Rosans, Saint-André-de-Rosans

vallées des sources de l'Eygues

Les localités de Rosans et de Saint-André sont construites respectivement sur les pentes septentrionales et méridionales, d'une vaste cuvette essentiellement occupée par des marnes bleues apto-albiennes (mais dont une butte-témoin de calcaires turoniens occupe le coeur).

Cette cuvette correspond en fait à la rencontre de deux "vals" jurassiens*, l'un et l'autre très évasés qui sont ouverts dans deux synclinaux obliques l'un à l'autre d'environ 40° :
- Le synclinal de Rosans, orienté W-E (plutôt N85°E), qui se poursuit par L'Épine en direction de Serres ;
- Le synclinal de Sironne, orienté NW - SE (plus précisément N120°E), qui s'amortit vers le NW aux environs de Rosans.

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La vallée supérieure de l'Eygues et de son affluent la Lidane, vues du SW depuis un avion de ligne (cliché original obligeamment communiqué par M. Th. Dumont) ; cliché avec toponymie, sans géologie.
s.M = synclinal de Montmorin ; ØR = chevauchement de Raton ; s.R = synclinal de Rosans ; a.B = anticlinal du Beaumont ; s.S = synclinal de Sironne ; a.S = anticlinal de Soubeyrand.
tn = Terres Noires et Argovien ; Ti+ = barre tithonique (y inclus Séquanien et Berriasien); = Néocomien (Valanginien à Barrémien inclus) ; mbl+ = marnes bleues et Cénomanien ; Tu = calcaires turoniens.

Les axes de ces deux plis s'entrecroisent à peu près à Saint-André-de-Rosans, localité dominée par une butte témoin du coeur originel de ces plis, constitué de Crétacé supérieur. Ils y sont en outre tranchés (transversalement vis-à-vis du second) par le décrochement sénestre de Maraysse (voir la page "L'Épine"). Le passage de cette faille a également pour effet que les calcaires du Barrémien du flanc sud du synclinal de Sironne sont surhaussés au sud du village : ils y forment un éperon saillant, le petit sommet du Coustouran, qui en ferme du côté occidental les molles prairies à soubassement marneux.


Saint-André-de-Rosans vu du sud - sud-ouest, depuis les pentes du Coustouran.
d.M = décrochement de Maraysse - Coustouran : il traverse la montagne du Risou, qui est une butte témoin du coeur de Crétacé supérieur (marno-calcaires du Cénomanien et calcaires blancs du Turonien) du synclinal de Rosans.

La localité de Saint-André-de-Rosans se signale en outre par une curiosité sédimentologique qui est connue sous le nom de "boules de Rosans". Il s'agit de sphéroïdes de taille métrique et de nature gréseuse que l'érosion a par places dégagés de leurs gangue. Ils sont simplement mieux cimentés que le reste du grès, apparemment plus tendre ou plus altérable, formant le banc qui les héberge.

Le processus précis de formation de ces boules est - à ma connaissance - énigmatique. Mais il consiste sans doute, comme pour les "miches" que l'on trouve par exemple dans les marnes des Terres Noires, dans le fait que la cimentation (qui a ici transformé le sable en grès) a dû progresser de l'intérieur vers l'extérieur à partir d'un germe central (dans les miches il s'agit assez souvent d'une coquille d'ammonite).

Le niveau de bancs gréseux qui fournit ces boules est intercalé dans les marnes bleues, où il marque à peu près la base de l'étage Albien (pour cette raison il est connu sous le nom de "grès sus-aptiens").

Boules dégagées, à la surface du banc des "grès sus-aptiens".
Boules en place, à l'intérieur du banc des "grès sus-aptiens".

La bourgade de Rosans se trouve plus précisément au pied des pentes du versant sud de la montagne de Raton. Cette dernière est un crêt* jurassien typique, dont le revers est très raviné parallèlement à la direction d'inclinaison des couches.

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Les pentes du chaînon de Raton, au nord-est de Verclause vues du sud-ouest depuis le sommet de la butte du village de Verclause.
Le flanc nord du synclinal de Rosans, doucement incliné vers le sud, est coupé de quelques failles N-S, dont le décrochement de Rosans (d.R) qui décale le crêt tithonique du chaînon de Raton.

Comme très souvent dans les Baronnies le crêt principal, armé de Tithonique, est redoublé du côté de son revers par un crêt secondaire,, formé par les calcaires de l'Hauterivien et du Barrémo-bédoulien qui est plus discontinu car crevé par des ravines et qui dessine des chevrons sur le versant.

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Le versant méridional de la Montagne de Raton vu de l'est depuis la route D 25, au sud du col de la Fromagère (point coté 1050)
D'ici le flanc nord du synclinal de Rosans est vu d'enfilade. Il montre bien le dédoublement du revers de son crêt bordier par la combe monoclinale du Valanginien.

 

 

 



Carte géologique très simplifiée des environs de Rosans.
redessinée sur la base de la carte géologique d'ensemble des Alpes occidentales, du Léman à Digne, au 1/250.000°", par M.Gidon (1977), publication n° 074 
contexte régional de ce fragment de carte

cartes géologiques au 1/50.000° à consulter : feuille Serres


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