Aiguebelette, montagne de L'Épine

environs orientaux et méridionaux du lac d'Aiguebelette

Le lac d'Aiguebelette est situé en bordure ouest du chaînon du Mont du Chat, là où ce dernier s'abaisse jusqu'à l'altitude de seulement 1000 m pour former la Montagne de l'Épine au nord du col Saint-Michel, avant de remonter plus au sud pour constituer le Mont Grelle.
Il y occupe une cuvette de surcreusement glaciaire qui correspond à un relief "conforme"* puisqu'elle a été évidée dans les molasses miocènes du coeur du synclinal de Novalaise (en effet le déversoir du lac, situé à son extrémité occidentale, entaille le bedrock du flanc oriental de l'anticlinal du Mont Tournier).

image sensible au survol et au clic

Le lac d'Aiguebelette et le chaînon du Mont du Chat, vus du sommet du Mont Grelle (clichés originaux obligeamment communiqués par M. Daniel Fournier)
s.N = synclinal de Novalaise ; f.B = faille de Belledigue ; a.mC = anticlinal du Mont du Chat ; f.E = faille de l'Épine (son tracé oblique par rapport à l'anticlinal du Chat n'est pas un effet de perspective).
voir le côté opposé (versant oriental) de la crête à la page "Chambéry".




Cette coupe passe à mi-distance des extrémités nord et sud du lac d'Aiguebelette (à la latitude du Fayet et du col Saint-Michel).
s.N = synclinal de Novalaise (branche occidentale du prolongement septentrional du synclinal de Voreppe) ; a.MC = anticlinal du Mont du Chat ; s.C = synclinal de Couz (branche orientale du prolongement septentrional du synclinal de Voreppe). f.E = faille de L'Épine.
légende des couleurs et des figurés


Le lac d'Aiguebelette et le chaînon de L'Épine, vus du nord, d'avion, approximativement de l'aplomb des Villas Doria (cliché original obligeamment communiqué par M. Sylvain Letuffe)
a.mC = anticlinal du Mont du Chat ; f.B = faille de la bordure ouest du plateau de Belledigue ; f.E = faille de L'Épine ; a.mT = flanc oriental de l'anticlinal du Mont Tournier.


La localisation de cette zone de surcreusement s'explique sans doute par l'abaissement sensible que subit à cette latitude la crête topographique du chaînon du Mont du Chat, par rapport à ses portions plus méridionale et plus septentrionale. Ainsi le glacier qui occupait la vallée de Chambéry et du lac du Bourget devait-il être canalisé pour franchir ce chaînon selon cette transversale, aux époques où sa cote d'altitude était suffisante, notamment au maximum de Würm.

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Le côté nord-oriental du lac d'Aiguebelette et le Mont du Chat, vus du sud, depuis Lépin-le-Lac (hameau de la Marinière).
a.MC = anticlinal du Mont du Chat ; f.B = faille de la bordure ouest du plateau de Belledigue (sa géométrie suggère qu'elle puisse représenter une faille extensive antérieure au plissement).
On mesure l'abaissement, supérieur à 400 m, qu'a subi la crête du chaînon (du fait notamment de l'érosion glaciaire) à la latitude du lac (une dénivellation comparable bien que moindre existe à son extrémité méridionale, comme on le voit sur le cliché suivant).


La structure du chaînon du Mont du Chat subit également à cette latitude une notable modification (qui est peut-être partiellement à l'origine de l'affaiblissement de la voûte du mont et donc de son abaissement par l'érosion). En effet l'anticlinal du Mont du Chat, qui le constitue, est coupé en biseau, du NE vers le SW, par une cassure que l'on peut désigner du nom de faille de l'Épine.

 Cette cassure fait chevaucher, du côté SE, les couches du cœur du pli (marno-calcaires "argoviens") sur les calcaires du Fontanil qui enveloppent la charnière anticlinale dans le compartiment NW. D'autre part son rejet décroît en direction du col Saint-Michel et se réduit à un faible décalage de la limite Jurassique-Crétacé sur le revers oriental de la montagne (voir la carte en fin de page).


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Le côté sud-oriental du lac d'Aiguebelette et la montagne de L'Épine, vus de l'ouest, depuis l'église de Saint-Alban (rive occidentale)
a.mC = anticlinal du Mont du Chat ; f.E = faille de L'Épine ; a.mG = anticlinal du Mont Grelle (crochon du chevauchement ; d.gC = décrochement de Gratte-Cul.
Le Rocher du Corbeau est une dalle structurale de Portlandien du flanc ouest de l'anticlinal du Mont du Chat, qui s'enfonce sous le Valanginien de la Combe. Ce dernier, masqué sous cet angle par la crête de molasse miocène du Fayet revient au jour au nord-est (à gauche) d'Aiguebelette, au dessus de l'entrée du tunnel ferroviaire.

L'intervention de la faille de L'Épine coïncide avec un net changement d'azimut de la charnière anticlinale, qui passe d'une orientation N-S, au Mont du Chat, à celle N30 du Mont Grelle (rotation dans le sens horaire).

 On peut en conclure que c'est cette inflexion azimutale de l'axe anticlinal qui a induit la cassure de la voûte de l'anticlinal, selon un processus que l'on peut aisément modéliser en essayant de tordre transversalement une feuille de papier préalablement cintrée en pli. La froissure qui en résulte, oblique à l'axe du pli, se traduit ici par le chevauchement de la partie méridionale du chaînon, pivotée, par dessus l'extrémité sud de la partie septentrionale, restée dans sa position originelle (voir le commentaire explicatif général relatif à la torsion des plis).


Bloc en relief schématique
montrant la structure du chaînon du Mont du Chat

dans le secteur de la Montagne de L'Épine.

La rupture de la voûte anticlinale par la faille de L'Épine lui permet de s'accommoder de la torsion, dans le sens horaire, que l'axe du pli subit aux abords du col Saint-Michel.
Au delà de la zone de torsion, au sud du Mont Grelle, la faille de L'Épine s'amortit dans le flanc ouest de l'anticlinal du Mont du Chat (voir la page "Mont Grelle") .

 Cette torsion azimutale de l'axe de pli s'inscrit dans le schéma général du raccord entre plis du Jura et plis subalpins. Une autre illustration de ce processus de torsion-rupture est d'ailleurs donnée par les connections entre le chaînon du Mont Tournier et la montagne de Ratz aux environs de la La Bridoire, Ce schéma est également transposable, à peu de chose près, au raccord entre l'anticlinal du Mont du Chat et celui du Mont Landard, au nord de la Charvaz.



(on trouvera une vue globale du versant oriental de la crête à la page "Chambéry").

Le revers oriental du chaînon de L'Épine montre que les couches de ce versant sont coupées successivement, en biseau, de sorte que l'Urgonien, présent à l'aplomb oriental du Mont Grelle, disparaît à la latitude du hameau de Pierre Rouge pour réapparaître à partir de Saint-Sulpice (mais limité à sa seule partie inférieure). En outre la surface de transgression du Miocène ne semble pas affectée de façon appréciable par la faille de l'Épine dont le rejet s'amortit, de toutes façons, en même temps qu'elle se partage en deux branches.

Il semble donc que la faille de L'Épine ait déjà existé au Miocène, sa lèvre sud-orientale étant surélevée et inclinée vers le SE, de sorte que l'érosion anté-Miocène a arasé la partie haute de cette lèvre. Le fonctionnement en chevauchement résulte d'une reprise de cet accident par pivotement sans décalage de la surface de transgression du Miocène autour du point située au SW de Saint-Sulpice où la faille était cachetée* par le Miocène. 

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Vue aérienne du chaînon de l'Épine, depuis l'est : vue presque zénithale mais légèrement en oblique pour mieux montrer l'ordonnance des couches du versant oriental (le versant occidental est vu en perspective raccourcie).
f.E = faille de l'Épine ; d.gC = décrochement de Gratte-Cul (prolongement occidental ultime du décrochement de Chambéry ?)

On y trouve en outre, entre la base des molasses du Miocène et les terrains mésozoïques qu'elles recouvrent, des affleurements lenticulaires (épais de quelques dizaines de mètres), très discontinus, de dépôts oligocènes. A Vimines il s'agit d'une brèche dont certains éléments sont englobés dans des concrétions calcaires rouges, qui a été exploitée comme marbre (au hameau de Terre Rouge). Ces concrétions sont sans doute dues à l'action d'algues ("stromatolites").


Un échantillon du "marbre de Vimines"
(cliché aimablement communiqué par M. Daniel FOURNIER)



Un échantillon taillé et poli du "marbre de Vimines"
(cliché aimablement communiqué par M. André PAILLET)


Le substratum sur lequel repose cette brèche est ici constitué par l'Hauterivien, ce qui implique que la voûte de l'anticlinal de L'Épine avait, dès cette époque, été érodée et débarrassée de son Urgonien (alors que ce dernier est parfaitement conservé dans le synclinal de Couz, immédiatement voisin).


 voir à la page "tectonique de l'Avant-Pays" la place occupée par ce secteur dans le schéma d'organisation des plis du Bugey


cartes géologiques au 1/50.000° à consulter : feuilles Chambéry et Montmélian
.
Carte géologique très simplifiée
redessinée sur la base de la carte géologique d'ensemble des Alpes occidentales, du Léman à Digne, au 1/250.000°", par M. Gidon (1977), publication n° 074


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