Risoul, vallée inférieure du Chagne |
Le vieux village et la station de ski de "Risoul 1850" sont implantés sur les pentes de rive gauche de Durance, à l'ouest de la vallée du Chagne. Ces pentes sont en très large part formées par les schistes argileux de l'unité de Serenne (la plus basse des nappe de flysch de l'Embrunais), ce qui leur confère un relief particulièrement mamelonné et sujet aux glissements de terrain.
image sensible au survol et au clic |
Il est à noter que le front briançonnais est recoupé en biseau, dans les pentes de Risoul, par la faille de la Durance : c'est ce qui est représenté sur la coupe ci-après ainsi que sur la carte en fin de la présente page. Le matériel briançonnais se termine vers le sud, "en sifflet", aux environs de Risoul 1850 (secteur au delà duquel n'affleurent plus que des flyschs de l'Embrunais). Il faut franchir les montagnes de flyschs de l'Embrunais, entre Durance et Ubaye et atteindre le revers sud du col de Vars (voir la page "Saint-Paul"), pour retrouver un accident similaire, l'accident de Saint-Ours, qui détermine sensiblement le tracé de la vallée de Larche (voir la page "Larche"). |
Coupe en rive gauche de la Durance, en aval du confluent du Guil (par Cl. Kerckhove, 2002). f.BR = "front briançonnais" ; f.D = faille de la Durance ; n.RC = nappe de Roche Charnière ; n.Cp = nappe de Champcella. Nfg = flysch éocène gréseux ; NOl = flysch éocène olistolitique (formation de Saint-Clément) Le synclinal de Meyronnes (s.M) est représenté, à l'extrême gauche de la coupe, par le pli de Saint-Clément. |
Le torrent du Chagne coule dans son ensemble selon un tracé presque parallèle à la limite entre le domaine des nappes du flysch de l'Embrunais (à l'ouest) et celui du briançonnais (à l'est) mais à l'est celle ci. Ce tracé est un peu paradoxal car il le conduit a s'encaisser en gorges dans le matériel carbonaté du domaine briançonnais, plus résistant que celui des flysch de l'Embrunais, en isolant une crête parallèle des Rochers du Sapet et des Estinettes. La route D 902, qui mène de Guillestre au col de Vars, rentre elle aussi dans le domaine des nappes briançonnaises en amont du hameau de Peyre Haute, puis s'élève par quelques lacets sur l'échine de rive droite du torrent jusqu'au replat de La Magdeleine.
Le tracé de cette route met à nu, aux abords amont du hameau de Peyre Haute, de bons affleurements qui montrent le repos direct des marbres de Guillestre du Malm sur les dolomies noriennes bien litées de la nappe de Peyre Haute. À cet endroit, depuis la table d'orientation de Peyre Haute on a en outre une vue excellente, vers le nord, sur la vallée de la Durance et le débouché aval des gorges du Guil. |
L'existence de ce replat de La Magdeleine est due au fort changement de nature des roches qui s'y produit, du fait que l'on y franchit la surface de chevauchement de la nappe de Peyre Haute. En effet c'est à ce niveau du cours du Chagne que le torrent décrit un tracé en baïonnette pour traverser presque transversalement la succession totale des couches de cette nappe.
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En amont de la Magdeleine, et ce jusqu'à Vars, la route s'inscrit en effet dans des marbres en plaquettes qui représentent les termes supérieurs de l'unité sous-jacente, la nappe du Châtelet qui forme les basses pentes de la Crête de Vars. Le lit du Chagne s'inscrit aussi dans cette formation (dont la présence, au nord de Vars Sainte-Marie a dû guider son tracé), mais il la traverse en biais, ce qui l'amène à recouper la surface de contact entre ces deux nappes au niveau du Rocher du Sapet : les calcaires de base de la nappe de Peyre Haute s'élèvent alors là en rive droite pour former d'abord l'éperon rocheux du Pégier avant d'armer le replat de la Magdeleine.
L'alignement nord-sud d'échines du Sapet et des Estinettes, qui est constitué par les couches sommitales de la succession de la nappe de Peyre
Haute, sépare le lit du Chagne du pied des pentes de la Mayt et de la Pointe de Razis. Ces échines et leurs abrupts
qui tombent sur le Chagne s'effacent vers le sud, aux abords de Rebrun. Cela résulte de ce que la dalle
calcaire de la nappe de Peyre Haute s'y termine en s'effilant en biseau, de sorte qu'il n'y a
plus place que pour les flyschs schisteux de l'Embrunais dans les pentes
qui regardent vers le village de Sainte-Marie de Vars.
Coupe transversale à la vallée du Chagne, en aval de Vars (orientation orthogonale à celle du cliché ci-dessus) |
A propos de cette terminaison par effilement du matériel de la nappe de Peyre Haute, il est remarquable que si l'on joint sur la carte les différents
points au sud desquels il n'y a plus d'affleurements rattachables à la nappe
de Peyre Haute (Rebrun, Pointe de Pastourlet, Pic des Houerts)
on obtient un alignement W-NW - E-SE. On peut se demander si
ce tracé, qui se révèle avoir, à Rebrun,
une origine tectonique, ne correspond pas à un biseautage originel correspondant au front de
charriage de la nappe de Peyre Haute. |
image sensible au survol et au clic |
À la latitude de cette transversale de la vallée du Chagne les pentes qui s'élèvent vers la crête de Razis sont constituées en prédominance par des schistes noirs "du col de Vars" qui reposent sur le matériel briançonnais par l'intermédiaire d'une bande de schistes de Serenne. On peut se demander si ce contact ne prolongerait pas vers le nord la faille du Paneyron en la connectant avec la terminaison méridionale du front briançonnais que l'on perd à la station de Risoul 1850. Ce tracé, qui prolonge celui observable à la traversée du Chagne juste sous la station des Claux, semble en effet plus satisfaisant que celui adopté sur la carte Embrun, qui s'incurve brutalement pour remonter selon la ligne de plus grande pente à gauche du hameau de Peyrol : c'est cette interprétation qui a été adoptée dans la figure ci-dessus (l'interprétation alternative serait de rattacher les couches de la crête de Razis à l'unité du Pic Crévoux). |
aperçu d'ensemble sur le massif d'Escreins
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Saint-Clément |
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