Tête de la Sallaz, Romme, Nancy sur Cluses |
En aval de Sallanches, entre Magland et Cluses, les localités de Chessin, Romme et Nancy-sur-Cluses jalonnent les pentes de rive gauche de l'Arve dans la traversée en cluse, par cette rivière, de l'extrémité septentrionale du chaînon des Aravis.
En fait la vallée coupe ce chaînon en oblique (donc plus longuement que si elle coupait orthogonalement) puis sectionne, également en oblique le flanc oriental du synclinal de Serraval (voir le schéma cartographique en fin de page).
C'est dans ce pli majeur qu'est ouvert, plus à l'ouest, le grand val* du Reposoir, creusé dans les couches nummulitiques du coeur du synclinal, après que l'érosion ait au préalable déblayé les témoins de la nappe des Préalpes médianes qui l'encombrent encore, plus au sud, sur les crêtes de l'Almet et de la Colombière (page "Almet"). |
Dans ce secteur, le synclinal de Serraval, qui est orienté N45, vient à la rencontre de l'anticlinal du Bargy, orienté N70, et en traverse la voûte en biais aux abords de Nancy-sur-Cluses. C'est cette circonstance qui détermine la position du village de Romme, sur un col d'alpages qui correspond aux affleurements de flysch nummulitique du cœur du synclinal de Serraval.
En fait on apprécie mal les effets de la rencontre de ces deux plis car la répartition des affleurements est surtout dominée aux abords de cette localité par le jeu de plusieurs cassures, certaines longitudinales d'autres transversales au pli. À la première catégorie appartiennent les prolongements de la faille de la Colombière et des Bécus, cf page "Bargy", qui correspondent respectivement à celles de Romme et de Nançy). Quoi qu'il en soit, entre Nançy et la Montagne de Chevran, la cluse de la vallée de l'Arve crève beaucoup plus profondément la voûte anticlinale urgonienne du Bargy (dont l'Hauterivien est largement mis à nu) que ne le font, plus au SW, les gorges du Doron du Reposoir (où l'Hauterivien ne perce qu'à peine). |
Au sud-est de Romme, les pentes qui s'élèvent, depuis ce village, en direction des chalets de Vormy, appartiennent au flanc sud-oriental du synclinal de Serraval. Vers le haut il dessine une ondulation anticlinale qui culmine à la Tête de la Sallaz : cette dernière représente sans doute le prolongement septentrional, atténué, de l'anticlinal du Mont Durand (voir la page "La Clusaz") ; elle est suivie par une large ondulation synclinale qui correspond, sur l'autre rive de l'Arve, à la cuvette des Carroz.
À la voûte de ce pli la carapace des calcaires nummulitiques a été dénudée par l'érosion en une bosse arrondie ceinturée d'un talus où affleure le Sénonien. Cette échine est d'ailleurs traversée par des failles mineures diverses, notamment par la faille extensive N-S de la butte des Lays, bien visible dans les falaises qui tombent sur la vallée de l'Arve et dont l'orientation est proche de celle de cette vallée.
Une cassure plus importante traverse horizontalement, vers 1500 m, au sud de Romme, la partie la plus raide des pentes, en faisant affleurer l'Urgonien dans le haut. Cette faille du Rocher Blanc est une cassure extensive, orientée NE-SW, qui bute vers le bas (dans les pentes tombant sur la vallée de l'Arve) contre la surface du chevauchement de Magland. Ce dernier doit la trancher et sans doute se poursuivre plus au nord en s'amortissant par le jeu de glissements couches sur couches dans le Sénonien et le Nummulitique : il s'agit donc sans doute du tronçon supérieur de la faille verticale de Magland, transporté par le chevauchement de Magland (voir la page "Les Carroz"). L'analogie est flagrante entre ce dispositif et celui qui règle, plus au sud-est, les rapports entre la faille de la Grangeat et le chevauchement d'Areu : dans les deux cas il s'agit d'une cassure anté-nummulitique qui été sectionnée et transportée par le cisaillement tangentiel post-nummulitique.
Détails de la terminaison du chaînon des Aravis, en rive gauche de l'Arve vue de l'est, depuis Les Carroz (sommet du Mont Favy). ØM (en rouge) = chevauchement de Magland ; f.R (en bleu) = faille supérieure du Rocher Blanc(= tronçon supérieur de la faille de Maglan, transporté par le chevauchement de Magland) ;ØB (en rose) = chevauchement de Balme. Pour comparaison et pour plus de détails sur l'interprétation des accidents indiqués ici, se reporter à la page "Carroz - Arâches". |
Le versant de rive gauche de la vallée de l'Arve est interprété ci-dessus selon un schéma qui résulte des travaux de J.L. PAIRIS et qui est à peu de chose près celui adopté par la carte Cluses (voir ci-après). Il est basé sur l'observation du fait que l'on rencontre sur les deux rives des failles sub-verticales, d'âge reconnu comme anté ou syn-Nummulitique, qui sont recoupées et transportées, du SE vers le NW, par des chevauchements à surfaces de transport presque horizontales. Cela aboutit évidemment à un entrecroisement assez complexe des accidents affectant ce versant (dont une partie non négligeable n'est pas observable clairement en raison du couvert ébouleux et végétal).
Il faut noter aussi qu'en dépit de l'orthogonalité de la vallée par rapport aux lignes structurales il n'existe pas une véritable symétrie, de l'une à l'autre rive de l'Arve, entre les structures qui y sont observables (elles ne sont pas la copie dans un miroir l'une de l'autre). Ceci est une conséquence de l'inclinaison générale des couches, qui pendent avec une inclinaison de près de 20° depuis la rive gauche en direction de la rive droite (600 m pour 2 km = 30% ) et des plongements axiaux qui en découlent. Cette pente a pour effet que la partie inférieure du dispositif structural, qui est visible dans les pentes inférieures de la rive gauche, est par contre cachée en profondeur, en rive droite, sous les éboulis et alluvions fluviatiles. Dans les basses pentes de la rive gauche l'importance des placages morainiques masque d'autre part assez largement les affleurements de leur substratum : tout ceci laisse finalement subsister pas mal d'incertitudes quant aux raccords entre les structures visibles sur les deux rives opposées. |
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Les accidents, de différents
types, sont rangés ci-après dans l'ordre d'ancienneté
décroissante de leur formation : version plus grande (nouvelle fenêtre) |
Carte structurale schématique de la Cluse de l'Arve, montrant les rapports entre le massif de Platé
et la chaîne
des Aravis.
On notera
que ce schéma ne comporte aucun accident tectonique (faille
ou ensellement transversal aux plis) qui aurait été susceptible de diriger l'entaille fluviatile de la cluse de l'Arve. En effet on met fort bien
en corrélation les structures d'une rive à l'autre
et, de plus, la continuité entre les deux rives est absolue immédiatement en amont de Cluses.
(il est à signaler que l'interprétation adoptée sur ce schéma est
un peu différente de celle de la carte géologique au 1/50.000°
feuille Cluses, notamment en ce qui concerne le tracé des
accidents chevauchants et des tronçons de cassures masqués).
Colombière | Bargy | (Cluses) |
Almet | LOCALITÉS VOISINES | (Arâches) |
Annes | Pointe d'Areu | Sallanches |
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