Courchevel et ses vallons confluents |
Les agglomérations constituant la station de Courchevel sont bâties sur des pentes d'alpages formant des croupes séparées par un chevelu de ruisseaux. Ces derniers se rassemblent et se réunissent au torrent de la Rosière pour franchir, par une gorge de raccordement*, l'épaulement boisé qui domine le fond de la vallée du Doron de Bozel. Le bassin versant de ces ruisseaux constitue ainsi une grande dépression suspendue qui est largement enduite, en surface, d'alluvions glaciaires et fluvio-glaciaires (la plus grande partie fut abandonnée là lorsque le glacier qui descendait de la Vanoise remplissait la vallée de Bozel).
La mollesse du relief de cette dépression
s'explique par le fait que son soubassement est formé par
des roches que l'érosion a eu peu de peine à affouiller.
En effet il s'agit surtout des schistes à bancs de grès constitutifs du
Houiller briançonnais. Selon une bande N-S qui passe à
l'ouest de l'échine de Moriond ces couches sont en outre
recouvertes par une bande de cargneules triasiques, que l'on peut rattacher à la "nappe des gypses", au même titre que les gypses qui forment la Dent de Villard.
Le relief de cette zones d'alpages contraste avec celui des calcaires triasiques (et plus accessoirement jurassico-crétacés)
armant les crêtes qui ferment la dépression du côté
sud (Aiguille du Fruit et Roc Merlet) et du côté ouest (Croix de
Verdon).
La Croix de Verdon, ou Dent de Burgin, ferme du côté occidental la dépression de Courchevel en la séparant de la vallée des Allues. C'est le sommet marquant le plus septentrional du chaînon de l'Aiguille du Fruit. L'essentiel de son arête rocheuse est formé par les calcaires triasiques dont les couches sont faiblement inclinées vers l'est. Elles reposent plus au nord (Rocher de la Loze), en parfaite accordance de pendage, sur un soubassement immédiatement plus ancien dont le toit est formé de quartzites triasiques : c'est donc apparemment une simple butte témoin* bien caractérisée, qui s'allonge sur presque 2 km.
La station de Courchevel 1850 vue de l'est, depuis le sommet de la Dent de Villard. ØV = "chevauchement" de la Viselle. "hrP" = conglomérats permo-houillers ("assise de Courchevel") ; "gnS" = gneiss du Sapey ; "V" = Verrucano* (conglomérats permiens). On peut distinguer 3 ensembles d'alluvions quaternaires d'origine glaciaire : celles datant du colmatage de la vallée de Bozel au wurmien, celles "historiques" datant du petit âge glaciaire*, dont la moraine frontale est encerclée par les constructions de Courchevel 1850, enfin le glacier rocheux* (gl.r.) du fond du vallon des Verdons. Noter que les pitons de calcaires triasiques du Rocher de l'Ombre correspondent à un paquet tassé (cerné du côté amont par les éboulis colmatant sa crevasse d'arrachement), qui masque le tracé de ØV. N.B. Le versant occidental de la Croix de Verdon est décrit à la page Méribel. |
Toutefois du côté sud, sous le sommet de La Viselle, une surface peu inclinée vers le sud sectionne obliquement les niveaux permo-triasiques qui affleurent au nord de la Croix de Verdon et fait
ainsi reposer directement les calcaires triasiques sur le Permien . |
Le vallon du torrent de la Rosière draine, au sud-est de Courchevel, les hauts alpages de la Grande et de la Petite Val. Son fond suit à peu près une bande de matériel appartenant à la "nappe des gypses" que le torrent a profondément affouillée ; elle s'y trouve pincée en synclinal entre deux bombements anticlinaux dessinés par son substratum de calcaires et dolomies, qui affleure dans les pentes de part et d'autre. L'érosion y a d'ailleurs dégagé de grandes dalles structurales* (spectaculaires notamment à la montagne de la Petite Val) qui correspondent en fait souvent à la surface de charriage de la nappe elle-même (voir aussi, à ce sujet, la page "Petit Mont Blanc").
Le modelé de ces "reliefs sous-gypseux" porte à penser qu'ils ont été sculptés par une érosion antérieure au charriage puis rabotés par le passage de la nappe, telles les roches moutonnées sculptées par les glaciers. On peut envisager, au contraire, qu'ils résultent d'une déformation tectonique (principalement par plissement) postérieure à ce charriage (il semble y avoir cependant plus d'indices en faveur de la première interprétation ...). |
La montagne de la Petite Val est une lourde voûte anticlinale de calcaires et dolomies du Trias moyen, largement dénudée en dalles structurales (de la même façon que le versant occidental du Rocher de Plassa). Cette voûte est enveloppée, comme l'unité de la Portetta, par les cargneules de la partie basse de la nappe des gypses (il s'agit cependant sans doute de deux unités distinctes car leurs successions stratigraphiques sont assez différentes).
De même il ne peut y avoir de continuité structurale originelle entre l'unité de la Petite Val et celle du Roc de la Pêche - Chanrossa (Roc du Mône) car la succession des couches de cette dernière n'est pas à l'endroit mais renversée. Ceci suggère que ces unités sont en fait séparées par le prolongement, dans ce versant, de la faille occidentale de Chavière, ceci selon un tracé passant au chalet de la Petite Val (où il est masqué par une bande d'alluvions glaciaires). De fait cette localisation s'accorde avec le pendage vers l'ouest de cette faille, pour peu que celui-ci soit plus faiblement penté que la surface topographique. |
Carte géologique simplifiée des abords de Courchevel
redessinée sur la base de la carte géologique d'ensemble
des Alpes occidentales, du Léman à Digne, au 1/250.000°",
par M. Gidon (1977), publication n° 074
plus au nord ;
plus à l'ouest < cartes voisines > plus à l'est
plus au sud
Autre découpage de la même carte, par coupures moins agrandies et couvrant des secteurs plus larges
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Méribel |
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Courchevel |
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