Le Touvet, La Flachère, versant est du col de l'Alpe |
La corniche supérieure du rebord subalpin septentrional de la Chartreuse est constituée, à partir de la latitude du Touvet, par le crêt* urgonien du plateau de l'Aulp du Seuil et, au nord du col de l'Alpe, par celui de l'Alpette ; ils appartiennent l'un comme l'autre au flanc oriental du synclinal chartreux oriental. Les falaises orientales de ce crêt dominent le Grésivaudan, mais elles en sont séparées par le talus de marno-calcaires du Crétacé inférieur de Sainte-Marie-du-Mont (villages de Prés et de Saint-Georges). C'est du point de vue structural le prolongement septentrional du plateau des Petites Roches ; il est soutenu par la corniche inférieure, tithonique, qui domine à son tour les bourgs de rive droite de la vallée, de La Flachère à Barraux.
A la latitude du Touvet, le crêt du rebord subalpin tombe plus brutalement sur la vallée du Grésivaudan qu'à toutes les autres latitudes du rebord subalpin. En effet, à l'aplomb du sommet du Grand Manti le puissant ravin du torrent de Bresson prend sa source dans un vaste entonnoir de réception qui met à nu l'Hauterivien, les calcaires du Fontanil (ailleurs masqués sous les vieux éboulis) et même jusqu'aux marnes de Narbonne à sa partie basse (soit plus de 500 m d'abrupts).
À une date relativement récente une tranche de rocher s'est d'ailleurs effondrée et forme maintenant un paquet de blocs posé sur les marnes valanginiennes à mi-hauteur des ravines.
Le rebord subalpin immédiatement au nord du Touvet, vu de l'est, d'avion depuis l'aplomb du Cheylas. d.B = décrochement de Bellefond. On a surchargé de jaune l'entonnoir de réception du torrent de Bresson, où l'érosion régressive du torrent a percé d'abord la nappe d'éboulis anciens (datant de plus de 400.000 ans) qui est presque continue de part et d'autre. |
C'est à cette latitude que le plateau des Petites Roches s'interrompt, tranché par le cours du torrent de Bresson. Or l'emplacement de ce cours est clairement déterminée par le fait que la barre tithonique est tranchée et décalée par le décrochement de Bellefond. C'est d'ailleurs sans doute cette particularité qui est à l'origine de l'importance particulière, à cet endroit, de l'érosion remontante torrentielle.
À l'ouest du village de Saint-Georges (le plus septentrional de la commune de Sainte-Marie-du-Mont) la falaise urgonienne est affectée par une ravine oblique (orientée NE-SW) qui s'élève en direction du col de l'Alpe. Cette échancrure de la falaise est déterminée par le décrochement du col de l'Alpe ; mais ce dernier se manifeste là beaucoup moins clairement dans le relief que du côté sud-ouest (voir la page "col de l'Alpe").
La corniche supérieure du rebord subalpin, à l'ouest de la Flachère, vu du SW depuis les pentes du col du Merdaret (Belledonne). d.cA = décrochement du col de l'Alpe, entièrement masqué derrière la crête septentrionale de La Rousse (voir l'autre versant de cette crête à la page "col de l'Alpe"). Le flanc oriental du synclinal chartreux oriental est ployé en un anticlinal très ouvert et accidenté de deux cassures ; ØR = chevauchement de la Rousse ; f.pR = faille NW-SE (extensive) du Pas de la Rousse. |
En effet cette ravine n'est bien marquée que dans la partie haute des escarpements. De plus elle coupe l'alignement des falaises de façon très oblique, selon un angle proche de 30°, de sorte qu'il faut veiller à bien se placer dans son axe pour parvenir à la voir.
C'est cette échancrure de la falaise qu'utilise le chemin qui permet d'atteindre le col de l'Alpe par son versant est, depuis le parking ONF de Pré Orcel : pour cela le chemin gagne d'abord la cabane forestière située plus au nord au pied des falaises puis, par une traversée vers le sud, rejoint la rive sud-est de ce couloir.
Depuis la cabane forestière le sentier suit une longue vire presque horizontale dans des couches faiblement inclinée vers l'intérieur de la montagne (vers l'ouest). Elle se termine par un passage en encorbellement sous un vaste toit surplombant (c'est une "balme" au sens strict du mot). Cette forme de relief est due à une légère différence de composition de l'un des bancs du calcaire urgonien qui s'effrite en fins débris (ce qui indique qu'il est plus gélif).
Vue rapprochée de l'encorbellement naturel (balme) que suit le sentier du col de l'Alpe, au pied de l'auvent en surplomb, avant d'atteindre la ravine déterminée par la faille de décrochement. Le rentrant de l'encorbellement correspond à un niveau d'aspect crayeux où le calcaire a été partiellement transformé en dolomite, minéral dont les cristaux sont souvent mal jointifs, ce qui facilite l'ouverture de fissures, voire l'effritement de la roche sous l'effet de la gélivation. Le calcaire dolomitique se débite en feuillets subverticaux qui s'éboulent en donnant des débris lamellaires. Ce débit est causé par la présence d'un intense clivage subvertical , orienté N110 (proche d'E-W) Il est à remarquer que ce clivage s'observe dans tous les calcaires massifs de Chartreuse ; mais ici il s'exprime de façon particulièrement marquée. |
Le chemin met un terme à cette traversée en atteignant le couloir rocheux qui s'élève en direction du col. Au delà de ce point commencent les lacets par lesquels il s'élève en rive sud de ce couloir : l'emplacement de ce changement de tracé est lié au fait que l'itinéraire traverse là le décrochement, lequel induit notamment un changement dans le pendage des couches (qui deviennent inclinées vers le nord c'est-à-dire plutôt vers le Grésivaudan).
Le chemin du col de l'Alpe au débouché de la longue vire du versant oriental de la montagne. |
Les affleurements étant assez bien dégagés on y voit clairement le miroir de faille et l'on peut faire une analyse microtectonique de ses abords : celle-ci montre la présence d'un couloir de faille de quelques mètres de largeur où des couches effondrées sont basculées.
En rive méridionale du couloir de faille le sentier s'élève sur des couches urgoniennes qui sont également pentées vers le ravin ; elles appartiennent aux niveaux supérieurs de l'Urgonien inférieur car, après quelques lacets le sentier débouche sur un épaulement correspondant aux couches à Orbitolines. Celui-ci est dominé par le dernier ressaut des falaises, formé par l'Urgonien supérieur, qui soutient le replat de prairie sommital dont l'altitude est voisine de 1760.
C'est d'ailleurs de ce point que l'on a la meilleure vue sur le Grésivaudan et sur le panorama de la chaîne de Belledonne jusqu'au massif du Mont Blanc.
Le sentier contourne cette dernière falaise par son revers nord en suivant les couches à Orbitolines dont le pendage, dans le sens du versant, les fait s'élever en diagonale jusqu'à atteindre le sommet des abrupts. A partir de ce collet il traverse les calcaires de l'Urgonien supérieur (par un parcours peu déclive qui suit une zone schistosée) pour rejoindre la combe de prairie des alpages du col.
Le débouché supérieur du sentier montant au col de l'Alpe, vu du nord depuis l'extrémitésud des Rochers de Belles Ombres |
Le changement brutal de relief qui se produit là est dû à ce que le sentier y rejoint et franchit le tracé de la faille principale du décrochement. Cette combe montre des affleurements de Lumachelle, qui supportent plus en amont des marno-calcaires sénoniens. Elle correspond à un compartiment effondré car elle est également limitée du côté nord par un rebord de calcaires urgoniens : en fait il s'agit là l'extrémité septentrionale du graben de Valfroide, lequel se développe surtout dans le versant sud-occidental du col (voir la page "col de l'Alpe") : il s'étrangle là par la réunion, en direction du NE, des deux failles qui le limitent.
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