Pointe de la Sambuy |
Les crêtes rocheuses de la Pointe de La Sambuy (2198 m) représentent la partie supérieure de la montagne de Seythenex, laquelle se détache vers le NE, à la marge septentrionale du massif des Bauges, en un promontoire qui finit par mourir, à Seythenex, dans la dépression de Faverges.
La Pointe de La Sambuy elle-même est la jumelle de celle de Chaurionde, à laquelle elle s'oppose pourtant par la couleur de ses roches : calcaires clairs urgoniens pour la première et marno-calcaires sombres hauteriviens pour la seconde. Cela est seulement dû à ce que la limite stratigraphique entre ces deux formations plonge vers le nord entre ces deux sommets, pour passer sous La Sambuy. Ce contraste est particulièrement frappant vu depuis la crête de Chaurionde (cliché vers la fin de la présente page).
1- Du côté méridional cette montagne est fortement entaillée par la patte d'oie des ravins que draine au Plan de La Tour le ruisseau du Bar, lequel débouche peu au nord du monastère de Tamié : dans ces pentes la carapace urgonienne a été trouée et déblayée et le ravinement a affouillé assez profondément dans les couches marno-calcaires de l'Hauterivien et du Valanginien, globalement inclinées dans le sens de la pente topographique, en direction du vallon de Tamié.
La crête rocheuse orientale de La Sambuy se termine aux chalets de La Bouchasse car elle y est tranchée par le décrochement de La Bouchasse (voir la page "Tamié") .
2 - Sur le versant opposé, nord-occidental, de la montagne ses pentes ont un relief plus complexe : la carapace urgonienne y affleure d'abord en formant la crête rocheuse de la Sambuy, puis en contrebas celle, boisée de la montagne de Seythenex proprement dite.
Le versant nord de celle-ci porte les aménagements de la petite station de ski de Seythenex (son pied de pistes se situe au hameau du Vargnoz et l'arrivée de sa remontée mécanique se trouve au large col du refuge de Favre). Sa pente est est à peine plus faible que celle des couches urgoniennes qui en forment l'essentiel, de sorte qu'il s'agit presque d'une grande dalle structurale qui s'abaisse plus ou moins régulièrement jusqu'au vallon de Saint-Ruph. Toutefois cette dalle est garnie par une couverture, de plus en plus épaisse vers le bas, de couches supérieures à l'Urgonien : ceci met en évidence, par le décalage des limites stratigraphiques de ces couches, qu'elle est recoupée en escalier par une succession de failles mineures dont les tracés la traversent à flanc de pente.
Ces failles se rattachent toutes, comme celle de la Mine de Fer, à une famille de cassures sub-verticales NE-SW à lèvre NW abaissée. Or cette famille apparaît comme l'antithétique de celle des failles de même orientation mais à faible pendage vers le SE dont font partie les failles de la Petite Sambuy et du sommet de la Sambuy (voir le cliché en fin de la présente page). |
3- Les crêtes rocheuses de la pointe de La Sambuy se singularisent par le relief plutôt hardi de leur ossature d'Urgonien et le fait qu'il est dépourvu d'une organisation claire : elles ne forment ni un simple crêt ni un val synclinal perché. Pourtant ce relief est fondamentalement celui d'un crêt , qui correspond à l'arête orientale du sommet qui descend vers La Bouchasse : il regarde vers le SE et a une orientation peu habituelle, de l'ordre de N60. Cette attitude découle de ce que le pendage de la dalle calcaire de son revers septentrional résulte l'interférence de deux basculements successifs, le premier vers l'est lors de la formation de l'anticlinal d'Orisan le second vers le NW lors de la formation du grand synclinal de Serraval (d'axe NE-SW) : en effet elle appartenait alors au flanc SE de ce pli.
Mais le relief du versant NW de ce crêt est tourmenté en raison du jeu des failles extensives qui le hachent presque parallèlement à sa ligne de crête (aux quelles s'ajoutent des cassures mineures orthogonales à cette crête. La faille de la Petite Sambuy est notamment responsable de son redoublement, en contrebas dans son versant septentrional, par une seconde crête portant le Refuge de Favre (sommet de la station de ski). Cette crête est séparée de la principale par le vallon qui descend vers le chalet de la Bouchasse : le surhaussement de sa rive NW par la faille y fait affleurer l'Hauterivien.
La pyramide du sommet de la pointe de La Sambuy est isolée en chapeau par le jeu d'une faille sommitale, parallèle à celle de la Petite Sambuy. En effet le pendage de cette faille est moindre que la pente du versant SE, de sorte que les deux tracés de faille s'y rejoignent au sein des couches hauteriviennes (partie gauche du cliché ci-dessus), en ceinturant une sorte de klippe.
Par contre la faille de la mine de fer, dont le tracé se poursuit au revers est de la crête de la Petite Sambuy est une cassure sub-verticale de la même famille que celles du refuge de Favre et du Vargnoz, laquelle est conjuguée* avec celle des deux précédentes. Le minerai y était sans doute accumulé dans des anfractuosités jalonnant le miroir de faille.
L'entaille de la falaise qui limite du côté sud-occidental l'Urgonien du sommet, transversalement à la crête de Chaurionde, donne une excellente coupe naturelle du dispositif de ces failles (voir la seconde photo ci-après). Contrairement aux apparences il n'y a là aucune faille transversale à la crête : le remplacement brutal, du nord au sud, de l'Urgonien du sommet par l'Hauterivien de l'extrémité septentrionale de la crête de Chaurionde, y est seulement dû au surhaussement des couches de cet âge qui appartiennent au compartiment de la Petite Sambuy.
L'examen de cette falaise sud-occidentale de la Grande et de la Petite Sambuy montre qu'elle est hachée par un système de cassures extensives multiples appartenant surtout à deux familles conjuguées* qui s'entrecroisent. La bissectrice des dièdres de failles est perpendiculaire aux surfaces de strates, de sorte qu'il s'agit vraisemblablement de failles antérieures au plissement (sans doute synsédimentaires). C'est d'ailleurs ce basculement tardif, vers le nord-ouest, par l'effet du plissement, qui explique le pendage très faible (pour une faille extensive) de la faille du sommet et celui, sub-vertical de la faille de la mine de fer (et de celles appartenant aux mêmes familles qu'elles).
les mines de
fer de la Sambuy ont fait l'objet de l'étude suivante :
MEYSSONNIER, Marcel (1985) : Les mines de fer de la Sambuy, commune
de Seythenex (Haute-Savoie). Étude préliminaire.- S.C.V.
Activités, Spéléo-Club de Villeurbanne, n°
46, p. 57-70.
L'analyse de la structure tectonique qui est présentée dans la présente page est largement inédite et retouche nettement la première version (antérieure à 2017) de cette page. Elle se base sur une compilation des observations de terrain de l'auteur, sur une analyse fine des clichés qu'il a pris et de ceux (notamment zénitaux) qu'il a pu consulter, ainsi que sur les données parfaitement fiables fournies par la carte géologique. Elle aboutit à la conclusion que la dalle calcaire urgonienne y a subi les étapes de déformation suivantes : 1- Fracturation extensive, par des failles actuellement NW-SE aboutissant à soulever en horst les abords de la crête sommitale de la Sambuy par rapport à ses pentes nord-occidentales actuelles, affaissées. Cette fracturation n'est pas datée mais le fait que l'on retrouve un système similaire maintenant renversé dans le flanc ouest de l'anticlinal d'Orisan (voir les pages "Orgeval" et "Pécloz") porte à les considérer comme antérieures au plissement général des Bauges. 2 - Basculement vers l'est, avec le flanc oriental de l'anticlinal d'Orisan (peut-être formation, du fait de la tension à l'extrados du pli, d'une fracturation extensive par failles presque N-S (qui existent mais sont mal caractérisées). 3 - Sectionnement en décrochement dextre, selon un azimut de N50 à N40 par les failles de Saint-Ruph du côté nord-ouest et de La Bouchasse - Frontenex du côté sud-est. Le grand coulissement dextre N30 de la faille d'Arcalod passe plus NW ; il est sans doute antérieur à ces décrochements, à moins qu'il ait avcc eux des relations de faille principale à failles de Riedel. Il n'est pas exclu d'autre part que les failles de la phase 1 aient un peu rejoué alors en coulissement 4 - Basculement vers le NW avec le flanc sud-oriental du synclinal NE-SW de Serraval (étape la plus récente, sans doute en relation avec la surrection du socle cristallin de Belledonne. |
Aperçu global sur les Bauges orientales |
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cartes géologiques au 1/50.000° à consulter : feuille Albertville
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Arcalod |
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Sambuy |
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