Rovon, Cognin-les-gorges, Izeron |
À la latitude de Saint-Marcellin le versant oriental de la plaine de l'Isère qui s'élève au dessus de Cognin-les-gorges et d'Izeron, est décalé vers l'ouest par rapport à la position, plus orientale, qui est la sienne aux abords plus septentrionaux de Saint-Gervais. Son premier ressaut est constitué par une lourde échine boisée qui prend naissance aux abords sud de Rovon puis que jalonnent des buttes boisées comme celle de Roche Rousse puis de La Bouisse, au nord, et de La Condamine, plus au sud.
Le débouché de la vallée de la Drevenne, en arrière de Rovon vu de l'ouest, depuis le hameau de Riquetière (rebord de la terrasse de Vinay, en rive droite de l'Isère) s.R = synclinal de Romeyère (masqué par la perspective : il a été souligné de tirets jaunes) ; a.Co = anticlinal des Coulmes ; s.M = synclinal du Moléron ; a.N = anticlinal du Nant. ØB = chevauchement des Belles (voir la page "Malleval") ; ØPa = chevauchement de Pied Aigu. le trait rose indique le tracé de la D35, dans le "balcon des Écouges". |
Cette échine calcaire, exclusivement formée d'Urgonien est un mont* jurassien typique moulé sur l'anticlinal du Nant. Ce pli devient ici, depuis Rovon jusqu'à la latitude du Royans, le plus occidental du Vercors (au delà il est relayé dans cette position la plus externe des Alpes par l'anticlinal, encoreplus occidental de Saint-Nazaire, qui s'épanouit plus au sud dans les Monts du Matin).
Cette échine se poursuit vers le sud en s'élevant jusqu'à l'altitude d'environ 1000 m : elle ferme ainsi du côté occidental la dépression de Malleval, de sorte que les eaux du torrent du Nant, qui s'en échappent ont dû trancher la voûte de l'anticlinal pour pouvoir rejoindre la plaine de l'Isère. Elle y ont ouvert une profonde entaille, très spectaculaire, en forme de boutonnière, les gorges du Nant. Ces dernières en donnent une coupe naturelle parfaitement orthogonale à l'axe du pli, qui en montre le ploiement extrêmement régulier, en un genou très arrondi déjeté vers l'ouest.
Au nord comme au sud des gorges le flanc ouest de l'anticlinal du Nant se montre en outre accidenté
par des failles longitudinales par rapport à son axe, ce qui explique la présence de plusieurs petits chapeaux de calcaires sénoniens posés à flanc de versant.
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La plus basse est l'aboutissement septentrional de la faille de Mont Chardon (voir la page "Chérennes"), qui
surhausse la partie la plus basse de ce flanc du pli : malgré son pendage vers l'est elle n'a donc pas un rejet compressif : il s'agit
vraisemblablement d'une cassure extensive créée antérieurement
au plissement et basculé vers l'ouest avec le flanc occidental du pli.
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La faille de Marandière, plus haute et plus proche de la voûte du pli, a un rejet de surhaussement de sa lèvre orientale et semble avoir un pendage sub-vertical : il est donc vraisemblable qu'il s'agit d'une faille conjuguée* de la précédente dont elle était originellement séparée par un panneau affaissé en graben.
Les gorges du Nant vues du nord-ouest, depuis les coteaux dominant Beaulieu (rive droite de l'Isère) a.N = anticlinal du Nant ; f.mC = faille de Mont Chardon. Noter le relief extrêmement conforme* de part et d'autre des gorges : il résulte de la simple dénudation du sommet de la carapace urgonienne ployée par l'anticlinal. |
Du côté oriental, au nord des gorges la carapace urgonienne de l'anticlinal du Nant s'enfonce, par le jeu du chevauchement des Belles, sous les calcaires du Fontanil du coeur de l'anticlinal des Coulmes (voir la page "Malleval"). Le contraste est frappant entre le relief très conforme, en mont jurassien* typique, dessiné par la carapace urgonienne de l'anticlinal du Nant et la large combe anticlinale de Malleval, dont le relief est au contraire du type "inversé"*.
Coupe transversale aux plis, entre Cognin et le col de Romeyère. f.mC = faille de Mont Chardon ; f.M = faille de Marandière ; ØB = chevauchement des Belles ; s.M = synclinal de Moléron ; f.C = faille des Combes. |
Au sud de Cognin, c'est-à-dire en direction de Saint-Pierre de Chérenne, le mont formé par l'anticlinal du Nant est tranché en biais par la faille sub-verticale de Gontier, qui représente à cette latitude le prolongement méridional du chevauchement des Belles : la voûte urgonienne du pli disparaît et, au sud de la ferme de Gontier, ce sont les affleurements hauteriviens qui dessinent la voûte, d'ailleurs très ouverte, de l'anticlinal du Nant.
De la caparace urgonienne du pli ne subsiste plus que son flanc ouest, qui culmine par un simple épaulement boisé (à Gontier) ou une petite falaise à regard est (au Rocher de Bellonière) par lequel il bute contre l'Hauterivien de sa voûte, surélevé par faille. Le pendage de cette dalle urgonienne s'accroît doucement vers le bas et elle est accidenté par les deux replats de Montchardon et du Fay qui sont déterminés par les placages de Sénonien conservés à la faveur des failles extensives longitudinales.
Coupe transversale aux plis, peu au nord d'Izeron et peu au sud de Malleval. f.F = faille du Fay ; f.mC = faille de Mont Chardon ; f.G = faille de Gontier ; f.P = faille de Presles ; ØB = chevauchement des Belles. |
En fait la faille de Gontier se subdivise en un faisceau de cassures mineures, paralléles et se connectant cartographiquement en tresse. Au nord le rejet vertical global est un affaissement de la lèvre occidentale, mais plus au sud, au delà du Rocher urgonien de Bellonnière ce rejet s'inverse. En effet, à l'épaule du Rochat où l'on atteint le bord septentrional du bassin de réception du torrent des Carmes (voir la page "Chérennes") c'est à un soulèvement de la lèvre occidentale que correspond le bilan du rejet de ces petites cassures. Ces caractériques ambigües portent à envisager que ce couloir fracturé résulte d'un cisaillement par coulissement horizontal. |
Les pentes inférieures du versant sont ici à peine incisées d'entailles transversales localisées (Le Dard, Rochers d'Alevoux etc..) et beaucoup moins profondes que les gorges du Nant. Enfin au pied du versant boisé se développe un talus à la limite duquel les couches urgoniennes s'enfoncent sous la molasse miocène : le fait quel les premières ne réapparaîssent pas au delà du côté ouest montre que l'on se trouve ici dans la bordure orientale de la cuvette tectonique du bassin molassique péri-alpin*.
Entre le pied de ce versant boisé et le lit de l'Isère la pente portant les villages est constituée par un escalier de replats : ce sont des terrasses quaternaires, entaillées dans la molasse miocène. Leur étagement correspond aux niveaux successifs d'alluvionnement et de creusement de la vallée au cours de la glaciation wurmienne. Il s'y ajoute quelques cônes de déjections qui se raccordent d'ailleurs souvent à ces terrasses.
Carte géologique très simplifiée des environs de Malleval.
redessinée sur la base de la carte géologique d'ensemble
des Alpes occidentales, du Léman à Digne, au 1/250.000°",
par M.Gidon (1977), publication n° 074
légende
des couleurs
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