Mont Blanc ouest, Miage, Tré-la-Tête |
Alors que, du côté nord-occidental (versant de Chamonix, drainé par l'Arve) le Mont Blanc ne montre guère son substratum rocheux profond, trop peu incisé par les talwegs de ses glaciers, par contre du côté SW (versant de Saint-Gervais et des Contamines, drainé par le Bon Nant) la montagne est entaillée par de profonds vallons, libérés de leur ancienne occupation par les glaciers, dont les versants mettent assez profondément à nu son ossature rocheuse.
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Celle-ci est constituée par des gneiss, plus ou moins micaschisteux ou au contraire migmatisés, dont la foliation pend fortement vers l'intérieur du massif et à peu près parallèlement à ses limites, c'est-à-dire vers le SE. Ils sont débités en grandes tranches d'orientation NE-SW par des bandes plus ou moins épaisses de mylonites qui pendent vers le SE de façon sensiblement parallèle. Le Mont Blanc lui même est situé à la limite orientale de cet ensemble, là où ces roches font place vers le NE à l'énorme noyau ("pluton") granitique qui affleure dans toute la partie plus septentrionale du massif et dont la limite est orientée très différemment puique elle est NW-SE.
Dans l'ensemble ce secteur est affecté d'un enfoncement général du massif cristallin vers le sud-ouest, de sorte que la surface topographique de la rive droite de la vallée du Bon Nant (page "Montjoie") atteint et recoupe la surface de la pénéplaine anté-triasique aux extrémités des crêtes méridionales qui descendent du "toit de l'Europe" (c'est son respect par l'érosion qui signe en fait la terminaison de ce massif cristallin vers le SW). Dans les hautes pentes cette surface y plonge d'abord avec une pente modérée, ce qui la mène à passer peu au dessus du sommet du Mont Blanc (voir la page "Lacs Jovet"), mais son inclinaison s'accroît jusque au renversement dans les pentes inférieures de la rive droite de la vallée. A la faveur de la présence de ces témoins on voit que, globalement la surface du socle a été déformée pour dessiner la voûte d'un gros anticlinal.
Le sommet du Mont-Blanc lui-même correspond non seulement au point culminant topographique du massif (et des Alpes) mais sans doute également, à peu de chose près, au sommet de la culmination de la voûte anticlinale que dessinait (avant qu'elle soit décapée par l'érosion) la surface de la pénéplaine anté-triasique (pour plus d'explications voir la page "massif du Mont Blanc").
D'autre part c'est à quelques dizaines de mètres sous le sommet, en versant nord, que passe (masquée sous la neige) la surface du toît du pluton granitique qui forme toute le reste du coeur du massif plus au nord : le soubassement rocheux du sommet du Mont-Blanc lui-même est donc vraisemblablement formé de gneiss.
Cette voûte du pluton plonge très vite vers l'ouest, de plus en plus rapidement vers le bas, jusqu'à devenir presque verticale. C'est pourquoi tous les abrupts de la face ouest et la crête du Mont Brouillard sont formés de gneiss, alors que tous les abrupts orientaux (et la crête de Peuterey) sont taillés dans le granite.
Cette structure est sans rapports avec les déformations tectoniques subie ensuite par le massif : ces dernières consistent en un bombement antiforme d'axe NE-SW et une fracturation de même direction, c'est-à-dire obliques d'environ 50° à cette limite du pluton. Cette disposition est d'ailleurs tout-à-fait cohérente avec celle des autres bandes structurales hercyniennes des autres massifs cristallins septentrionaux. |
L'extrémité méridionale du massif est entaillée par deux vallons majeurs, celui de Miage, ouvert vers le NW, et celui de Tré La Tête, ouvert vers le SW. Ils sont séparés par la crête, fortement ramifiée vers l'ouest, des Dômes de Miage, dont les pentes les plus occidentales sont tranchées par la vallée N-S du Bon Nant : son tracé est guidé par la grande faille des Contamines qui représente finalement la limite structurale du massif du Mont Blanc.
Les crêtes de ces deux grands vallons sont tranchées en oblique par un système de cassures et de bandes mylonitisées qui ont toutes un fort pendage vers le SE, souvent plutôt proche de la verticale. Elles débitent le socle cristallin en blocs à voûte arrondie anticlinalement, entre lesquels s'intercale un peu de couverture, rarement plus que des couches triasiques, plaquée surtout sur leur flanc oriental, comme si les termes plus élevés de la couverture n'avaient pas été affectés. Finalement les caractères de leur disposition n'évoquent guère des imbrications mais plutôt des cassures extensives ("faille normales") à lèvre occidentale abaissée, postérieurement basculées vers l'ouest lors des serrages. Il est d'autre part frappant qu'elles ne dirigent aucunement les lignes de relief, sauf très localement au voisinage de leur voûte (comme aux abords du village de La Gorge)
La faille des Lanchettes est la seule qui fasse exception à ce caractère : en effet elle a certainement déterminé le long bassin supérieur du glacier de Tré La Tête, comme l'indique la présence de houiller pincé au point le plus haut de ce dernier, le Col Infranchissable. Cette cassure doit se prolonger en fait longuement vers le NE car tout porte à lui attribuer l'origine du long couloir que suit le glacier de Bionnassay et du col de ce nom. Puis il apparaît vraisemblable qu'elle détermine le cours supérieur du glacier de Taconnaz, pour passer entre Aiguille et Dôme du Goûter et finalement se brancher sur la faille de l’Angle au Gros Béchar (peut-être est elle sectionnée par cette dernière qui semble nettement plus récente, puisqu'aux lacs Jovet elle apparaît comme post-triasique).
La vallée aval du glacier de Tré La Tête, vue de la bosse 2013 à l'est du refuge-Hôtel. f.L = faille des Lanchettes. |
Vers le SE la faille des Lanchettes traverse la crête entre Aiguille des Glaciers et Mont Tondu, à l'Aiguille des Lanchettes où elle sépare le sommet 3075 de son antécime orientale cotée 3043. Elle est figurée de façon erronée par la carte géologique, qui y figure une lame de grès du Trias inférieur. En fait il s'agit de Houiller, comme M. Petetin l'a récemment vérifié et analysé en détail.
La crête entre Aiguille des Glaciers et Mont Tondu, vue du NE, depuis la rive septentrionale du glacier de Tré La Tête (abords du refuge des Conscrits) (cliché original obligeamment communiqué par M. M. Petetin). f.L = faille des Lanchettes ; f.C = faille secondaire, conjuguée. ; s0 = foliation* des gneiss. |
Le fait qu'un affleurement de houiller y soit "piégé" sur la crête résulte de l'abaissement de ces couches par le jeu d'une faille à rejet antithétique*, leur combinaison aboutissant à l'ébauche d'un graben qui a dû être rétréci par pincement lors des serrages alpins. Quoi qu'il en soit il s'agit là d'un accident distensif et non d'une imbrication compressive.
La crête entre Mont Tondu et Aiguille des Glaciers, vue du sud, depuis le versant occidental du vallon des Lanchettes ("La Grande Écaille") (cliché original et données géologiques obligeamment communiqués par M. M. Petetin). f.L = faille des Lanchettes ; f.C = faille secondaire, conjuguée*. |
Sur le versant méridional de cette crête le tracé de la cassure principale semble se poursuivre au sein des gneiss par une bande de matériel sans doute broyé, jusque assez bas en rive orientale du vallon des Lanchettes ; cette dernière y jouxte un affleurement de brèches sédimentaires dont le faciès évoque celles du Houiller mais qui sont plus vraisemblablement d'âge jurassique (information communiquée par M. Petetin).
Au delà, en rive ouest du vallon des Lanchettes, elle affecte probablement l'arête sud du Mont Tondu en y déterminant un petit col au nord du piton de La Grande Écaille. C'est là que son tracé se termine, sans doute en vertu du fait qu'elle y semble cachetée par la transgression directe des couches jurassiques sur le socle cristallin.
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