La stratigraphie du Gapençais |
Le type de roche qui occupe la plus grande place dans le paysage du Gapençais est indéniablement constitué par les marnes du Jurassique supérieur, connues sous le nom de "Terres Noires".
Micaschistes de Remollon et d'Avanson. Leptynites et micaschistes à muscovite, séricite et chlorite, à foliation finement microplissée, admettant, à la chapelle Saint-Roch (Est de Remollon), des passées de conglomérats métamorphiques à galets gneissiques et arkosiques très cataclasés. Ces faciès évoquent ceux des micaschistes à grenats de la série supérieure du Vieux Chaillol (zone corticale du Pelvoux, feuille Orcières) d'àge probablement dévono-dinantien, métamorphisée avant le Viséen.
Trias inférieur :
Grès conglomératiques de base (environ 40 m). Corps
détritique siliceux reposant en discordance sur les micaschistes
d'Avancon à Chaussenoire et comportant de bas en haut:
-15 m de grès très grossiers, ferrugineux, à
dragées de quartz, en lits lenticulaires et entrecroisés.
Les premiers décimètres au contact du socle sont
mal consolidés et contiennent des galets de micaschiste
et de quartz, ces derniers pouvant présenter des facettes
éolisées;
-25m de grès fins plus lités, à mouchetures
de limonite et avec des surfaces de bancs à ripple marks,
passant progressivement vers le haut à des grès
schisteux et des schistes détritiques micacés.
Keuper:
Gypses blancs, à enclaves de calcaires noirs
et de dolomies cargneulisées dont certaines, au-dessus
des grès précédents, représentent
probablement des restes de l'horizon carbonaté du Muschelkalk
connu plus au Sud près de Barles (feuilles Seyne et La
Javie). L'épaisseur de ces gypses, qui dépasse 200
m dans la colline du Laus, est essentiellement d'origine tectonique.
Cargneules (Keuper). Dolomies caverneuses massives ou bréchiques, de teinte ocre, à enclaves argilo-gypseuses, développées surtout au sommet des gypses aux dépens d'un horizon dolomitique susjacent ou injectées le long de certaines failles traversant la base de la série liasique.
Dolomies (Keuper) (environ 50 m). Dolomies jaunes ou ocres, en bancs décimétriques alternant avec des argilites vertes ou violacées.
Spilites (Keuper - Rhétien) (0 à 30 m). Corps stratoïde lenticulaire, de teinte vert sombre, souvent à patine roussatre, de laves basiques massives ou criblées de vésicules généralement remplies de caleite secondaire, localement accompagnées de tufs et de brèches pyroclastiques. Il s'agit d'un cortège d'andésites et de téphrites à faciès paléovolcanique, mis en place sous forme de coulées subaériennes ou au sein de sédiments argilo-dolomitiques non encore diagénétisés.
Rhétien-Hettangien. Calcaires noirs et lumachelles
(environ 50 m). Ensemble de calcaires en bancs décimétriques
ou on distingue successivement:
- 30 m de calcaires à cassure noire, patine grise, riches
en lamellibranches, comportant dans la partie basale quelques
bancs de grès-quartzites fins à joints pélitiques
noirs (Rhétien);
- 20 m de calcaires en plaquettes ou bancs décimétriques
noduleux, avec des lamellibranches dans la partie basale et de
rares ammonites.
Sinémurien - Lotharingien. Calcaires lités gris (environ 300 à 350 m). Ensemble monotone de calcaires argileux à cassure sombre et patine grise, en bancs décimétriques à demi-métriques à joints ondulés.
Lotharingien supérieur. Calcaires à patine ocre (souvent rousseâtre) et marnes (environ 50 à 80 m). Alternances décimétriques de calcaires gris et de marnes à patine ocre, constituant un talus en retrait dans les parois de la formation de Serre-Ponson.
Carixien. Calcaires lités à patine ocreuse (environ 50 m). Calcaires noirs en bancs métriques, avec joints à patine ocre, formant une corniche au sommet de la formation de Serre-Ponçon. Dans la partie supérieure la plupart des surfaces de bancs sont ondulées, durcies et perforées et souvent riches en grandes ammonites et bélemnites.
Domérien. Marnes noires (300 à 600 m). Marnes noires micacées, donnant lieu fréquemment à des paysages de "bad lands" ravinées, montrant dans leur partie moyenne quelques bancs de calcaires roux.
Toarcien inférieur (et Toarcien moyen).
Toarcien inférieur proprement dit
Calcaires noirs (environ 50 m). Calcaires argileux en bancs
demi-métriques jointifs reposant sur la formation précédente
par une dizaine de mètres d'alternances avec des marnes,
constituant une corniche assez bien marquée au-dessus des
marnes domériennes.
Toarcien moyen proprement dit.
-Calcaires à patine rouille (environ 200 m). Calcaires
argileux en bancs demi-métriques jointifs peu apparents,
à cassure noire et patine franchement rouille, à
débit esquilleux, assez riches en posidonomies.
-Marno-calcaires gris (environ 100 m). Calcaires argileux lités,
à patine grise,.
Toarcien supérieur. Marnes noires (100 à 150 m). Marnes noires comportant à leur partie basale un horizon à miches calcaires très fossilifère.
Aalénien inférieur. Calcaires argileux lités (environ 250 m). Alternances métriques régulières mais peu contrastées de calcaires fins à cassure sombre et patine grise et de marnes gris sombre, constituant une cuesta caractéristique.
Aalénien supérieur. Marnes gris sombre (250 à 300 m). Marnes noires à patine grise, finement détritiques (quartz, mica), à posidonomies, avec quelques intercalations de miches calcaires.
Bajocien inférieur. Calcaires argilo-silteux (environ 200 m). Calcaires argileux noirs finement détritiques, en bancs demi-métriques à patine claire et à mouchetures rousses, à joints marneux décimétriques, formant une cuesta bien individualisée qui ceinture le dome de Remollon. Cette unité se termine à son toit par des alternances plus marneuses assurant la transition avec les Terres noires sur quelques dizaines de mètres d'épaisseur.
Bajocien supérieur à Oxfordien inférieur. Terres noires (environ 2 000 m au minimum). Très épaisse formation de marnes noires à patine brune, donnant fréquemment lieu à des paysages de "bad lands", dont la stratigraphie est difficile à préciser du fait de la rareté des niveaux-repères et des accidents tectoniques responsables de lacunes ou de redoublements (spécialement dans la zone des écailles parautochtones). La série n'est réellement continue que sur la retombée nord du dôme de Remollon, à l'ouest de la Bâtie-Neuve, où elle est maheureusement abondamment masquée sous des formations superficielles.
On y distingue de bas en haut:
- un premier ensemble d'environ 500 m de marnes noires
admettant dans leur partie basale des intercalations de bancs
de calcaires silto-argileux dans des marnes à patine gris
clair . Aux environs de Chorges, le sommet de cet ensemble est
souligné par un faisceau de bancs calcaires décimétriques,
épais d'environ 20 m, qui pourrait correspondre à
un niveau-repère carbonaté attribué au Bathonien
au Sud-Ouest de Gap;
- un second ensemble, d'au moins 1 000 m, montre des marnes
sombres s'enrichissant progressivement vers le haut en galettes
et miches calcaires et surtout en plaquettes et bancs décimétriques
de calcarénites granoclassées, à patine rousse.
Ces horizons détritiques constituent un membre sommital
d'environ 50 m d'épaisseur aux alentours de Prunières.
En direction de Gap, ce niveau détritique s'estompe progressivement
et paraît passer latéralement aux faisceaux de bancs
de "calcaires rouges" attribués au Callovien
plus à l'Ouest;
- un troisième ensemble, d'au moins 500 m, est formé
de marnes à fines plaquettes détritiques et à
miches calcaires qui affleurent aux abords du col de Manse ainsi
qu'à l'Est du Sauze où elles ont fourni des ammonites
de l'Oxfordien moyen. Le sommet de cet ensemble s'enrichit progressivement
en bancs de calcaires argileux de teinte chocolat.
Séries stratigraphiques observables essentiellement en rive gauche de La Durance, dans l'ordre de leur succession originelle, d'ouest (à gauche) en est (à droite). La colonne de droite correspond à celle de la nappe de Digne, celle immédiatement plus à gauche aux lobes chevauchants qui la jouxtent à l'ouest. Les deux plus occidentales sont celles des "séries réduites" autochtones. |
Fin de la description
stratigraphique du Gapençais
Pour les termes plus élevés
que les Terres Noires (enlevés par l'érosion
en Gapençais proprement dit) se reporter à la section
"Dévoluy"
ou à la colonne stratigraphique de l'autochtone des chaînons au NE de Sisteron
Compléter également par la page consacrée aux dépôts
quaternaires du Gapençais.
voir la page "structure du Gapençais"