La montagne de la Blanche et de La Rouya |
Au nord de la vallée de l'Onde (= Gérendoine d'Entre-les-Aigues) l'extrémité orientale du chaînon des bœufs Rouges - Celse Nière s'élève en formant les sommets de la Blanche et de La Rouya. Leurspentes sud-orientales en partie garnies d'alpages, s'abaissent assez régulièrement vers Puy Aillaud et la vallée du Gyr.
Ces pentes sont presque entièrement constituées par les couches nummulitiques autochtones. Elles en tapissent le versant, bien que l'érosion ait déblayé ici la majeure partie des plus hauts niveaux, à la différence de ce qui a lieu au sud de la vallée de l'Onde, où l'épaisse succession des grès du flysch du Champsaur se complète vers le haut pour former la Pointe de l'Aiglière. Ici elle a surtout conservé leurs marnes et calcaires basaux, qu'elle a d'ailleurs dénudé assez largement en dalles structurales*.
Ce sont aussi les niveaux basaux (calcaires) de ces couches, faiblement pentés vers l'est et isolés en un petit chapeau (une butte-témoin*), qui forment le sommet même de La Blanche : cette situation et leur disposition à cet endroit conduisent à imaginer sans peine que, plus au nord-ouest, ces mêmes couches ont dû originellement coiffer également d'une dalle sub-horizontale les roches cristallines, peu au dessus des crêtes actuelles de Clouzis et du Pelvoux.
f.G = faille des Grésourières ; aA = accident d'Ailefroide (dans la moitié gauche du cliché cet accident est masqué par la crête de la Blanche) ; ØG = chevauchement de l'écaille des Grangettes ; ØR = chevauchement du Pic du Rif (ces deux derniers accidents sont anté-nummulitiques). La coupe naturelle de ce versant de la montagne permet de bien visualiser l'arrondi, en demi coupole (symbole de charnière) que décrit la surface du socle cristallin (tirets jaunes), enveloppée par les couches nummulitiques, pour plonger sous la surface frontale des nappes internes (ØSB = chevauchement du sub-briançonnais) au niveau des villages de Pelvoux. |
Dans les pentes les plus élevées de la montagne l'érosion a entaillé en zig-zag, au gré des ravins, la surface de transgression* du Nummulitique, ce qui a mis en évidence le traces d'une tectonique syn-sédimentaire et de phénomènes de collapse* associés à des dispositions sédimentaires de détail liées à la présence de ces accidents. Le sommet de La Rouya est, un peu comme celui de La Blanche, coiffé par un chapeau formé par les seuls calcaires nummulitiques mais, du fait du pendage plus fort, l'érosion ne l'a pas totalement séparé des calcaires qui affleurent plus bas dans le versant.
Coupe du versant est de La Rouya (figure extraite de la thèse de A.
Lami,1988) |
Concernant la figure ci-dessus, on peut résumer l'histoire des dépôts
de la manière suivante : Par ailleurs, on observe des olistolites à l'Est de Fa ; ce sont des bancs de calcaires à discocyclines (c), qui se diluent dans les marnes en se fragmentant latéralement, et des bancs de calcaires à nummulites, lités, plus ou moins bréchiques (d); tous ont manifestement glissé pratiquement d'Ouest en Est, pour s'immobiliser là où l'affaissement provoque une nette dilatation des marnes nummulitiques. Enfin, les bancs gréseux qui marquent le début de la formation détritique terminale (Grés du Champsaur) s'avancent vers l'ouest en onlap et se disposent en éventail (crête du Chastellet): il subsiste donc encore à cette époque une paléopente, toujours ascendante vers l'Ouest. |
Plus au sud, les abrupts méridionaux de La Blanche, qui tombent sur la vallée de l'Onde dans le quartier des Grésourières, sont traversés à flanc de pente par une faille d'orientation N60, à fort pendage vers le sud.
Cette faille des Grésourières a fonctionné au cours de la sédimentation nummulitique
car elle porte, en placage, des calcaires nummulitiques qui passent,
vers le bas, à une jupe de conglomérats dont l'épaisseur
s'accroît progressivement vers le bas des pentes.
Cette faille a rejoué en décrochement post-nummulitique
car elle décale dans le sens dextre les limites des termes
de la succession nummulitique (et notamment la base du flysch
gréseux).
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Carte des affleurements du versant sud de La Blanche extrait de la thèse de A. Lami,1988 (présentation légèrement retouchée) Fg = faille des Grésourières : Fa et Fb = failles N-S de la Rouya (cf figures ci-dessus) Légende des figurés (de haut en bas de la légende)
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Ce décrochement traverse, en le décalant, la surface frontale de charriage des nappes internes car le tracé de cette dernière saute d'une rive à l'autre de la vallée du Gyr, moins de un kilomètre au sud de Saint-Antoine de Pelvoux, précisément là où devrait passer son tracé s'il n'était masqué par les alluvions quaternaires.
Du côté ouest on en suit le tracé jusqu'à Béassac (où il débouche au sommet du cône de déjections du Riou Cassou). Il doit alors longer le pied des escarpements puis traverser la vallée de l'Onde très en biais, vers 1500 m d'altitude.
Au delà, le tracé de la faille des Grésourières passe vraisemblablement sous les alluvions, jusqu'aux abords d'Entre-les-Aygues, car il n'y a pas d'indice qu'il se prolonge sur l'autre rive de la vallée en aval de ce point. Par contre on observe au sud-ouest d'Entre-les-Aygues, à l'entrée même du vallon de la Selle, une cassure qui se place bien dans son prolongement : elle détermine le ravin méridional de la Grande Côte, puis traverse en écharpe le flanc nord de la crête orientale de Malamort. La pertinence de ce raccord (qui n'est pas figuré sur la carte géologique au 1/50.000°, feuille Saint-Christophe-en-Oisans) est fortement confirmée par le changement de constitution du socle cristallin, qui est formé de granite au nord et de gneiss au sud de cette faille. De plus cette faille preque W-E semble bien sectionner la cassure presque N-S qui passe par la brèche de l'Amirée Bruyère (à l'ouest du point 2908 de la crête orientale de Malamort). Ceci suggère que cette dernière pourrait représenter le prolongement méridional de l'accident d'Ailefoide, interrompu par le décrochement au débouché sud du ravin du Rascrouset et décalé dans le sens dextre de la caleur correspondant au rejet de la faille des Grésourières : cette hypothèse est effectivement confirmée par l'étude du secteur des sources du Drac Blanc (voir la page "Rouite").
Plus à l'ouest cet accident des Grésourières se poursuit jusqu'à la brèche des Bruyères (entre Pic de Bonvoisin et Pic de Malamort) et se prolonge au delà par la faille de Chabournéou (voir la page "Jocelme"). Or cette cassure qui limite du côté nord le bloc cristallin du Sirac, a comme celle des Grésourières, un rejet dextre : celui-ci est en effet attesté par le fait qu'elle joue, vis à vis de ce bloc, le rôle d'une rampe latérale* permettant l'avancée de ce bloc sur le contenu sédimentaire du synclinal de Morges. En définitive la faille des Grésourières s'avère donc n'être sans doute pas un détail purement local mais correspondre à un élément majeur de la déformation alpine post-nummulitique de la marge Sud-est du massif du Pelvoux.
Voir l'aperçu général sur la bordure orientale du Massif du Pelvoux
carte géologique au 1/50.000° à consulter : feuilles Saint-Christophe en Oisans et Briançon
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Bœufs Rouges |
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Blanche - Rouya |
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