de correction de leur proportion d'argile et de calcaire). Ces couches furent exploitées dans les carrières souterraines de la Porte de France et dans celles (à l'air libre) de Sautaret près de Voreppe et de Montagnole près de Chambéry. Elles sont encore exploitées dans les carrières souterraines de l'Orcière dans la vallée du Guiers Mort.
Ces dernières assises sont facilement déblayés par l'érosion et, de ce fait, le passage des couches du Jurassique à celles du Crétacé se fait par une rupture de pente nette, où l'on observe même parfois que le sommet des bancs jurassiques est dénudé plus ou moins largement, en une "dalle structurale".
Souvent aussi les premiers bancs du Berriasien
montrent les traces de glissements sous-marins qui ont disloqué
les couches soit en les étirant et en les rompant (carrière
de Sautaret), soit en les faisant glisser et basculer (route de
Saint-Pancrasse). On qualifie ce type de phénomènes
de "slumping*". Ils témoignent d'une certaine
instabilité des fonds marins à cette époque.
Les affleurements des abords des tunnels de la route D.30, de Saint-Pancrasse avaient été étudiés en 1970 par M. Jean-François Freydoz et
ont fait l'objet d'une note dans "Géologie alpine: t 50. 1974, p.
71-74 "Quelques aspects sédimentologiques du Malm et du Berriasien du
massif de la Grande Chartreuse". Cet auteur a en particulier étudié la surface du dernier banc de Tithonique sur l'ancienne route de St
Pancrasse, latérale aux tunnels (maintenant inaccessible). Il y a relevé des figures
sédimentaires appartenant aux types rill, flute, groove, bounce marks : il s'agit d'indices de
paléocourants dirigés vers l'W ou le NW, selon des directions réparties entre N80 et N120.
Cela suggère que les couches avaient été inclinées, sitôt après leur dépôt, selon une pente voisine d'une orthogonale à l'axe des actuels massifs cristallins externes (orientés grossièrement N45) ; cela s'accorde bien avec les conceptions développées depuis, concernant le basculement vers l'ouest des blocs de socle découpés par la tectonique extensive jurassique.
On trouvera ci-après quelques figures, tirées de l'ouvrage cité ci-dessus, qui m'ont été obligeamment communiquées par l'auteur :
stratification et ammonites du Berriasien supérieur de Sarcenas (couches de transition aux marnes de Narbonne)
Monter d'un niveau dans la succession
stratigraphique ? :
Descendre d'un niveau dans la succession
stratigraphique ? :