Dépression de La Thuile, Pic de La Sauge |
La dépression de La Thuile est une combe monoclinale creusée dans les terrains très marneux des marnes de Narbonne et du Berriasien, aux abords orientaux de l'axe du grand synclinal des Aillons. Elle est dominée du côté nord par les reliefs les plus méridionaux du chaînon du Colombier et de la pointe de la Galoppaz, qui sont constitués par les formations, dans l'ensemble plus calcaires, du cœur du synclinal.
Cette combe affecte, en carte, la forme d'un
U ouvert vers le nord (dans la boucle duquel se trouve le Pic
de la Sauge, 1612 m), car elle correspond au secteur
où convergent vers le sud les combes des deux flancs du pli, c'est-à-dire
celle de Puygros et celle du Lindar. C'est-à-dire qu'il s'ébauche là un val perché qui se poursuivrait vers le nord si l'érosion y avait enlevé les couches formant le chaînon de La Sauge et de La Galoppaz.
Le lac de La Thuile y est retenu dans les bancs très marneux
du Berriasien inférieur, derrière le barrage de
bancs plus durs du Berriasien supérieur, qui forment au nord du village une
ligne de collines intermédiaires qui le sépare du cours de la Ternèze, ouvert dans les marnes de Narbonne.
Carte géologique simplifiée des environs de La Thuile Cette carte, inédite, est basée sur les observations de l'auteur de ce site. Elle ne cherche pas à rendre compte de tous les aspects ordinairement abordés sur une carte géologique et ne figure notamment pas le quaternaire de façon exhaustive. f.Ch = faille des Chavonettes ; s.A = synclinal des Aillons ; f.C = faille du Céty et faille du Crouzat ; s.M = synclinal de Marocaz - Roc de Manette. noter la disparition latérale, d'ouest en est, de la barre des calcaires du Fontanil.
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Cette disposition est due à ce que l'axe du synclinal des Aillons se relève vers le sud, de sorte que les différents niveaux stratigraphiques qu'il affecte sont à tour de rôle sectionnés au niveau de sa charnière entre le Pic de la Sauge et les pentes sud-orientales de la Roche du Guet (qui correspond, quant à elle, à l'extrémité méridionale des affleurements de Tithonique du synclinal, au bord de l'entaille de la combe de Savoie).
L'analyse plus détaillée de la
structure de ce secteur y révèle en fait quelques
complications supplémentaires :
Coupe d'ensemble du secteur de La Thuile Ce dessin exprime l'interprétation publiée en 1999, qui admet que la faille du Céty (F.C.) se raccorde avec celle du Crousat (= de la Crousaz) par un tronçon où elle est fortement rabattue vers l'horizontale, comme on le voit sur le cliché suivant. De fait aucune autre faille, au niveau du Tithonique, n'a le sens ni l'ampleur de rejet voulus pour prolonger celle du Céty. |
Détail de la structure de la dépression de La Thuile, vue du sud, d'avion, depuis l'aplomb de Montmélian. Cette photo est prise presque dans l'axe du synclinal des Aillons (s.A), qui plonge vers l'arrière-plan. De ce fait elle en donne une bonne coupe, qui montre que le flanc oriental de ce pli est affecté par une charnière synclinale couchée que l'on peut appeler "synclinal de Marocaz" (s.M). On a indiqué le tracé de la faille du Céty (F.C.) : la torsion de cet accident, dans les niveaux inférieurs à l'Urgonien, apparaît clairement sous cet angle ; la cassure se poursuit vers le sud-est par la faille du ravin de la Crousaz, qui détermine le ravin descendant du col de Marocaz, au delà de la marge droite du cliché (F.C.). (vue complémentaire vers la droite à la page Saint-Pierre d'Albigny) Se reporter égalementà la carte géologique ci-dessus |
- 1 . La faille du Mont Céty
affecte, comme plus au nord, le flanc
ouest du synclinal. Elle passe en contrebas ouest du Pic de la
Sauge, où elle surélève, à Entrenants,
les marnes de Narbonne du compartiment occidental de la cassure
jusqu'au contact de l'Urgonien.
Le prolongement méridional de cette faille révèle
une curieuse disposition : en effet en débouchant dans
la combe des marnes de Narbonne, elle incurve son tracé
vers l'est et acquiert un pendage passagèrement presque parallèle à
celui des couches. Elle se connecte ainsi, à l'est de la
Thuile, dans les pentes qui tombent du col de Marocaz sur Cruet, avec une faille verticale qui
y détermine le ravin de la Crousaz.
Ceci indique que, depuis sa formation au Nummulitique, cette faille
a été tordue en baïonnette par un mouvement
de cisaillement qui a déplacé vers
l'ouest la partie haute de la pile de couches (ceci sans doute par le jeu de glissements couches sur couches). Ensuite le tracé de la portion de faille ainsi
rabattue vers l'ouest a subi une torsion supplémentaire, synforme, lors de la
formation du synclinal des Aillons. Il s'agit donc d'un splendide exemple de faille extensive ancienne déformée par le plissement.
- 2 . Le synclinal des Aillons comporte
d'autre part deux charnières distinctes :
- celle du synclinal des Aillons proprement dit,
très ouverte* et à plan axial* presque vertical,
qui est affectée au niveau du Tithonique de replis et cassures
bien visibles sur la façade sud et est
du rebord subalpin ;
- une charnière synclinale presque couchée (à tout le moins très déversée) que l'on peut
appeler synclinal de Marocaz.
Il est vraisemblable que le premier de ces plis a basculé
le second, lequel ne devait
pas être aussi couché, lors de sa formation, qu'il l'est maintenant.
On doit donc conclure que le synclinal des
Aillons proprement dit résulte d'une déformation
tectonique assez tardive, qui a été précédée
par une étape de cisaillement "tangentiel" (presque
parallèle aux surfaces de couches), qui a dû créer
le synclinal de Marocaz. Peut-être cette étape précoce
fut-elle aussi à l'origine première de la formation
du chevauchement du Montgelas (voir la page "Chignin"). Quoi qu'il en soit cette étape était
elle même postérieure à une étape de
tectonique distensive responsable du jeu de la faille du Céty.
Ces conclusions sont en accord complet avec ce que l'on sait par
ailleurs de la formation des massifs subalpins septentrionaux,
et notamment de celui des Bornes.
cartes géologiques au 1/50.000° à consulter : feuilles Montmélian et Chambéry
légende des couleurs (nouvelle fenêtre)
Carte géologique très simplifiée
redessinée sur la base de la carte géologique d'ensemble
des Alpes occidentales, du Léman à Digne, au 1/250.000°",
par M.Gidon (1977), publication n° 074
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Trouée des Marches |
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