Venterol, Montagne des Pluis |
Les trois localités d'Urtis, de Venterol et de Piégut s'alignent du sud-ouest vers le nord-est, à une altitude comparable, environ 450 m au dessus du lit de la Durance, au flanc nord de la large échine de la Montagne des Pluis, où les pentes de rive gauche de la rivière culminent aux sommets de Serre Brouchon et de Montsérieux. Cette montagne, boisée et à relief mou, sépare la vallée de la Durance de celle du Grand Vallon. Elle s'apparente à un crêt regardant vers cette dernière, c'est-à-dire vers le SE. Elle est constituée par la partie inférieure (Lias principalement) de la succession stratigraphique du Dôme de Remollon et représente la zone de raccord entre ce dernier domaine et celui de la nappe de Digne.
Au revers nord de ce crêt de la montagne des Pluis le cours de la Durance subit une inflexion progressive à convexité vers le nord, dont le maximum se situe aux alentours du village des Tourniaires, face au confluent de l'Avance.
Or on se trouve ici dans le flanc sud-oriental du vaste synclinal de Tallard, dont l'axe se relève doucement, à cette latitude, en direction de la voûte du Dôme de Remollon, ceci avec un pendage des couches grossièrement dirigé vers le nord-ouest. De ce fait à l'est de l'inflexion des Tourniaires (pentes de Piégut) la vallée coupe les strates presque orthogonalement et l'érosion y a dégagé plusieurs lignes de cuesta qui descendent obliquement vers le lit de la rivière.
Au contraire à l'ouest de Venterol la Durance tend à dégager les couches des pentes de sa rive gauche selon leurs surfaces. En particulier dans le secteur d'Urtis le pendage des strates est presque en conformité avec la pente topographique moyenne de la rive gauche de la Durance (orientée ici NE-SW). De ce fait la limite entre les marnes et les calcaires dessine sur la carte des V topographiques* accentués : cela s'exprime dans le paysage par un relief de chevrons (le plus souvent armés par l'Aalénien inférieur) pointant vers l'amont (c'est-à-dire vers le sud) que séparent des vallons (la plupart ouverts dans le Toarcien supérieur) qui s'élargissent vers le haut et s'étranglent en entonnoir vers le bas.
Les pentes de rive gauche de la Durance aux abords du Rousset, vues de la montagne de Crigne (rive droite de la Durance). ØD = surface de chevauchement de la nappe de Digne ; s.T = synclinal de Tallard : observer comment son axe, plongeant vers le nord (vers la gauche) traverse le versant en diagonale. N.B. : le Serre Brouchon, sommet occidental de la montagne des Pluis, est couronné par le Bajocien. >> noter les trois chevrons d'Urtis, de Picousteau et de Peynier, tous pointant vers la droite et armés par la barre de l'Aalénien inférieur (commentaires complémentaires à la page "Rousset"). |
La situation altitudinaire des principaux villages du versant NE de la montagne des Pluis y semble avant tout déterminée par le fait qu'elle correspond au niveau supérieur atteint par le glacier wurmien de la Durance : ce dernier y a créé une série d'épaulements rocheux armés par les niveaux les plus calcaires (essentiellement les calcaires argileux de l'Aalénien inférieur), et abandonné des alluvions morainiques qui y ont garni une ligne de replats cultivables.
C'est sur les placages d'alluvions glaciaires occupant la partie supérieure de ces vallons que sont installées les exploitations agricoles, tandis que les villages ont choisi de se blottir contre l'extrémité amont (méridionale) des échines rocheuses de la pointe méridionale des chevrons qu'arment les bancs (le plus souvent de l'Aalénien inférieur), qui séparent les vallons.
Enfin la partie sommitale de la montagne des Pluis est formée par les couches du Jurassique moyen, qui y sont presque horizontales ; celles du Bajocien y forment même deux chapeaux isolés (Serre Brouchon et Montsérieux) qui coiffent la crête à la façon de buttes témoins. En fait ces couches ne viennent pas dans le prolongement direct des pentes qui en descendent vers le bas (voir le cliché en haut de la page) : elles sont abaissées par rapport à ces dernières par la faille de Piégut, orientée WSW - ENE, qui court parallèlement à la crête, un peu au dessus du niveau des replats portant les villages.
Cette faille semble avoir un pendage proche de la verticale car elle traverse les échines et ravins sans dessiner de "V topographiques" notables : elle a donc eu vraisemblablement un jeu coulissant et, compte-tenu du rejet vertical qu'elle occasionne ce coulissement devrait être sénestre (puisqu'il a surélevé les couches de sa lèvre septentrionale, qui pendent plutôt vers l'ouest). Ces caractères de rejet et d'azimut sont ceux que présente aussi la faille du Grand Vallon, qui traverse l'autre versant 2 km plus au sud-ouest (voir la page "Gigors") : cela incite à penser que celle de Piégut est une cassure satellite de celle, majeure, du Grand Vallon. D'autre part le tracé de cette cassure la conduirait, vers l'est, à passer au sud des affleurements de schistes cristallins de Remollon, mais avant cela à rencontrer la faille N-S. de Remollon (voir la page "Remollon") . En fait on aboutit là à un nœud de cassures dont les relations sont totalement conjecturales car masquées sous les alluvions de la Durance. |
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La Saulce |
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Venterol |
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