Lac de La Vogealle |
Le lac de La Vogealle est logé au creux d'une ébauche de cirque suspendu que ferment au nord la muraille des Dents Blanches (voir la page "Dents Blanches") et au SW les abrupts de la Pointe Rousse des Chambres (voir la page " Chambres"). Il est situé très haut au dessus du cours amont terminal du lit du Giffre (Bout du Monde), dont il est séparé par les escarpements inférieurs du large versant méridional du Mont Sageroux (voir la page "Sageroux"). Le refuge de La Vogealle se situe peu en aval du lac au dessus de ces barres rocheuses que franchit en gorge le raide ravin de La Vogealle.
Le relief de ce cirque dénote certainement un creusement essentiellement glaciaire mais sa localisation a d'autre part une origine structurale : en effet le lac de La Vogealle est clairement installé sur le tracé d'une cassure verticale, le décrochement de la Vogealle, qui est visible en amont (à la Golette de L'Oule) et en aval (aux abords du refuge de la Vogealle), mais masqué là sous les éboulis. On observe que le lac s'allonge d'ailleurs selon la direction du tracé supposé de celui-ci.
L'affouillement glaciaire qui a creusé ce cirque a sans doute atteint le Tithonique, qui n'y est pas visible mais affleure pourtant peu en aval du déversoir puis largement au niveau du refuge de La Vogealle. Quoi qu'il en soit, comme pour beaucoup de lacs en pays riches en niveaux calcaires, le niveau de celui de La Vogealle baisse considérablement pendant la saison estivale, certainement du fait de fuites de son fond, que le colmatage en éboulis plutôt argileux ne suffit pas à contenir.
Ce cirque du lac de La Vogealle entaille d'abord le flanc nord de l'ample anticlinal de la Rointe Rousse, puis le large synclinal de la Combe aux Puaires et il se ferme au nord avec la retombée du flanc oriental de l'anticlinal du Tuet (voir la page "Chambres") : la succession des couches d'âge crétacé affectées par ces plis est largement exposée du côté ouest où elle forme notamment les abrupts de la Pointe Rousse, qui dominent le lac.
Le sommet de l'abrupt qui limite le cirque du Lac de La Vogealle du côté ouest constitue une crête qui court depuis la Corne au Taureau jusqu'au col des Chambres en passant par la Pointe Rousse. Elle est très dissymétrique car de l'autre côté se développe le versant montagneux, plutôt doucement incliné vers le SW, d'Oddaz et des Chambres (voir la page "Chambres").
L'orientation presque N-S (c'est-à-dire orthogonale aux structures) et l'importance de cet abrupt, qui se prolonge presque jusqu'au lit du Giffre par les Pointes de Bellegarde et de Sambuet sont deux caractères tout-à-fait étranges par rapport à la dispostion générale du relief du massif. Il est tentant d'envisager qu'ils aient été induits par le jeu la faille de décrochement de la Vogealle. L'importance de cette dernièreest soulignée d'ailleurs parle fait que son tracé semble se prolonger en versant nord de la crête des Dents Blanches par le décrochement de La Golette de l'Oule, en franchissant la crête 400 m à l'est de la Corne au Taureau (voir la page "Dents Blanches").
Du côté est du vallonnement de La Vogealle l'on observe pas d'abrupts symétriques de ceux du versant occidental et les couches sont au contraire plutôt dégagées en dalles inclinées vers le fond du cirque. Cette dissymétrie résulte très simplement du fait que tous les plis que tranche le vallon ont des axes inclinés vers l'ouest. Sinon ce versant oriental du vallon a une structure similaire à celle du versant occidental, qu'elle prolonge simplement au prix du surélèvement progressif de son axe.
Ce versant de la montagne, qui culmine avec la crête menant de la Dent de Barme au Mont Sageroux, doit sa silhouette lourde et ses pentes molles qui tombent sur le haut du ravin de la Vogealle au fait que celles-ci sont ouvertes dans les terrains marneux du Valanginien et de l'Hauterivien du cœur du large synclinal de la Combe aux Puaires : elles y restent longtemps du fait que l'axe de ce pli monte vers l'est. Outre leur constitution, la pente des couches, dirigée vers le fond de vallon, est à l'origine des multiples glissements de versant et éboulements connexes qui les affectent.
Le revers suisse de la crête de cette montagne est profondément entaillé par la tête du ravin de Suzanfe, ce qui en donne une vue presque orthogonale aux structures. On est frappé par le contraste entre l'ampleur du synclinal de la Combe aux Puaires et l'étroitesse de l'anticlinal du Tuet, dont les deux flancs sont plaqués l'un contre l'autre.
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Chambres |
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