gorges de Chailles, Saint-Franc |
À l'ouest des Échelles le Guiers s'échappe de sa plaine alluviale en s'engageant, entre Miribel au sud et Saint-Franc au nord, dans les gorges de Chailles. Ce faisant il coupe transversalement le prolongement septentrional du chaînon anticlinal du Ratz, en y ouvrant une cluse* particulièrement typique qu'emprunte la N.6 (le long de laquelle l'importance de la circulation rend les observations pénibles et dangereuses).
Ce pli a, ici comme plus au sud d'ailleurs (voir la page "Ratz"), une large voûte plate, faiblement inclinée vers l'est : c'est un pli coffré*. Sa charnière orientale, la moins fermée, est assez bien mise en évidence grâce aux conditions topographiques qui y ont permis aux différents niveaux plus résistants de s'y exprimer par des nervures saillantes (les couches y pendent environ à 45° est).
Dans le versant de rive droite on voit assez bien que la corniche de l'Urgonien inférieur, que la route N.6 traverse 25 m en aval de l'embranchement de la D.39, s'amincit vers le haut du versant nord et n'existe plus à la voûte du pli (Les Tartavaux) où les calcaires basaux du Miocène reposent sur les marno-calcaires de l'Hauterivien. |
La charnière occidentale de cette voûte est visible au coude de la route qui se situe au sortir aval des gorges (ancien "belvédère des Trois Évêchés", maintenant privatisé) : elle y montre un dessin assez brutal "en genou" et, de plus, y est rompue par une faille extensive orientée presque N-S qui abaisse la partie occidentale de cette charnière.
On peut préciser que cette cluse n'a bénéficié, pour son creusement, d'aucun accident tectonique susceptible d'aider le travail de la rivière, et que la voûte du pli ne manifeste là d'aucun ensellement perceptible ni de faille transversale. Les niveaux calcaires résistants de cette voûte sont d'ailleurs noyés, de part et d'autre de la gorge, dans une chape de grès molassiques miocènes assez homogène pour avoir empêché qu'un tel ensellement -eut-il existé- ait pu diriger le tracé du lit de la rivière. Les raisons pour lesquelles le tracé du Guiers à choisi cet emplacement pour le tracé de son lit plutôt qu'un autre sont donc inconnues ...
Sur les flancs du pli, tant du côté amont que du côté aval de la gorge, la molasse calcaréo-gréseuse de la base du Miocène ("Burdigalien") repose sur les couches tout-à-fait inférieures de l'Urgonien. Au contraire ces dernières ont été totalement érodées à la voûte du pli avant la transgression, au point que l'Hauterivien manque même, localement, à la charnière ouest du pli, dans les pentes dominant Voissant.
Ceci montre qu'à l'emplacement de la future voûte de ce pli existait déjà, avant le Miocène, un relief saillant qui avait été soumis à un arasement pendant la période d'émersion du Tertiaire inférieur. Cette observation prouve que ce chaînon avait subi, avant le Miocène, une première structuration aboutissant à sa surrection, conclusion qui est en accord avec celle qui découle de l'étude des environs de Montaud, plus au sud dans le même chaînon, et, plus au nord, de celle du secteur du Mont Tournier. |
Au sud de la gorge du Guiers, jusqu'à la latitude du col des Mille-Martyrs et de Miribel, le chaînon du Ratz forme une lourde voûte qui est là coiffée par un fort garnissage de dépôts quaternaires. Des pointements d'Urgonien en émergent par places, montrant que la succession des couches d'âge secondaire s'y complète vers le haut : l'Urgonien y reconstitue une carapace continue, mais i n'y joue presque aucun rôle morphologique, le relief traduisant principalement la répartition des dépôts quaternaires, celle-ci résultant notamment de la présence de plusieurs cordons morainiques courant à flanc de pente.
même figure,
plus grande
Coupe très simplifiée passant 2 kilomètres
au nord du col des Mille-Martyrs
(extrait de la planche de coupes de la Chartreuse)
(les terrains quaternaires ne sont pas représentés et la coupe est orientée à l'envers du cliché ci-dessus)
Remarque complémentaire : On peut conclure de la comparaison entre la structure au nord et au sud du Guiers que l'anticlinal du Ratz, était non seulement bien ébauché avant le Miocène, mais devait, à cette époque, manifester un plongement axial vers le sud (puisque l'érosion qui affecte sa voûte mord de plus en plus profondément, du sud vers le nord, dans la succession des couches). |
Au nord de la gorge, à la latitude de Saint-Franc, le chaînon anticlinal du Ratz ne se manifeste plus que par un système de double cuesta*, qui est dû à la présence d'un niveau marneux séparant la molasse gréso-sableuse, supérieure, de celle inférieure, calcaréo-gréseuse. Ce disposition morphologique se poursuit, sans changer d'orientation jusqu'au Gué des Planches, à l'extrémité occidentale du lac d'Aiguebelette (voir la page "Dullin").
Carte géologique simplifiée
redessinée sur la base de la carte géologique d'ensemble
des Alpes occidentales, du Léman à Digne, au 1/250.000°",
par M.Gidon (1977), publication n° 074
légende des couleurs (nouvelle fenêtre)
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Les Abrets |
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