vallée et col de Tamié |
La vallée de Tamié, orientée N-S, culmine au sud au Col de Tamié à seulement 907 m. Elle fait communiquer la Combe de Savoie avec la Trouée d'Annecy-Ugine et se termine du côté sud au Col de Tamié, suspendue au dessus de l'élargissement de la Combe de Savoie. La largeur de son fond presque plat, à peine garni d'alluvions et la médiocrité du cours d'eau - le ruisseau de Tamié - qui la draine, témoignent de ce que le modelé de son relief résulte essentiellement d'un aménagement par le passage d'une langue glaciaire.
Toutefois son orientation est oblique, à angle aigu dans le sens remontant vis-à-vis du flux de glace qui descendait la Combe de Savoie en aval d'Albertville : celui-ci ne pouvait par conséquent pas s'y engager. C'est donc par une langue de glace diffluente, émise à Faverges par le flux glaciaire qui se dirigeait d'Ugine vers le lac d'Annecy, qu'elle a été parcourue : elle s'écoulait du nord vers le sud (en remontant l'actuel fond de la vallée) pour rejoindre le glacier de l'Isère à l'aplomb du col de Tamié. |
Quant à ses origines structurales la vallée de Tamié s'apparente à un "val" jurassien*, mais sans en être véritablement un. En effet elle emprunte grossièrement un grand synclinal de Tamié ; mais si son fond est dessiné par l'Urgonien dans sa partie nord par contre l'érosion a enlevé presque toutes les couches crétacées dans sa partie sud : cela traduit le fait que le plongement axial, vers le nord, du synclinal est plus fort que la pente, pourtant descendante dans cette direction, du vallon de Tamié.
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image sensible au survol et au clic Les crêtes de la Dent de Cons et le vallon de Tamié s.S = synclinal de Serraval, d'axe NE-SW : le flanc SE de ce pli tardif a fait basculer vers l'ouest les axes des plis antérieurs, d'orientation oblique (désormais plus proche de NW-SE). Les replis du flanc ouest, légèrement renversé, de l'anticlinal d'Orisan sont analysés à la page "Roche Torse". |
Du côté nord la succession stratigraphique se complète même jusqu'à comporter (à partir du village des Combes) des termes nummulitiques.
Il est à remarquer que, dans le versant ouest de la Dent de Cons, au nord du village des Combes, le Nummulitique repose directement sur l'Urgonien, voire même sur l'Hauterivien. Cette disposition témoigne de l'arasement anté-Nummulitique d'un ancien relief, qui correspond très vraisemblablement à la voûte de l'anticlinal qui succédait, du côté est, au synclinal de Tamié : cela signifie que ce pli était ébauché avant le Nummulitique, conclusion qui ne fait que rejoindre celle tirée de l'étude des autres plis anticlinaux dont la voûte anté-Nummulitique est conservée (ce qui est d'ailleurs exceptionnel), notamment ceux de la Chartreuse occidentale et du Jura méridional. |
Mais ce pli fait en réalité partie d'un ensemble plus vaste, le synclinorium des Bauges nord-orientales : il n'en est qu'un des plis les plus majeurs (avec le synclinal du Pécloz) parmi d'autres plis anticlinaux et synclinaux plus secondaires (dits "parasites"), l'ensemble étant disposé selon le schéma de la feuille de chêne* (voir la coupe schématique ci-après).
Coupe des Bauges orientales, montrant les multiples replis du fond du synclinorium au niveau du Jurassique supérieur. Concernant l'hypothèse, représentée ici, de la poursuite, à cette latitude, du système de failles du Charvin (et principalement de celle de la Goenne) voir la page "Ugine". |
Le col de Tamié (907 m) se situe à l'extrémité méridionale du val* de Tamié ; il s'ouvre, au sud-ouest d'Albertville, entre la masse principale du massif des Bauges, à l'ouest, et l'apophyse nord-orientale de ce massif que constitue le chaînon de la Dent de Cons, du côté nord-est. Son versant méridional correspond à l'entaille d'érosion du rebord subalpin de la Combe de Savoie : il montre essentiellement des couches encadrant la falaise du Jurassique supérieur, puisque le col lui même est ouvert dans le Berriasien
Le versant ouest du col, qui culmine au sommet du Parc du Mouton, appartient au flanc ouest de ce grand synclinal (= flanc est de l'anticlinal couché d'Orisan). En effet, dans les abrupts qui tombent sur la combe de Savoie, les couches du Tithonique dessinent des plis de second ordre (synclinal du Haut du Four, anticlinal du Parc du Mouton, synclinal du col de Tamié, anticlinal du Fort de Tamié) qui sont tous déversés vers l'ouest, conformément au schéma de la feuille de chêne*. L'un d'entre eux, l'anticlinal du fort de Tamié est particulièrement bien visible depuis les pentes qui descendent vers la vallée de l'Isère.
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Les pentes méridionales du Fort de Tamié, vues du sud, depuis le village de Verrens s.cT = synclinal du col de Tamié ; a.fT = anticlinal du Fort de Tamié. Noter la disposition en plis presque couchés et la forme dissymétrique, avec un flanc court du côté ouest, indiquant que c'est de ce côté que l'on doit rencontrer un anticlinal majeur (il s'agit de celui d'Orisan - Chaurionde), tandis que le synclinal majeur se situe du côté est : de fait ce sont là les deux replis du flanc ouest du synclinorium de Tamié qui sont les plus proches de la charnière principale de ce pli, indiqué, pour mémoire, à sa position approximative (s.T) car il passe dans les affleurements à droite du champ du cliché. |
Le versant occidental de la vallée de Tamié est constitué, au niveau du col, par des pentes boisées qui s'élèvent en direction du sommet du Parc du Mouton : jusqu'à La Tête Noire elles sont formées par la couches de l'Hauterivien du flanc oriental de l'anticlinal d'Orisan qui ont un pendage à peine plus fort que celui du versant ; au delà la crête est formée par leur soubassement stratigraphique normal de marnes de Narbonne qui est largement affouillé du côté nord par les ravins en patte d'oie qui sont drainés par le Torrent de Bar.
Au nord du ravin de Bar ce même versant culmine par contre avec les crêtes et falaises urgoniennes de la Sambuy qui couronnent là le flanc oriental de l'anticlinal d'Orisan - Chaurionde. La coupe naturelle du flanc de vallée que donne l'arête orientale de La Sambuy, montre que cette dernière est un crêt d'Urgonien à regard sud, qui perd progressivement de l'altitude en direction de l'est en même temps que le versant s'abaisse vers la vallée. Mais en contrebas de ce crêt l'Urgonien se montre affecté par divers complications.
La première est une cassure qui abaisse globalement la barre urgonienne en contrebas de l'épaule herbeuse de la Bouchasse et permet d'en voir le revers car elle s'y infléchit par un repli anticlinal que tranche le ravin du Bar au niveau du Plan du Tour. Cet accident est le décrochement de Bouchasse, qui a un rejet dextre et une orientation NE-SW qui le fait se poursuivre jusqu'à Frontenex au débouché septentrional du vallon de Tamié.
Cet accident est très analogue, par ces deux caractères,
au décrochement de Saint-Ruph, mais son tracé passe
beaucoup plus au sud-est que celui de ce dernier et converge un
peu vers le nord avec lui (voir la carte). Peu au nord de Bouchasse, il se détache du décrochement de Bouchasse une branche de faille moins méridienne. Elle coupe la vallée de Tamié vers le hameau des Caillets et se suit jusqu'au village des Combes. Au delà on perd le tracé de ce décrochement des Combes, de nouveau faute de niveaux repères, dans les pentes boisées uniformément hauteriviennes du versant ouest de la Dent de Cons. |
En contrebas cette faille de Bouchasse l'Urgonien dessine un synclinal d'axe N-S dont la barre urgonienne de La Tête occupe le coeur. Il s'agit simplement du prolongement septentrional du synclinal du col de Tamié dont le contenu se complète ici vers le haut ; toutefois l'Urgonien de son flanc oriental est encore enlevé par l'érosion et il faut aller jusqu'au nord du village des Combes pour le voir garnir le fond du vallon. En fait cet abaissement de la charnière synclinale se produit là parce que le pli est tranché par le décrochement des Combes. Cette faille dextre, orientée N60, se branche du côté sud-ouest en biais sur le décrochement de la Bouchasse ; du côté NE, on la suit encore un peu plus loin que hameau des Combes mais au delà son tracé devient difficile à localiser en raison du fait qu'elle sépare deux lèvres formées l'une et l'autre par les monotones calcaires argileux de la Dent de Cons.
Le versant occidental de la crête de la Dent de Cons, vu du SW depuis le col du Drison |
Le versant oriental de la vallée de Tamié est largement couvert de bois, pentés presque dépourvus de rupture de pente. Ils couvrent essentiellement des marno-calcaires du Valanginien - Hauterivien, au sein desquels aucune structure n'est discernable. L'Urgonien y affleure cependant, en bas de pentes au sud du village des Combes sous la forme d'une bande d'affleurements qui s'y étrangle vers le sud : elle représente le cœur synclinal d'un des replis du flanc oriental du synclinorium de Tamié
Ce pli est fortement déversé vers l'ouest et son axe, plongeant vers le nord, est presque tangent à la pente topographique (il est cependant orienté plus vers le NE car il "rentre " dans le versant en direction du nord). Les couches de la base de l'Urgonien sont plaquées contre celles de l'Hauterivien du versant et ne s'y enfoncent guère : cela exprime le fait qu'à ce niveau de la succession, comme il faut s'y attendre, ces plis sont beaucoup moins fermés, en quelque sorte plus atténués qu'au niveau du Jurassique supérieur. |
cartes géologiques au
1/50.000° à consulter : feuille
Albertville
légende des couleurs (nouvelle fenêtre)
Carte géologique très simplifiée
redessinée sur la base de la carte géologique d'ensemble
des Alpes occidentales, du Léman à Digne, au 1/250.000°",
par M.Gidon (1977), publication n° 074
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Orgeval |
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Tamié |
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