Allevard, Bramefarine |
La localité d'Allevard est logée dans une dépression qui poursuit vers le nord le sillon du "balcon de Belledonne", qui s'abaisse ici beaucoup plus bas qu'au sud du col du Barrioz. Cela est sans doute dû à son creusement par le puissant torrent du Bréda qui draîne une grande portion du versant occidental du massif cristallin. Actuellement, dès qu'il s'échappe de sa gorge qui entaille la couverture du massif cristallin, ce cours d'eau emprunte ce sillon, aménagé par l'écoulement du glacier isérois wurmien dans les argilites aaléniennes, en direction du nord ; mais il est clair qu'il a pu antérieurement le parcourir en direction du sud pour s'écouler plus directement vers la vallée de l'Isère, par Saint-Pierre d'Allevard.
Les premières pentes à l'est d'Allevard ont pour substratum les calcaires plus ou moins argileux des divers niveaux du Lias, qui sont séparés du socle cristallin sous-jacent par le niveau des gypses et cargneules du Trias. Ces couches plongent vers l'ouest plus rapidement que la surface topographique, de sorte que le Bréda les traverse assez rapidement, juste avant de déboucher de ses gorges.
C'est cette disposition qui explique l'effondrement de Montouvrard, qui a ouvert, le soir du dimanche 26 août 2001, une dépression de plusieurs dizaines de mètres de profondeur, dont le fond absorbait les débris en les "suçant" vers le bas et qui a ainsi englouti de nombreux arbres de plus de 20 m de haut.
L'entonnoir d'effondrement de Montouvrard vu du SW, d'avion |
La forme conique de la dépression évoque beaucoup celle des entonnoirs de dissolution des gypses : cela suggère que le phénomène résulte de circulations d'eau souterraines (infiltrées depuis le lit du Bréda ???). Elles ont sans doute créé un réseau de cavités souterraines dont les voûtes se sont effritées, remontant de proche en proche vers le haut au sein des couches triasiques fortement inclinées vers l'ouest. Il reste à expliquer pourquoi l'une d'entre elles s'est effondrée ici plutôt qu'ailleurs : est-ce lié au fait que l'on se trouve là sur le tracé du décrochement de Bugnon ? (cela paraît séduisant mais il faut cependant noter que le petit lac de Bugnon qui occupe une dépression similaire, sans doute de même origine, se trouve 600 m plus au nord-ouest de ce tracé...).
La combe d'Allevard vue du sud, depuis les pentes septentrionales du col de Barrioz On distingue le village de Saint-Pierre d'Allevard et son lac artificiel, dont les eaux sont aisément retenues car il est installé sur les argilites aaléniennes que garnissent des alluvions glaciaires. |
Vers le sud la combe d'Allevard est une vallée morte à fond plat (à tel titre qu'il a suffi d'une modeste digue pour y retenir un lac de diamètre kilométrique). Ce profil transversal signe un creusement glaciaire qui doit être attribué au passage d'une langue latérale du glacier de l'Isère qui s'y engageait encore par le nord en suivant la vallée du Gelon, lors des épisodes tardifs du retrait de la glaciation de Würm.
Au sud de Saint-Pierre d'Allevard cette combe prend de l'altitude pour rejoindre le col du Barrioz (voir la page"Theys"). Mais avant cela elle est drainée vers le Grésivaudan par un petit ruisseau qui rejoint le Grésivaudan en empruntant la large cluse de Mailles puis rejoint le Cheylas en y creusant les gorges du Fay. Il est clair que le débit actuel de ce cours d'eau ne le rend guère capable d'avoir creusé la puissante entaille dont ces gorges constituent la partie la plus basse.
Le creusement initial de la cluse de Mailles a dû être bien antérieur à l'aménagement de la combe d'Allevard par les glaciers quaternaires (sans doute par un torrent descendant de la crête du Crêt du Poulet ; mais son approfondissement et l'incision en gorge de son fond sont probablement récents, liés à l'écoulement des eaux de fonte de la langue glaciaire qui occupait encore la partie nord de la vallée d'Allevard alors que le front du glacier isérois principal s'était déjà retiré en amont du Cheylas. Avant de se retirer la langue glaciaire a dû aménager aux abords d'Allevard un ombilic de surcreusement dont la pente s'abaissait vers le nord, ce qui explique que les eaux aient alors pu choisir de s'écouler dans cette direction.
Les pentes de la vallée de l'Isère entre Le Cheylas et Goncelin montrent une succession de banquettes étagées doucement inclinées vers l'aval de la vallée. Leur tracé recoupe en biais celui des plis du bedrock (elles n'ont donc pas une origine structurale) et elles sont garnies d'alluvions fluvio-glaciaires, ce qui indique qu'elles ont dû être modelées en marge du glacier isérois. Mais l'on n'y trouve aucune trace de crête morainique et la banquette la plus élevée s'engage dans la cluse de Mailles : cela suggère qu'il s'agit des traces des sillons d'écoulement creusés, en marge de la glace, par les eaux de fonte provenant de la vallée d'Allevard, aux étapes successives de l'abaissement de la surface du glacier.
La montagne de Bramefarine appartient aux collines bordières et, comme toutes ces dernières, elle est formée par les alternances marno-calcaires du Bajocien. Il est très difficile de déchiffrer sa structure, faute d'affleurements et de niveaux repères suffisants. Des indices d'ordre micro-tectonique, notamment la présence de niveaux à schistosité de flanc inverse*, semblent indiquer qu'il y existe des plis couchés comme plus au nord-est (La Table). A l'extrémité sud de la Montagne la présence d'une bande de marno-calcaires du Bajocien inférieur (non représentée sur la carte Montmélian), qui s'élève sur le versant occidental de la butte du Baraquant, semble indiquer que les chevauchements reconnus plus au sud-ouest (Montagne de Barley) s'y prolongent également. Il est probable en définitive que ces deux types de structures tectoniques y cohabitent et y sont à l'origine de redoublements de succession qui seuls peuvent expliquer - là comme plus au sud - la forte épaisseur d'affleurement des couches calcaires bajociennes.
Carte géologique simplifiée des environs d'Allevard
redessinée sur la base de la carte géologique d'ensemble
des Alpes occidentales, du Léman à Digne, au 1/250.000°",
par M.Gidon (1977), publication n° 074
plus au nord ;
plus à l'ouest ; cartes voisines : plus à l'est
plus au sud
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