Col de Porte, Sarcenas
le col routier le plus méridional du sillon chartreux oriental.

Le col de Porte (1326 m.) est le plus méridional des trois points hauts du long "sillon chartreux oriental" : ce dernier, qui est ouvert du nord au sud, sur toute la longueur du massif, reste presque tout du long tracé dans les marnes de Narbonne (ou dans les marno-calcaires berriasiens) de la Chartreuse orientale : la nature de ce substratum est aisément observable ici, dans l'entaille de ravin que la route traverse à flanc, aux abords méridionaux immédiats du col routier. Par contre ces couches sont largement masquées, sur le versant septentrional et d'une façon moins continue du côté méridional, par une nappe de vieux éboulis anciens (anté-rissiens) : ceux-ci, qui tapissaient les pentes occidentales de Chamechaude avant d'être entaillés par les ravines récentes, sont riches en gros blocs et, par places, cimentés par de la calcite.

image sensible au survol et au clic

Le versant septentrional du Col de Porte, vu du NW depuis l'échine montant à l'épaule sud du Charmant Som (orat. = oratoire d'Orgeval).
s.S = synclinal du Sappey ; D.B = décrochement de Bellefond - Bachasson : noter le décalage des deux tronçons d'Urgonien du synclinal ; a.É = anticlinal de l'Écoutoux ; s.P = synclinal de la Pinéa (une des ondulations du flanc occidental du pli précédent) ; Ø3 = surface de chevauchement de la Chartreuse orientale ; a.M = anticlinal du Charmant Som.
Le "tournant 1442" (de la D.57d) est localisé sur cette image parce que c'est un point d'observation remarquable, dont les affleurements sont décrits à l'occasion d'une page spéciale.

Au nord du col le trajet de la D.512 se déroule sur 2 km, jusqu'au Pont des Cottaves, dans cette grande nappe d'éboulis anciens qui garnit le versant nord-occidental de la Montagne de Chamechaude. Par contre, peu à l'ouest, le substratum de marnes de Narbonne est mis à nu dans le ravin qui descend de la prairie du col de Porte jusqu'à se jeter dans le torrent d'Orgeval en aval de la prairie du Banchet (là où la D.512 le franchit, au Pont des Cottaves).

Le col routier de la D.512 est situé à peine à l'ouest de la voûte de l'anticlinal de l'Écoutoux, ce qui en fait un bel exemple de relief inversé. Depuis ce col la vue est fort médiocre en raison du couvert forestier ; par contre on découvre un assez bon panorama vers le nord depuis le col jumeau, situé 0,6 km plus au nord-ouest en haut de la prairie du col, sur la route pastorale D.57d qui mène au Charmant Som. On y voit essentiellement la coupe naturelle de la Chartreuse orientale à la latitude de Saint-Pierre-de-Chartreuse.




Panorama de la prairie du col de Porte (dessin de J. DEBELMAS)
annotations structurales modifiées pour être en accord avec celles en usage dans le site Geol-Alp (se reporter à la page "abréviations")

Le versant sud du col est entièrement couvert de bois jusqu'aux abords du fond de vallon de Sarcenas. Mais même dans cet espace de prairies et de cultures le bedrock marneux n'affleure que dans l'entaille du thalweg. Par contre le substratum rocheux, essentiellement formé par les calcaires du Fontanil, affleure dans les pentes boisées qui s'étendent de la Pinéa au petit col du sommet des Prairies du versant nord.

image sensible au survol et au clic

Le versant sud du col de Porte vu du SE, d'avion.
f.MW = faille de Montvernet occidentale ; f.ME = faille de Montvernet orientale ; ØQ? = prolongement du chevauchement de Quaix (?) ; a.É = anticlinal de l'Écoutoux ; f.wC = faille occidentale de Chamechaude (?) ; s.S = synclinal du Sappey.


Le cliché ci-dessus met en évidence la faible distance séparant les axes de l'anticlinal de l'Écoutoux et du synclinal du Sappey dans le versant ouest de Chamechaude (entre col de Porte et Roche Rousse) : or celle-ci est réelle, même si elle est sans doute un peu accentuée par l'obliquité du regard par rapport à ces axes, car les positions de ces derniers sont déduites des mesures de pendages sur le terrain.
D'autre part on peut s'étonner de la faible distance et du fort décalage vertical entre les marnes de Narbonne du flanc ouest de l'anticlinal de l'Écoutoux et l'Hauterivien de Roche Rousse qui appartient déjà au flanc oriental du synclinal du Sappey.
Enfin on est frappé par la totale inexistence d'une ébauche de torsion synclinale visible dans les couches les plus basses du bord ouest des affleurements rocheux de Chamechaude.

Ces données suggèrent qu'il passe, dans les bois du versant ouest de Chamechaude, une faille verticale à peu près N-S abaissant le contenu du synclinal du Sappey. Le fait qu'il n'y en ait pas trace dans le Tithonique, entre Écoutoux et Saint-Eynard, impose que cette faille ouest de Chamechaude s'amortisse au sein de marnes de Narbonne du flanc ouest du synclinal du Sappey. En définitive ce dispositif hypothétique serait très similaire à celui de la faille de la Gorgette qui affecte le flanc ouest du synclinal oriental de la Chartreuse à la Dent de Crolles (voir la page "Dent de Crolles"), mais on ne dispose, à Chamechaude d'aucune entaille d'érosion suffisante pour le mettre en évidence.

Les hameaux de Sarcenas sont installés, au nord de leur chef-lieu, sur un talus déboisé peu déclive qui est suspendu par un rebord brutal au dessus des ravines du haut vallon du Rivet (voir la page "Quaix"). Les marnes de Narbonne qui affleurent au fond de ce vallon y sont presque totalement masquées par l'extrémité aval de la nappe d'éboulis anciens qui descend des pentes occidentales de Chamechaude, plus raides et boisées. Elles y sont cependant mises à jour par places, notamment le long du cours du torrent de Sarcenas et au pied des escarpement boisés du versant SE de la Pinéa.

Du côté oriental (à l'emplacement du chef-lieu) ces couches pendent d'abord vers l'ouest, conformément au fait qu'elles appartiennent au flanc occidental de l'anticlinal de l'Écoutoux. Mais plus à l'ouest, dans le thalweg en aval des Croz, elles dessinent une ondulation synclinale, que suit en outre une ondulation anticlinale dans la ravine au NW de ce village. Plus à l'ouest encore elles prennent un pendage presque horizontal qui se poursuit sur près de 1 km dans le versant qui domine la falaise des Roches, au NW de Guilletière, sous les calcaires du Fontanil des basses pentes boisées de la Pinéa .
En fait il s'agit là d'ondulations de faible ampleur qui correspondent sans doute à un plissement dysharmonique*, à plus courte longueur d'onde, entre les niveaux massifs épais du Tithonique et de l'Urgonien, générateurs au contraire de plis à grande longueur d'onde. On en observe le prolongement vers le nord dans les sous-bois de la crête orientale de La Pinéa et du versant septentrional de cette dernière (voir la page "Pinéa").

Quoi qu'il en soit du détail de cette structure, ces ondulations mineures déforment bien peu le panneau rocheux, en moyenne presque horizontal, qui se prolonge sur près de 2 km depuis les abords du Col de Porte jusque sous la Pinéa (il s'y rattache aussi la dalle des calcaires du Fontanil de La Raviole, qui domine Quaix). Dans cet espace l'on ne voit plus se creuser, au flanc ouest de l'anticlinal de l'Écoutoux, le profond synclinal qui devrait y prolonger celui du Néron, bien que ce creusement semble encore se manifester, en rive gauche du torrent du Rivet, au sud de mont Cul, par le fort pendage vers l'ouest des couches de ce flanc de pli.

Ce changement se produit donc le long d'une ligne SW-NE passant par Sarcenas, c'est-à-dire selon un tracé qui est précisément celui présumé (parallèle à l'axe de la chaîne de Belledonne) de l'axe du synclinal oblique de Saint-Nizier (voir la page "Néron" et "Quaix"). C'est, de fait, la prolongation nord-orientale de ce pli qui semble être la cause de ce que l'axe de l'anticlinal de l'Écoutoux manifeste là, à son intersection avec ce tracé, un plongement particulièrement brutal.

image sensible au survol et au clic

La combe de Narbonne - Sarcenas (dépression orientale de Quaix), vue d'avion, du sud, depuis l'aplomb de Fontaine, à peu près selon l'azimut des couches.
s.N = synclinal du Néron ; a.E = anticlinal de l'Écoutoux ; f.R = faille de chevauchement du Rachais ; ØQ = chevauchement de Quaix ; s.sN (en bleu pâle) = trans-synclinal de Saint-Nizier.
L'azimut d'ensemble, presque N-S, de la large bande d'affleurements des marnes de Narbonne a dirigé le creusement des thalwegs, qui s'est principalement fait en suivant la marge ouest des niveaux de calcaires lités du Berriasien, plus résistants, de ce flanc de pli.


 

 


cartes géologiques au 1/50.000° à consulter : feuilles Domène et Grenoble
Carte géologique simplifiée (fond topographique d'après la carte IGN au 1/100.000°)

Canaple

route du Charmant Som

Saint- Hugues
Girieux -Montfromage

LOCALITÉS VOISINES
Chamechaude

la Pinéa

Écoutoux

Le Sappey

accueil section Chartreuse

début de la page
Col de Porte

sommaire de GEOL_ALP

Aller à la page d'accueil du site
Dernières retouches apportées à cette page le 29/03/24