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Vallon du Grand Tabuc, Croix de Cibouit |
Le vallon du Grand Tabuc comporte une partie tout-à-fait aval, où il traverse la marge occidentale du domaine briançonnais, et une partie tout-à-fait amont où il pénètre dans le socle cristallin du massif du Pelvoux. Entre les deux, c'est-à-dire dans la partie de son cours orientée NE-SW, il donne une coupe de l'enveloppe sédimentaire de ce massif, en commençant par celle de l'extrémité méridionale du bloc du Combeynot, qui tapisse, en rive gauche, les pentes de Sainte-Marguerite (où la voûte du cristallin du bloc du Combeynot s'enfonce vers le sud).
Les terrains sédimentaires autochtones sont surtout développés en rive droite, où la succession nummulitique autochtone forme les abrupts de la Croix-de-Cibouit. Le Nummulitique y repose sur des couches jurassiques, qui affleurent dans le bas versant de cette montagne, par l'intermédiaire d'un chapelet d'amandes de roches cristallines (dont la taille va de la dizaine à plusieurs centaines de mètres de long).
Cette disposition avait été interprétée, jusqu'en 1978, comme due au chevauchement d'une "écaille" de cristallin (garnie de sa couverture) sur le Jurassique, à la façon des imbrications que l'on observe immédiatement plus à l'ouest, dans le secteur de l'Eychauda. L'étude des affleurements et celle du contexte environnant (Rocher de l'Yret notamment) ont conduit à conclure que les blocs cristallins jalonnant le contact du Nummulitique sur le Jurassique étaient des olistolites, mis en palce à la suite de l'érosion anté- et syn-nummulitique, qui a ici dénudé irrégulièrement le socle cristallin.
Cette interprétation est cohérente avec celle
qui voit, dans les imbrications socle - couverture du secteur
de l'Eychauda (écailles de Montagnole et des Grangettes),
des structures anté-nummulitiques, cachetées, du
côté nord-oriental, par les couches nummulitiques,
entre le Rocher de l'Yret et le bois des Sagnières (rive
gauche du Tabuc). Elle a été reprise (avec des nuances
et des aménagements de détail) dans une étude
plus récente [thèse
de A.Lami (1988)].
Elle n'a pas été retenue sur la carte géologique
Briançon qui considére que le chevauchement de l'écaille
de Montagnole se prolonge sous les lames de cristallin de la Croix
de Cibouit et jusque dans le bois des Sagnières. Cette
carte n'indique toutefois pas comment ce chevauchement y fait
place à un contact purement stratigraphique du Nummulitique
(prolongeant celui de la Croix de Cibouit) sur le socle cristallin,
non affecté d'écaillages, du massif du Combeynot
: une telle disposition implique nécessairement l'antériorité
du chevauchement par rapport à la transgression nummulitique.
Ce dernier point est d'ailleurs en accord avec les sens de mouvements
- vers le NW (et non vers le SW)- indiqués par les figures
d'entrainement observables dans les abrupts sud du Rocher
de l'Yret, au lac de l'Eychauda
et au Dôme du Monêtier.
À
la lumière de ce que l'on sait désormais sur les
déformations alpines tertiaires à
l'interface socle - couverture sur
la marge nord du massif du Pelvoux, d'une part et, d'autre part,
sur la déformation de la couverture nummulitique à
sa marge sud-est, dans
les vallées du Fournel et de Dormillouse,
il semble qu'une interprétation intermédiaire puisse
être envisagée. L'auteur de ce site considère toujours que l'écaille de Montagnole est bien cachetée par le Nummulitique et que les lames de cristallin de l'Yret et de Cibouit résultent bien d'un remaniement sédimentaire de son matériel, lors de la transgression nummulitique. Mais il incline désormais à penser que la mise en chapelet des lames de cristallin qui séparent le soubassement jurassique et la couverture nummulitique de cette écaille résulte, pour partie, d'un étirement lié au cisaillement généralisé vers l'ouest qui s'est exercé tangentiellement à l'interface socle-couverture lors des mouvements post-nummulitiques. À l'inverse des conceptions antérieures il voit là une déformation diffuse, sans véritable surface de discontinuité tectonique, qui n'est aucunement assimilable à une imbrication par écailles chevauchantes. |
La
partie supérieure du cours du Grand Tabuc prend une orientation presque W-E et les abrupts de
sa rive droite fournissent alors une splendide coupe naturelle
du chevauchement de l''écaille
des Grangettes. Le tracé du vallon ne s'écarte
alors qu'assez peu de celui d'une cassure qui est bien visible
dans la partie amont de ces abrupts, la faille du Riou
de Dormillouse : on peut donc penser que c'est cette cassure
qui a originellement déterminé le changement de
direction du thalweg dans cette partie supérieure de son
cours.
Cette faille NE-SW, fortement pentée vers le SE et dont le compartiment méridional est abaissé de plusieurs centaines de mètres, vient ici rencontrer le prolongement méridional de la faille du Petit Tabuc, sans que l'on puisse déterminer leurs rapports avec certitude (en raisons du colmatage de Quaternaire qui occupe le fond de vallon). Une hypothèse serait que cette dernière se poursuive par le col des Grangettes, et au-delà par la faille du lac de l'Eychauda, car la surface de chevauchement de l'écaille des Grangettes est décalée verticalement de plus de 100 m à l'aplomb de ce col (bosse de Roche Peyron). Mais le rejet de cette faille (abaissement de son compartiment oriental) est à l'opposé de celui (surhaussement du compartiment oriental) de la faille du Petit Tabuc, de sorte qu'il est peu probable que ces deux cassures se prolongent réellement l'une l'autre ...
compléments cartographiques à la page Monêtier
Voir l'aperçu général sur
la bordure orientale du Massif du Pelvoux
carte géologique au 1/50.000° à
consulter : feuilles Saint-Christophe en Oisans et Briançon.
Pour plus de détails consulter la publication n° 086 et la thèse de A.Lami (1988)
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Agneaux |
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