La Meyna |
Cette montagne se fait remarquer par sa forme élancée (et même hargneuse) qui la fait se détacher, du haut de ses 3067 mètres, en arrière et au dessus des pentes plutôt molles de la rive droite de l'Ubayette (voir la page "Viraysse") .
La Meyna et la Tête de la Viraysse, vues du sud depuis le débouché du vallon du Lauzanier, par dessus les basses pentes de Tête Dure |
C'est le point culminant d'une arête rocheuse transversale à la crête frontière, qui s'en détache à l'ouest du col de la Portiola (au NW de la Tête de Sautron), forme l'arête de la Portiolette et se termine au sud-ouest par la Tête de la Viraysse. Elle ferme de ses abrupts l'extrémité nord-ouest (vallon de la Viraysse) de la dépression suspendue du Rouchouse et domine, du côté nord, la dépression, également suspendue, du Vallonnet, que draine le ravin du Pinet.
Pour l'essentiel la pyramide rocheuse de La Meyna est constituée de calcaires et dolomies du Trias moyen mais elle porte du côté sud et ouest un parement de terrains plus récents, essentiellement constitués de calcaires du Dogger et calcschistes néocrétacés. Les couches y sont en général très redressées et orientées presque N-S. Elles sont tranchées transversalement par deux cassures qui délimitent l'ultime pyramide sommitale, l'une au nord (faille nord de la Meyna), l'autre au sud (faille sud de la Meyna).
Du côté ouest la Meyna domine abruptement le vallon des casernements de la Viraysse, qui descend du col de la Viraysse vers les basses pentes du Vallonnet. Bien que les éboulis y masquent totalement son bedrock il est très clair que ce vallon est déterminé par le passage de la faille du Ruburent, car cette dernière, orientée exactement comme lui, est bien observable plus au sud (voir cliché ci-dessus) comme plus au nord (voir la page "Viraysse").
La structure de détail des abrupts de ce versant ouest est assez complexe à démêler, d'autant que son accès est difficile et dangereux. On y voit aboutir les deux cassures sub-verticales qui traversent l'arête N-S de la montagne, savoir la faille nord de la Meyna, grossièrement orientée NE-SW et la faille sud de la Meyna, grossièrement orientée E-W, qui traverse l'arête sud et coupe en biais les deux versants de cette dernière. |
C'est seulement au sud de cette faille méridionale qu'affleure le Dogger, abaissé par le jeu de la cassure. Il décrit un synclinal de la Meyna assez ample, à coeur de marbres en plaquettes, dont l'axe est orienté ENE - WSW, de sorte que sa charnière est recoupée orthogonalement par le versant sud-est de la montagne (voir le cliché de ce versant plus haut dans la page).
En outre le flanc nord-ouest du synclinal de la Meyna est affecté de complications structurales qui se remarquent dans les abrupts qui tombent vers le sud-ouest sur le vallon qui descend vers le nord depuis la Viraysse. Il s'agit de plis pluri-décamétriques, que dessinent les bancs du Dogger et les marbres en plaquettes. Ils sont très plongeants vers le sud et reployés en travers de leur axe. Cette géométrie compliquée témoigne de la multiplicité des phases de déformation subies par ces terrains. |
Du côté sud- oriental de la montagne une coupe naturelle est offerte par les abrupts qui tombent sur le vallon de la Portiolette, dans lequel se prolongent les alpages du Rouchouse. Elle montre que, globalement, la succession des couches de la Meyna y est apparemment coupée en biseau par une surface de charriage que masquent sans doute les éboulis du pied de ses abrupts (de sorte qu'aux approches du col de la Viraysse ne subsistent plus que les couches jurassiques et crétacées du flanc sud-est (inférieur) du synclinal de la Meyna).
La masse rocheuse de La Meyna est assez isolée car elle est entourée presque de tous côtés par des éboulis, de sorte que sa position dans l'édifice structural n'est pas évidente. Puisque le soubassement de ses abrupts sud-orientaux appartient à la nappe du Rouchouse il est clair que le reste de la montagne doit se rattacher à une unité supérieure, qui devrait être logiquement la nappe de Sautron.
Mais on peut hésiter à adopter cette conclusion car les affleurements du versant septentrional de la montagne (dans le Vallonnet) ne semblent séparés que par des hiatus d'affleurement ou par des cassures mineures de ceux de la Rocca Blanca et des Arêtes de la Portiolette, qui appartiennent à la nappe du Châtelet. Cela suggérerait de rattacher la Meyna à cette dernière. La première objection est que cela conduirait à admettre l'absence de la nappe de Sautron, normalement supérieure à celle du Rouchouse, à l'ouest du sommet de Sautron. La seconde est que l'on ne retrouve pas à la Meyna la succession stratigraphique de la nappe du Châtelet : le Malm est absent et les marbres en plaquettes sont plus riches en niveaux argileux. Au contraire les analogies de constitution stratigraphique avec la nappe de Sautron y sont au contraire frappantes. C'est pourquoi il faut sans doute considérer que c'est seulement le jeu de la faille de la Portiolette (soulèvement de sa lèvre sud-occidental) qui rompt la continuité initiale que le matériel de la Meyna devait avoir avec celui de la Tête de Sautron. C'est d'ailleurs cette conclusion qui avait déjà été retenue dès la première mise en évidence de l'empilement des nappes dans ce secteur (publication n° 024) avant que soit adoptée l'idée contraire, celle du rattachement à la nappe du Châtelet, dans le schéma structural de la carte géologique "Aiguille de Chambeyron". |
Le rattachement de La Meyna à la nappe de Sautron conduit à se demander ce qu'il advient de cette nappe à l'ouest de cette montagne.
Il est aisé de comprendre que, sur la transversale de la Meyna, cette nappe soit absente au SW du col et du vallon de Mallemort : en effet son prolongement éventuel a dû y être surhaussé par le jeu de la faille du Ruburent et de ce fait enlevé par l'érosion (cela suppose qu'elle ait antérieurement coiffé l'actuel sommet de la La Viraysse). Plus au NW le plongement général des structures vers le NW fait qu'au nord-est de la faille du Ruburent le matériel de la Meyna s'enfonce probablement sous la nappe du Châtelet. Certes la surface de charriage de cette dernière n'est pas visible, sans doute masquée sous le quaternaire du Vallonnet (voir la page "Rocca Blanca"). Plus au SW sur cette même transversale la coupe de rive nord du ravin du Pinet (voir la page "Viraysse") montre, au SW de la faille du Ruburent, la présence sous la nappe du Châtelet des écailles du Pinet : il est assez plausible que ces dernières représentent les prolongements du matériel de la Meyna et, du même coup, les témoins les plus occidentaux de la nappe de Sautron. |
Au SE de la Meyna la disparition de la nappe de Sautron du côté français de la frontière (voir la page "Tête Dure") résulte de ce que tout le dispositif de nappes de charriage empilées (et ployées par l'anticlinal du Rouchouse) s'élève progressivement vers le SE, de sorte que l'érosion supprime dans cette direction le matériel des nappes les plus hautes, en faisant apparaître celles qui leur sont sous-jacentes.
consulter l'aperçu structural général
sur les montagnes
au SE de la Haute Ubaye |
redessinée sur la base de la carte géologique d'ensemble des Alpes occidentales, du Léman à Digne, au 1/250.000°", par M.Gidon (1977), publication n° 074
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Rochers de Saint-Ours |
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