Montagne de Hongrie, Châteaufort |
La montagne de Hongrie, isolée en marge de la vallée de la Durance au SE de Vaumeilh, attire l'attention par sa forme conique qui lui confère une allure de volcan. En fait c'est un bombement anticlinal accentué, dont l'érosion a décapé l'enveloppe de Terres Noires et a dénudé au sommet de la crête les calcaires du Lias, plus résistants. En effet dans son versant sud-ouest les couches ont, depuis les calcaires carixiens du sommet jusqu'au Bajocien qui ceinture le pied de pente, un pendage plus fort que la pente topographique. En outre elles y dessinent une voûte hémicirculaire à convexité orientée le sud-ouest, de sorte qu'elles s'ennoient finalement sous les Terres Noires des douces pentes de Valernes.
Mais cette voûte n'est en réalité qu'une déformation secondaire qui correspond à la torsion du flanc ouest d'un pli, l'anticlinal de Hongrie, dont l'axe suit en fait la crête de la montagne du SE vers le NW, pour finir par plonger dans cette direction sous les Terres Noires du Collet de Saint-Pierre.
Par ailleurs la charnière de ce pli est dissymétrique car son flanc oriental tombe plus brutalement que l'occidental. Cette dissymétrie est accentuée par le fait que, au SE de l'aplomb du sommet, le versant oriental de la crête est rompu à mi-hauteur des escarpements boisés de ce versant par une faille parallèle à l'axe du pli : on peut l'appeler faille de Châteaufort car son tracé se poursuit vers le sud-est en passant par cette localité. Son rejet presque nul au nord du sommet s'accroît rapidement vers le sud : à l'est du pylône EDF coté 953 sur la crête elle abaisse sa lèvre orientale jusqu'à faire buter les Terres Noires de la dépression synclinoriale* de Nibles contre les couches triasiques du pied de la succession formant sa lèvre occidentale.
La crête méridionale de la montagne, qui s'abaisse jusqu'à la vallée du Sasse, est donc constituée par le seul flanc sud-oriental du pli qui se tord progressivement dans le sens anti-horaire, de sorte que ses couches abordent le lit du Sasse avec un azimut W-E et que ce dernier le sectionne en biseau aigu. Plus en amont, aux abords de Châteaufort l'abaissement de la crête fait réapparaître passagèrement les deux flancs du pli.
La route D.551, qui remonte la vallée en suivant rive droite du Sasse, contourne l'éperon des calcaires carixiens verticaux du flanc sud pour traverser, au pontet 574, le vallonnement des couches triasiques jalonnant la faille. Immédiatement en amont de ce point le Sasse traverse en gorge la barre rocheuse à l'extrémité orientale de laquelle s'appuie (sur l'autre rive) le village de Châteaufort. Elle est constituée par la succession des couches du Lias puis du Dogger du flanc nord de l'anticlinal de Hongrie, laquelle se poursuit en continuité stratigraphique par les Terres Noires du flanc sud du synclinal de Nibles (elles affleurent dès le débouché nord de la gorge). La faille de Châteaufort, orientée ici W-E, passe au sud du village, en suivant le cours tout-à-fait inférieur du Ruisseau de Pene et les couches calcaires de la barre du flanc nord de l'anticlinal se biseautent rapidement d'ouest en est contre elle : cela ne laisse affleurer plus à l'est, au pied de la crête du Rocher Saint-Laurent, que les Terres Noires de cette lèvre septentrionale de la faille. |
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Au sud de Châteaufort (et donc de la faille de Châteaufort) le flanc sud de l'anticlinal forme d'abord la butte de Giraudon puis, à l'est du vallon des Jaumes, la crête du Rocher Saint-Laurent. Cette dernière est formée par une barre de Lias orientée presque NW-SE dont le haut de la série se trouve du côté sud-est et qui se renverse dans ce sens. On y observe très clairement un système de faille extensives ("normales") cachetées par le Bajocien (les surfaces de cassures sont horizontales, car elles ont été basculées avec les couches).
Au NE du Rocher Saint-Laurent c'est une cassure secondaire presque N-S qui coupe en biseau la barre du Lias-Dogger du flanc sud de l'anticlinal de Hongrie et fait que ce sont les Terres Noires s'appuient directement contre la lame de terrains triasiques qui jalonne la faille de Châteaufort (voir la page "Nibles") . |
Carte structurale schématique des environs du cours inférieur du Sasse et notamment des confins de Nibles et de Valavoire. |
Si l'on considère globalement et dans son contexte environnant la structure des environs de Châteaufort on voit que les terrains du Lias et du Jurassique moyen affleurent selon un pli anticlinal de Hongrie qui présente deux caractéristiques principales :
- Il est fracturé sur presque toute sa longueur par la faille de Châteaufort. Or celle-ci se place à son extrémité NE dans le prolongement d'une grande cassure la faille de Vermeil qui correspond plus au nord à la limite occidentale de l'écaille de Valavoire. Dans ce secteur les flancs du pli sont supprimées par biseautage au flanc d'une montée de matériel triasique et houiller que l'on peut appeler le diapir des Moulières. En s'en éloignant vers le SW les flancs du pli sont de mieux en mieux conservés et sa charnière pratiquement conservée sans rupture au nord des Rocher de Hongrie là où la voûte du pli plonge pour s'effacer sous les Terres Noires.
- ce pli et la faille qui en rompt la voûte décrivent une forte incurvation dont le sens suggère une torsion sénestre (compartiment oriental décalé vers le nord). Ceci rapproché du fait que dans sa partie orientale les flancs du pli sont de plus en plus biseautés semble pouvoir correspondre à un étirement de sa partie orientale par le jeu d'un cisaillement de sens sénestre (c'est-à-dire que le compartiment occidental, qui porte la localité de Nibles se serait déplacé relativement vers le S).
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Sigoyer |
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