Sinard - Monteynard

partie moyenne de la basse vallée du Drac

Le cours aval du Drac, d'orientation N-S, suit dans son ensemble la large combe de l'Aalénien qui frange du côté ouest les chaînons successifs du Conest au nord et du Sénépy au sud. Toutefois le lit du Drac n'y atteint en général le bedrock qu'en entaillant d'abord un puissant colmatage alluvial dont les restes déterminent des replats plus ou moins larges à flanc de vallée sur les deux rives.
La manière dont s'exprime ces rapports entre bedrock et couverture alluviale est particulièrement spectaculaire à la latitude de Monteynard, où le Drac reçoit en rive droite le ruisseau du Pérailler qui draine les eaux de la dépression d'Aveillans et sépare le Conest du Sénépy par une gorge transversale à la direction des couches.

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La rive gauche de la vallée du Drac, vue du tournant de la D.529 où s'embranche la route (D.116) de Treffort.
cgl (Riss) = conglomérats du remplissage de l'ancien cours du Drac passant à l'aplomb de Monteynard.

Le creusement de cette gorge n'est sans doute pas étranger au fait que c'est à son entrée orientale qu'aboutit, venant du NE, le tracé du décrochement de Pétichet. Ce dernier correspond assez bien à la limite nord-occidentale des affleurements de Houiller des environs d'Aveillans, laquelle se suit à flanc de versant jusqu'au château de La-Motte-les-Bains. Au-delà il n'y a pas d'indice qu'il emprunte la gorge du torrent et son azimut devrait plus vraisemblablement lui faire franchir, un peu plus au sud l'échine boisée par laquelle se termine là le chaînon du Sénépy : sans doute rejoint-il là le tracé de faille que la carte géologique "La Chapelle" trace, (avec un azimut plus E-W d'ailleurs) dans le revers ouest de cette échine.

Le confluent du ruisseau du Pérailler avec le Drac a été l'occasion pour le lit de ce dernier de dessiner un rentrant vers l'est et d'entailler ainsi la succession des couches du Lias de sa rive droite. Il y a de ce fait inscrit une gorge et à parois abruptes où il sinue avant de rejoindre le cours S-N qui est le sien plus en aval dans le secteur des villages de Commiers.

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La vallée du Drac à la hauteur de Monteynard vue d'avion, du sud-ouest, depuis l'aplomb de Sinard
d.P = décrochement de Petichet ; ØS = chevauchement du Sénépy (il se poursuit vers la gauche, mais il est complètement caché derrière la crête de la Montagne du Conest).
On a souligné de bleu la limite inférieure des terrains houillers, reposant ici sur le cristallin (sans y être pincés en synclinal), et en rouge la surface de la pénéplaine anté-triasique. L'une et l'autre de ces deux surfaces dessinent la même coupole très simple qui est la forme du Dôme de La Mure (elle est cependant accidentée de cassures mineures...).

C'est au niveau de Monteynard que la vallée du Drac se rétrécit le plus, entre le Bec d'Avignonet en rive gauche et celui de Neys en rive droite, ce pourquoi cet emplacement a été choisi pour y implanter le barrage de Monteynard. Ces deux reliefs saillants sont constitués par les calcaires très argileux et mal lités du Toarcien.

On peut se demander pourquoi ces couches, qui d'ordinaire, ne donnent pas de reliefs saillants, arment ces deux éperons affrontés. La raison en est un processus dit d"épigénie" qui consiste en ce que le lit du Drac lui a été imposé d"en haut" : en effet il s'est encaissé là alors que son tracé était guidé par les seules divagations qu'il décrivait, à l'époque où son soubasement rocheux était totalement noyé sous un colmatage alluvial quaternaire.

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La rive droite du Drac au barrage de Monteynard, vue depuis le belvédère EDF (pente septentrionale du Bec d'Avignonet).
all.fluv. = alluvions fluviatiles : "cailloutis de base" du colmatage fluvio-glaciaire de l'ancien lac du Trièves.
On trouvera des renseignements complémentaires sur cette localité dans le site du Patrimoine matheysin, à la page "Clapisse"

En effet un très important colmatage alluvial a noyé la combe aalénienne à l'occassion des dernières glaciations. Bien que le cours actuel du Drac l'ait profondément disséqué il est encore largement représenté en rive gauche : il y constitue le plateau de Sinard qui s'étend sur 3 km vers l'ouest, jusqu'à ennoyer le pied de la crête bajocienne. Il est suspendu plus de 300 m au dessus du lit du Drac et son soubassement rocheux n'affleure qu'à un niveau peu supérieur à celui du lit du Drac (à peu près au niveau de la surface de la retenue).

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La rive gauche du Drac au niveau du barrage de Monteynard vue du NE, d'avion
all.fluv. = alluvions fluviatiles : "cailloutis de base" du colmatage fluvio-glaciaire de l'ancien lac du Trièves (voir aussi la page "Monestier-Sinard").

Ces alluvions ont d'ailleurs rempli d'anciens cours fluviatiles du Drac ""Drac de Sinard", "Drac de Cros", "Drac de Monteynard"), qui s'étaient creusés dans le soubassement rocheux : leur position reconstituée est indiquée par des traits rouges sur la carte géologique "La Chapelle".


(extrait de Gignoux et Moret, Géologie dauphinoise, 1952, p.319, retouché d'après G. Monjuvent, 1978, p.197)
Coupe de la vallée du Drac à la latitude de Monteynard
N.B
: les hauteurs sont au moins doublées par rapport aux longueurs
Trois anciens cours ont été entaillés ici successivement dans le bedrock par les divagations du Drac ancien ; puis ils ont été noyés sous des colmatages alluviaux de type fluviatile à matériaux grossiers (qui se sont donc peut-être déposés à des époques de progression glaciaire). Le Drac de Sinard aurait été creusé à l'inter-glaciaire Riss-Würm, le Drac de Cros et le thalweg de Monteynard à l'inter-glaciaire Mindel-Riss (et auraient peut-être été remplis dès le début du Riss).
(pour une analyse plus poussée voir le site Les Paysages glaciaires)

Ce colmatage est constitué par les alluvions déposées dans le lac du Trièves qu'avait créé, à l'époque würmienne le barrage de la basse vallée du Drac par la langue glaciaire iséroise.


version plus grande de cette image

Les lacs d'obturation dans la vallée du Drac au Würm II.
hachures horizontales serrées = lacs de barrage par les langues glaciaires
hachures obliques = zones non englacées
les langues glaciaires sont désignées du nom de la vallée qu'elles empruntent.


L' énorme emplâtre alluvial qui se développe à cette latitude comporte trois niveaux très différents superposés.

- À sa base une puissante masse de cailloutis qui ont comblé la combe aalénienne anciennement évidée par le lit anté-wurmien du Drac. Leur induration au cours du temps (allant jusqu'à leur compaction en conglomérats) leur a apparemment conféré une forte résistance à l'érosion.

- Ces cailloutis supportent une épaisse chape d'argiles : on en attribue l'origine à une décantation des eaux d'un ancien lac du Trièves : ce dernier a été créé plus tardivement par le barrage naturel créé plus en aval par le glacier isérois lors de la crue glaciaire du maximum wurmien.

- Le tout est recouvert par du matériel glaciaire "morainique" qui a dû être amené par une langue diffluente de ce glacier, qui a progressivement remonté dans la basse vallée du Drac : son front devait tremper dans ce lac et sans doute atteindre, au maximum de la glaciation de Würm, la latitude de Monteynard. Ses matériaux s’épandaient sans doute dans le lac en se diluant dans ses eaux, car il est difficile d'imaginer que la langue glaciaire ait pu avancer sur les argiles sans les raboter.

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Les pentes de rive gauche du Drac à la latitude de Sinard, vues depuis Rouac, sur la rive est du lac de retenue.
Les coulées d'argiles lacustres provenant des couches couronnant les cailloutis fluviatiles descendent bien en contrebas de ceux-ci, en s'engageant dans le vallonnement d'Harmalière, qui les a entaillé avant de servir à l'évacuation des coulées.

C'est à la présence de ces argiles lacustres que ce secteur doit d'être affecté de nombreux et larges glissements de terrain. Ceux-ci ont initialement été déclenchés par le sapement des cailloutis de la rive gauche du Drac ainsi que par les ravines qui se sont ensuite creusées de façon remontante à partir de cette dernière, jusque dans les cailloutis basaux. Certains affectent même la partie la plus éloignée du lit du Drac (comme celui de l'Harmalière, qui remonte par crevasses successives jusqu'à 1 km du chef-lieu de Sinard


Détails des glissements de terrain de l'Harmalière, vus du S-SE, depuis les abords de Marcieu.

 

 


cartes géologiques au 1/50.000° à consulter : feuilles Vif et Vizille


Carte géologique simplifiée,
redessinée sur la base de la carte géologique d'ensemble des Alpes occidentales, du Léman à Digne, au 1/250.000°", par M.Gidon (1977), publication n° 074


Vif

(Vizille)

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