Aperçus sur la géologie des Baronnies |
A/ Images de l'organisation structurale d'ensemble
La vue "pseudo-aérienne" suivante, prise d'est en ouest, montre l'ensemble des Baronnies dans ses relations avec les secteurs voisins :
image sensible au survol et au clic (image nue)
L'ensemble des Baronnies, vues d'est en ouest dans leur environnement (d'après une image extraite de "google-earth"). .
Le Diois est en haut à droite, au nord d'une ligne Gumiane, La Motte-Chalancon, La Charce et Serres.
En haut à gauche le bassin miocène rhodanien (dépôts tertiaires en jaune); en bas à droite la dépression de Laragne (entre Buëch et Durance), où l'érosion a mis partout à nu les Terres Noires jurassiques.
En bleu les Terres Noires jurassiques (apparaissant dans les secteurs anticlinaux) . En vert clair les couches essentiellement marneuses du Crétacé moyen et supérieur (= contenu des vals synclinaux).
On a seulement indiqué les quatre principales lignes de dislocation par failles ; du sud (à gauche) au nord (à droite) : Le chevauchement frontal de Ventoux - Lure ; l'anticlinal rompu de Montlaud - Clavelières ; le chevauchement d'Angèle et son prolongement nord l'accident de Couspeau ; le chevauchement de Raton.
Les deux vues ci-après, prises de haute altitude (env. 8000 m.) d'ouest en est depuis un avion de ligne, montrent l'ensemble de la moitié occidentale des Baronnies (la partie orientale des Baronnies et les chaînons de rive gauche de la Durance y sont visibles mais trop lointains pour en permettre le déchiffrage). On y a reporté d'une façon un peu plus détaillée les tracés des principaux éléments structuraux qui charpentent ces chaînons.
image sensible au survol et au clic (>image nue)
La partie occidentale des Baronnies méridionales et le chaînon de Ventoux-Lure : vue d'ensemble, d'ouest en est, depuis un avion de ligne (cliché original obligeamment communiqué par M. Th.Dumont).
a.Se = anticlinal de Serres ; s.R = synclinal de Rosans ; a.So = anticlinal de Soubeyran ; s.sJ = synclinal de Sainte-Jalle ; a.M = anticlinal de Montlaud ; s.sA = synclinal de Saint-Auban ; a.G = anticlinal de Gravas ; s.M = synclinal de Mévouillon ; a.B = anticlinal du Buis ; s.E = synclinal d'Eygaliers ; ØB = chevauchement de Bluye ; ØV = chevauchement du Ventoux ; ØL = chevauchement de Lure ; d.S = décrochement de Sault.
image sensible au survol et au clic
La partie occidentale des Baronnies septentrionales : vue d'ensemble, d'ouest en est, depuis un avion de ligne (cliché original obligeamment communiqué par M. Th.Dumont).
Les zones principales d'affleurements de marnes du Jurassique supérieur (bandes anticlinales) sont représentées en bleu émeraude et le Crétacé moyen des vals synclinaux (marnes bleues principalement) est figuré en vert.
a.Se = anticlinal de Serres ; s.R = synclinal de Rosans ; a.So = anticlinal de Soubeyran ; s.sJ = synclinal de Sainte-Jalle ; a.M = anticlinal de Montlaud ; s.sA = synclinal de Saint-Auban ; a.G = anticlinal de Gravas ; s.M = synclinal de Mévouillon ; a.B = anticlinal du Buis ; s.E = synclinal d'Eygaliers ; ØB = chevauchement de Bluye
La vue ci-après complète les deux précédentes en montrant la partie orientale des Baronnies méridionales et ses rapports avec la marge occidentale du Pays Dignois (on en trouvera des extraits, agrandis et commentés du point de vue géologique, dans plusieurs pages locales) :
image sensible au survol et au clic
La partie orientale des Baronnies méridionales, vue de l'ouest depuis un avion de ligne (cliché original obligeamment communiqué par M. Ph. Journet)
B/ Présentation d'ensemble de l'organisation structurale
Extraits de :
Remarques stratigraphiques, paléontologiques
et structurales sur la région de Séderon par Jacques Flandrin |
Le secteur des Baronnies qui est représenté sur la carte occupe à peu près les deux tiers septentrionaux de celle-ci. Il comprend une succession de chaînons et de dépressions parallèles, allongés suivant une direction E-W, où s'observe la série continue des étages allant de l'Oxfordien au Turonien probable. Le Sénonien et l'Éocène inférieur sont inconnus mais l'Éocène moyen et supérieur, l'Oligocène et le Miocène inférieur sont représentés par des témoins importants de sédiments qui reposent en transgression et discordance sur les différents termes antérieurs. Le Crétacé inférieur de cette région correspond à des dépôts calcaires ou calcaréo-argileux relativement peu épais, d'origine principalement pélagique et thalassogène, qui représentent le type des sédiments de faciès dit " vocontien ".
Les chaînons des Baronnies, généralement étroits, correspondent soit à l'axe, soit plus souvent aux flancs des anticlinaux. Leurs lignes de crêtes sont ordinairement formées par la barre des calcaires tithoniques qui constitue le trait morphologique le plus marquant du paysage. Dans les anticlinaux les plus ouverts (Izon, Séderon, Lc Plan), les Terres Noires oxfordiennes donnent, par inversion du relief, des dépressions occupant le coeur de ces structures. L'altitude moyenne des lignes de crêtes est de 1.300 m, leur point culminant atteignant 1.622 m à la Montagne de Lure.
Les principales dépressions du secteur des Baronnies correspondent aux trois grands synclinaux représentés sur la carte. Elles sont parcourues par l'Ouvèze (synclinal de Montauban), par le Charuis, le ruisseau de Villefranche et la Méouge (synclinal de la Méouge) et par le Toulourenc et le Jabron (synclinal de Montbrun-Jabron). Les altitudes les plus basses de ces différentes vallées sont respectivement de 674 m pour l'Ouvèze, de 620 m pour le Charuis. la Méouge et le Jabron et de 530 m pour le Toulourenc.
La chaîne de Lure correspond à un vaste monoclinal à pendage S, fracturé mais non plissé, qui représente le flanc normal d'un grand anticlinal chevauchant dont le flanc N, inverse, est totalement laminé. Le bord septentrional de ce monoclinal, donné par la puissante assise des calcaires barrémiens, dessine une longue crête d'orientation méridienne qui domine le pays des Baronnies. Le point culminant de la chaîne de Lure (1.827 m à la Montagne de Lure proprement dite) se situe sur la feuille voisine de Sisteron. Sur la carte de Séderon la crête atteint son altitude maximale an Sommet de 1'Homme (1.637 m) près de la bordure orientale de la feuille. A partir de ce point, Son altitude décroît progressivement vers l'W , pour ne plus atteindre que 1.375 m au sommet occidental de la Montagne d'Albion. Plus à l'W encore, la crête de Lure est interrompue par le fossé d'effondrement d'Aurel, au-delà duquel débute la chaîne du Ventoux. Un autre fossé, de moindre importance, affecte le monoclinal de Lure dans le coin SE de la carte : c'est le fossé des Girons qui constitue le prolongement septentrional du champ de fractures de Banon. Les terrains qui se montrent en affleurements dans la chaîne de Lure forment une première série continue allant de la partie terminale de l'Argovien au Bédoulien. Au-dessus, les assises plus récentes du Crétacé sont soit absentes, soit représentées par des formations transgressives, tels l'Albien du fossé des Girons et le Cénomanien du fossé d'Aurel. Le Turonien. Le Sénonien et l'Éocène sont inconnus. L'Oligocène et le Burdigalien, représentés par des dépôts transgressifs, ne sont conservés que dans le fossé d'Aurel. Le Bédoulien et le Barrémien de Lure et pour une moindre part l'Hauterivien sont représentés par des assises essentiellement calcaires qui diffèrent par leur très forte épaisseur et par leur faciès nettement moins pélagique, des formations de même âge des Baronnies. La dénomination de formations à faciès " provençal " peut être attribuée à ces assises calcaires qui se poursuivent sans modification sensible de constitution dans les Monts du Vaucluse et la chaîne du Luberon
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TECTONIQUE
Le trait structural dominant de la région de Séderon est le chevauchement de la série " provençale " de Lure sur la bordure méridionale de la série " vocontienne " des Baronnies. Par suite du développement des éboulis le contact anormal par lequel se traduit ce chevauchement n'est réellement visible qu'en quelques points. D'W en E il peut être observé :
- dans la région de la Conche. au NW de Reilhanette,
et dans celle du Moulin, à 1'W de Barret-de-Lioure (Barrémien/Sannoisien);
- à Macuègne-bas et au S de la Tuilière (Bédoulien/Gargaso-Albien
et Cénomanien);
- dans la région de la Gourre (Barrémien/Bédoulien,
Gargasien et Albien);
-- au NW des Adrets (Hauterivien/Barrémo-Bédoulien
et Gargaso-Albien);
- au SE de Montfroc où, par l'intermédiaire d'une
écaille frontale de Néocomien, le Séquanien
vient en contact de l'Albien et du Cénomanien du synclinal
du Jabron. Au-delà de ce dernier point et jusqu'à
la limite orientale de la carte, le contact anormal est entièrement
masqué par les formations superficielles.
Ainsi que le montrent la carte et les coupes, le chevauchement de Lure est simple à 1'E de Montfroc et s'écaille de façon plus ou moins complexe entre le ravin de Paillar et la bordure occidentale de la feuille. La localisation de cet écaillage frontal n'est vraisemblablement pas originelle. Elle doit être liée à l'ennoyage de l'anticlinal de Lure vers l'W, ennoyage ayant permis aux écailles d'être conservées dans le secteur occidental abaissé alors qu'elles étaient détruites par l'érosion dans le secteur oriental surélevé .
Au S du contact anormal, le monoclinal de Lure correspond au flanc normal d'un vaste anticlinal dont le flanc N. inverse, a été laminé de façon à peu près totale. I1 ne reste de ce dernier que quelques témoins dont la valeur est d'ailleurs discutable car les panneaux renversés que l'on serait tenté de lui attribuer peuvent correspondre à de simples replis frontaux (coupes I, III, IV, V, VI et IX).
L'amplitude du chevauchement de Lure, qu'aucune observation directe ne permet de mesurer, ne peut être évaluée que de façon approximative. Là où le contact anormal est visible, son inclinaison toujours voisine de la verticale conduirait à n'accorder qu'une ampleur assez faible au chevauchement. Cette interprétation ne peut toutefois pas être retenue car différents arguments la condamnent. Tout d'abord le sondage exécuté par la COPEFA (Compagnie des Pétroles France-Afrique) au S de Valbelle, sur la carte voisine de Sisteron a montré que le plan de chevauchement principal, qui est presque vertical au voisinage de la surface du sol, présente une inclinaison de l'ordre de 30° à 40° à la profondeur de 1.700 m. Par ailleurs, la différence de faciès considérable qui existe, pour les étages hauterivien, barrémien et bédoulien, entre la série de Lure et celle des Baronnies est trop brutale et trop forte pour ne pas impliquer un important déplacement tangentiel de l'anticlinal de Lure. Quelle que soit la rapidité avec laquelle les variations de faciès peuvent se réaliser dans de nombreux cas, il paraît impossible d'admettre, en particulier pour des formations calcaires non détritiques ni récifales, le passage brusque, en quelques centaines de mètres, d'une série de 400 m d'épaisseur à une série offrant une puissance de 1.400 m. Enfin, l'oblitération totale du synclinal du Jabron sous l'écaille frontale de Chanssari, entre Montfroc et la Tuilière, son écrasement complet ou au moins très prononcé entre la Tuilière et l'W de Barret-de-Lioure et l'affrontement de la série de Lure avec le flanc S de l'anticlinal de Séderon (coupe IV, V et VI) montrent avec certitude que la Montagne de Lure ne jouxte pas la bordure méridionale des Baronnies par l'intermédiaire d'une simple faille plus ou moins verticale mais se superpose à elle par suite d'un chevauchement important. Ce sont ces différentes raisons qui m'ont conduit à incliner, sur mes coupes, la surface de contact anormal de Lure beaucoup plus fortement en profondeur qu'au voisinage du sol. Cela répond d'ailleurs à la règle suivant laquelle, pour la plupart des grands accidents bordiers, l'amplitude des chevauchements s'accroît de la profondeur vers la surface en même temps que se redressent les surfaces de contact.
En ce qui concerne les grandes failles du monoclinal de Lure, je soulignerai seulement qu'elles ne décrochent jamais l'accident frontal et qu'elles ne se poursuivent pas au N de celui-ci. Leur antériorité par rapport à cet accident doit donc être admise. Une exception pourrait peut-être être faite pour la faille bordière orientale du bassin de Montbrun qui se place assez exactement dans le prolongement du grand décrochement limitant à 1'E la Montagne du Buc. Il faut signaler toutefois que les assises tertiaires et crétacées de l'extrémité orientale du bassin de Montbrun ne sont pas affectées par ces accidents et que les deux failles présentent des " regards " et des sens de rejet inversés. Sans doute une déformation profonde du socle a-t-elle déterminé la localisation et l'orientation de ces deux accidents sans que le moment de leur formation ait été le même.
Par leur complexité et par leur style les déformations du secteur des Baronnies s'opposent entièrement à la structure de la Montagne de Lure. La faible épaisseur des assises franchement calcaires, qui ne constituent pratiquement que de minces intercalations au sein des marnes qui les encadrent, et l'existence, à la base de la série, des puissantes formations plastiques de l'Argovien et de l'Oxfordien (prolongées en profondeur par celles du Callovien et du Bathonien) ont permis et déterminé la formation de plis extrêmement souples dans la genèse desquels les phénomènes d'écoulement ont dû jouer un rôle primordial, en l'absence de terrains antérieurs au Bathonien et au Callovo-Oxfordien, il n'est pas possible de reconnaître, sur l'étendue de la feuille Séderon. si un décollement général de la série s'est produit au niveau des "Terres noires". L'étude des régions voisines d'Eyguians et de Montrond, où des anticlinaux bajociens apparaissent à leur place en dessous du Bathono-Oxfordien, tendrait à montrer qu'un tel décollement généralisé ne s'est pas réalisé. En revanche la structure des chaînons des Baronnies témoigne d'une nette dysharmonie entre les " terres noires" et les formations plus récentes, les premières montrant presque toujours une avance tectonique plus ou moins prononcée vis-à-vis des secondes et déterminant, par leur extravasion, le déversement, l'étirement et le laminage des assises superposées.
Contrairement à l'impression qui pourrait résulter de la place que tient le Tithonique dans la morphologie locale, on doit reconnaître que celui-ci n'a joué qu'un rôle passif dans la genèse des plis tandis que le rôle moteur a été tenu essentiellement par les " terres noires".
Ainsi que l'indique la notice de la carte le trait structural principal des plis des Baronnies réside dans l'existence de larges synclinaux en " blague à tabac" séparés par des anticlinaux généralement étroits, à flancs S plus ou moins déversés, étirés et laminés. Cette règle n'est toutefois pas absolue. C'est ainsi que le bassin oligo-miocène de Montbrun montre des replis verticaux aigus qui contrastent avec la simplicité structurale des grands synclinaux de Montauban, de la Méouge et du Jabron. Pour les anticlinaux. ceux d'Aulan, de Séderon et du Plan, qui correspondent aux culminations d'un même axe, et l'anticlinorium d'Izon présentent une largeur notable et se différencient par là des anticlinaux étroits des Tunes, de Pelleret, de Chanteduc et de Taillas. A l'exception de celui d'Aulan, leurs flancs S demeurent toutefois toujours plus ou moins déversés, étirés et laminés comme ceux des anticlinaux pincés.
Malgré leurs déformations et leurs abaissements et surélévations d'axes, malgré aussi les grands décrochements qui les affectent, les plis de la région de Séderon montrent une grande continuité et peuvent être suivis pour la plupart d'un bord à l'autre de la carte.
Au S du synclinal de Montauban et du synclinal de Laborel, que sépare le grand décrochement du col d'Olun-Montagne de Chamouse, un premier axe anticlinal correspond à l'alignement des anticlinaux de la Rochette du Buis, de la Montagne du Croc, de Pelleret, de l'Adret de la Rousse, d'Izon, du col Saint-Jean et de la Dragonnière. Cet axe anticlinal, qui prend naissance en dehors de la carte à quelques kilomètres au NW de la Rochette du Buis, est tout d'abord déversé vers le N (gorges du Charuis) puis prend une allure légèrement coffrée et enfin se déverse fortement vers le S en même temps que se lamine son flanc méridional. Simple depuis son origine jusqu'à hauteur approximative de Pelleret, cet anticlinal est affecté plus à l'E de replis qui atteignent leur maximum de complexité dans l'Adret de la Rousse et à Izon. Dans cette dernière région. les témoins de Tithonique et de Néocomien conservés au-dessus des " Terres noires " flottent littéralement sur celles-ci en dessinant des replis synclinaux que les marnes argileuses de l'Oxfordien laminent et traversent comme le feraient des formations salifères. A partir de la crête de la Bruisse le flanc S de l'anticlinal réapparaît, tout d'abord renversé puis affecté de replis. il se normalise à partir du col Saint-Jean et c'est alors le flanc N qui est affecté d'étirements prononcés allant jusqu'au laminage total.
Au S de ce premier axe anticlinal apparaît à la bordure occidentale de la carte, l'anticlinal fortement déversé de la Montagne des Tunes qui s'ennoie très rapidement en direction de 1'E sous le synclinal de la Méouge. Bien que son prolongement sous ce dernier ne se traduise par rien et ne puisse par conséquent pas être suivi, il est possible de rapporter à ce même axe l'anticlinal, tout d'abord simple puis fortement chevauchant et complexe qui prend naissance à l'E de Lachau et se développe dans la Montagne de Chanteduc et le Bois de Ginestou.
Dans toute sa partie centrale, entre Gresse et l'W de Lachau, le synclinal de la Méouge présente la structure-type des synclinaux en "blague à tabac" des Baronnies, à fond relativement plat et à flancs rebroussés (coupes II à VI). Ce rebroussement, provoqué par le déversement plus ou moins prononcé des anticlinaux bordiers, est localement exagéré par les phénomènes de "collapse structure " qui ont accentué ultérieurement le renversement des couches. À ses deux extrémités, ce synclinal se relève et se vide partiellement en même temps qu'il se divise en deux branches. par suite de la surrection des anticlinaux de la Montagne des Tunes et de la Montagne de Chanteduc. Il se prolonge ainsi à l'W par le petit synclinal de Ville-Vieille, pincé sous le chevauchement des Tunes et par le synclinal de la Rochette du Buis (coupe 1), et à l'E par le synclinal des Damians, également renversé sous la Montagne de Chanteduc, et par celui de Salérans (coupes VII à IX).
Le synclinal de la Méouge est bordé au S par l'axe anticlinal d'Aulan- Séderon-le Plan-Montagne de Mare qui se suit sans interruption d'un bord à l'autre de la carte. Très surbaissé dans la région d'Aulan, où le Tithonique et le Séquanien n'apparaissent qu'à la faveur de la boutonnière d'érosion du Haut-Toulourenc, cet axe se relève fortement en direction de l'E dans la Montagne du Buc où affleurent. dans la dépression de Bigonnet, les Terres Noires du sommet de l'Oxfordien. Ce rapide relèvement d'axe est provoqué en partie par la grande faille du Buc qui. suivant la règle à peu près générale de la région, provoque la remontée de son panneau occidentale par rapport à son panneau oriental en même temps qu'un déplacement horizontal vers le N .
L'anticlinal de Séderon proprement dit débute à l'E de cette faille: son flanc N demeure relativement simple, malgré les nombreux décrochements et les quelques laminages qui l'affectent au voisinage de Séderon, mais son flanc S présente une extrême complexité. Dans tout le secteur compris entre le méridien de Macuègne-haut et celui des Freyssinières, de part et d'autre de la route traversant le coeur de la structure. ce flanc est soit totalement laminé, soit réduit à des lambeaux très écrasés tels ceux du vallon du Raïs. Il convient de ne pas attribuer à ce flanc S, comme le fait la carte au 80.000e, la crête de Macuègne-haut et l'amas des calcaires de la Tuilière.
La première correspond à un anticlinal distinct de celui de Séderon, dont il est séparé par un synclinal a remplissage de Néocomien s. lato et de Gargasien, les seconds à un " paquet glissé " provenant sans doute d'un ancien lambeau de ce flanc S mais ne représentant plus ce flanc lui-même. Par suite de leur glissement vers le S, ces calvaires très démantelés de la Tuilière reposent en effet sur I'axe et le flanc S de l'anticlinal de Macuègne-haut ainsi que sur une partie du synclinal, ici très étroit, du Jabron-Montbrun. Le chevauchement, ou mieux le " débordement ", vers le S de l'anticlinal de Séderon atteint son maximum dans la région de la Gourre où l'Oxfordien vient en contact des " marnes bleues" gargaso-albiennes du synclinal situé plus au S. C'est dans ce secteur que l'avancée du chevauchement de Lure met, sinon en contact même, du moins rapproche à moins de 100 m le Barrémien de l'écaille de Chanssali de l'Oxfordien de l'anticlinal de Séderon.
A 1'E des Freyssinières, le flanc S de l'anticlinal de Séderon se reconstitue sur quelques kilomètres pour donner la crête de Venté-Cul puis se lamine à nouveau dans le secteur compris entre la Montagne de Paille et l'anticlinal du Plan. Dans ce dernier. comme dans l'anticlinal de Séderon, le flanc N est normal tandis que le flanc S, dont tous les termes sont fortement laminés, présente le long de la crête du Bois de la Fayée un déversement tout d'abord très prononcé puis progressivement moins accentué aux abords de la faille occidentale de la Montagne du Pied du Mulet. Au S de celle-ci, une faille plate, d'abord masquée sous les éboulis puis très visible dans la petite vallée descendant du col de Verdun et se poursuivant le long de la Montagne de Mare, provoque le chevauchement du flanc méridional de l'anticlinal au-dessus du synclinal qui le borde au S (coupe IX). Aux abords de la limite orientale de la carte, ce flanc se normalise à nouveau et dessine, vers 1'E et le S. l'enveloppe du diverticule synclinal de Chauveiron.
L'unité synclinale qui succède vers le S à l'anticlinal d'Aulan - Séderon, le Plan-Montagne de Mare débute a l'W par le synclinal très simple et largement ouvert de l'Ubac de Courge dont l'axe est occupé par les "marnes bleues" du Gargaso-Albien (coupes I et II). Vers l'E, ce synclinal se vide progressivement par relèvement d'axe puis disparaît totalement, au niveau de Barret-de-Lioure, sous le chevauchement de l'anticlinal de Séderon. Il réapparaît plus à 1'E, de part et d'autre de la route de Séderon, où son remplissage comporte les différents termes du Néocomien s. lato et des témoins de "marnes bleues" mais où ceux-ci se montrent très écrasés entre le flanc S, lui-même laminé, de l'anticlinal de Séderon et l'anticlinal de Macuègne-haut. Au NE de la Gourre, il se lamine presque totalement entre les deux chevauchements opposés de l'écaille de Chanssari et de l'anticlinal de Séderon et, jusqu'à l'anticlinal du Plan, il ne constitue plus qu'une gouttière étroite, plus ou moins déversée et écrasée, dont l'axe est occupé par les marnes valanginiennes. Au S de l'anticlinal du Plan, le synclinal comporte à nouveau des calcaires du Barrémo-Bédoulien et des " marnes bleues" du Gargaso-albien mais son flanc N demeure renversé et écrasé tandis qu' une faille longitudinale provoque la disparition locale de son flanc S. Au S du Bois de la Fayée, il se rétrécit et se vide partiellement, puis retrouve une certaine largeur à la Bergerie des Moulières, se rétrécit à nouveau au SW de la Montagne de Mare et enfin s'étale une dernière fois avant d'atteindre la limite de la carte en se divisant en deux branches que sépare le repli anticlinal de Chauveiron. La branche N, assez large mais peu "profonde " se vide avant d'atteindre la bordure de la feuille; la branche S constitue le synclinal de " sous les Roches " qui comprend des " marnes bleues" à son axe et que chevauche progressivement l'anticlinal de Chauveiron jusqu'à mettre en contact ces marnes avec les calcaires du Tithonique .
L'unité anticlinale qui borde au S la zone synclinale précédente se suit également d'un bord à l'autre de la carte malgré sa grande complexité structurale. Elle débute par l'anticlinal tithonique et berriasien assez simple de l'Ubac de Vic dont le flanc S est seulement affecté par une faille longitudinale qui provoque l'affaissement de son revers méridional (coupe I). Cet anticlinal s'ennoie assez rapidement à l'E de la route d'Aulan à Montbrun mais peut toutefois être suivi jusqu'au SW de la Côte Massaline grâce à une bande de marnes valanginiennes qui matérialise le tracé de son axe. Au S et à l'E de Barret-de-Lioure, l'anticlinal disparaît totalement par ennoyage sous le double chevauchement de Lure et de l'anticlinal de Séderon (coupe III) puis il resurgit pour donner le chaînon dominant Macuègne-haut. Entre la Tuilière et la Gourre, il est réduit à quelques dizaines de mètres d'épaisseur de calcaires séquaniens, tithoniques et berriasiens écrasés puis, à l'E de la Gourre, il se lamine totalement en passant sous l'écaille de Chanssari. Il réapparaît brusquement au NE de celle-ci, au point 1260. et présente à partir de là. et jusqu'au niveau de la Souirasse. une structure affectée de replis. d'étirements et de failles dont la carte et les coupes VI à VIII montrent la complexité mais qui se refuse à toute description. À l'E de la Souirasse et jusqu'à la bordure orientale de la carte l'anticlinal redevient simple et montre une terminaison périclinale à plongement E que n'affectent plus que les fractures transversales de Saint-Vincent-sur-Jabron. La dernière unité tectonique des Baronnies est représentée par le grand sillon synclinal du Jabron-Montbrun que chevauche au S la Montagne de Lure. On peut y distinguer structuralement trois secteurs : un secteur occidental correspondant au bassin de Montbrun, un secteur central ou le synclinal se rétrécit et se lamine plus ou moins complètement entre l'axe anticlinal précédent et le chevauchement de Lure et un secteur oriental correspondant au synclinal du Jabron.
Le bassin de Montbrun constitue une cuvette d'environ 6 km de longueur W-E et de 2 km de largeur dont la majeure partie est occupée par les dépôts de l'Oligocène et du Miocène inférieur. Sur son versant N. ce bassin laisse apparaître son soubassement crétacé dont les assises se relèvent normalement en bordure de l'anticlinal de l'Ubac de Vic. Sur son flanc S en revanche, les formations tertiaires sont directement en contact avec les assises barrémiennes et bédouliennes de la chaîne Lure-Ventoux. Enfin, les dépôts oligocènes et miocènes du coeur du synclinal dessinent un synclinal aigu à flancs subverticaux dont le style s'apparente à celui de l'Ubac de Courge mais diffère de celui de tous les autres grands synclinaux de la région (coupe I). La largeur du bassin est maxima au N du fossé d'Aurel qui correspond à une zone de moindre avancée du chevauchement de Lure. La faille qui borde ce fossé à l'W s'arrête au chevauchement frontal qui lui est postérieur et ne peut pas être suivie à l'intérieur du bassin; par contre, la faille limitant ce même fossé à l'E a rejoué lors du chevauchement de Lure, auquel elle passe d'ailleurs en direction du NE, et provoque le brusque rétrécissement oriental du bassin.
A partir de la région du Moulin et jusqu'au voisinage de Montfroc, le synclinal Jabron-Montbrun ne constitue plus qu'une gouttière étroite plus ou moins fortement pincée entre l'axe anticlinal de l'Ubac de Vic-Taillas et le chevauchement frontal de Lure. Son laminage devient même total au niveau de Barret-de-Lioure et de l'écaille de Chanssari. Dans tout ce secteur, les termes les plus récents conservés dans l'axe du synclinal sont les "marnes bleues" gargaso-albiennes et les calcaires marneux et marnes du Cénomanien inférieur; une exception doit être faite cependant pour la région de la Tuilière et de la Gourre, où s'observent de petits lambeaux, réduits à quelques mètres d'épaisseur, de Sannoisien et de Burdigalien.
Entre le village de Montfroc et la limite orientale de la carte, le synclinal retrouve une largeur notable car le chevauchement de Lure s'atténue par suite de la remontée d'axe de l'anticlinal, en même temps que diminue le déversement vers le S de l'anticlinal Paillas - la Fourane. Ce synclinal du Jabron montre sur son flanc N toute la série des étages crétacés (Berriasien à Cénomanien inclus) et dans son axe les formations tertiaires de l'Oligocène et du Burdigalien. Son flanc S, rebroussé sous le chevauchement de Lure, est toujours fortement laminé : à l'W de la vallée de la Ruine, le Jurassique supérieur arrive directement au contact du Miocène (coupes VII et VIII), tandis qu'à l'E de la même vallée différents termes du Crétacé inférieur et moyen apparaissent, sous forme d'assises extrêmement laminées, en dessous de la surface de contact anormal (coupe IX). Ce fait résulte du relèvement d'axe du synclinal dont le remplissage miocène se vide avant d'atteindre la bordure orientale de la carte.
En dehors des anticlinaux et synclinaux qui viennent d'être décrits, le secteur des Baronnies est affecté par de nombreuses failles dont la plupart peuvent être considérées comme superficielles tandis que certaines semblent correspondre à des accidents profonds du socle. C'est parmi ces dernières que doivent être rangées la faille N-S bordant à 1'E la Montagne du Buc, la faille SE-NW de Malchampet - la Tussie longeant à l'E le pied de la Montagne de Chamouse et la faille A-NE-SW qui limite vers 1'W le remplissage oligocène du synclinal de la Méouge.
Ces grands accidents, de même que ceux de moindre importance, recoupent les plis et leur sont donc postérieurs. L'âge de leur rejeu ultime est certainement post-oligocène et très vraisemblablement fini-miocène, bien que l'absence, en dehors du bassin de Montbrun, de dépôts miocènes affectés par eux ne permette pas d'être absolument affirmatif. Il est probable également que les principales de ces failles ont pu commencer à jouer à des époques antérieures comme semblerait l'indiquer la faille d'Eygalayes de part et d'autre de laquelle le Cénomanien du synclinal de la Méouge présente des épaisseurs différentes.
C/ Remarques complémentaires (par Maurice Gidon, décembre 2011) : a) sur l'origine du style "extrusif" du plissement des Baronnies : Ce style, très caractéristique et bien décrit par J.Flandrin (voir ci-dessus), est en fait une variante du style "éjectif". Ce dernier s'exprime par des anticlinaux étroits et plutôt aigus, que séparent des synclinaux larges, à fond souvent presque plat ou à grand rayon de courbure : cela traduit le fait que l'on est dans un empilement de couches qui ont été plissées "concentriquement" et où l'érosion a mis à nu un niveau assez profond de la pile stratigraphique et enlevé les niveaux supérieurs où, au contraire, le style dévient "déjectif" (voir l'article spécial). Ici l'on peut même parler d'une extrusion des anticlinaux car, dans la partie jurassique de la succession, ils sont pincés, avec des flancs très redressés, voire renversés, de sorte que leurs bordures synclinales se rebroussent souvent en "blague à tabac". En outre ils sont souvent brisés de diverses manières : le plus souvent par des fractures plus ou moins longitudinales, soit proches de la verticale soit à déversement "hésitant" changeant de sens selon la transversale considérées. Les particularités de ce style s'expliquent bien si l'on admet une tectonique comportant aux moins deux étapes séparées par une phase d'érosion (ce qui correspond bien à l'histoire révélée par l'étude stratigraphique) : - dans une première étape de compression horizontale toute la succession stratigraphique, y compris les épais calcaires turoniens, dessine des plis amples à assez grande longueur d'onde (ceci en liaison avec la forte épaisseur de son niveau le plus élevé) ; b) sur les variations des directions axiales des plis dits "E-W" : En fait les axes anticlinaux montrent selon les cas deux directions : E-W proprement dit (souvent proche de N80) et WNW-ESE (sensiblement N120). On peut, de prime abord, observer que ces deux directions sont également connues à l'est du Buëch en Bochaine et dans les chaînons du Sasse au NE de Sisteron ; elles y correspondent respectivement aux plis anté-sénoniens et aux plis de la première phase post-oligocène. Il est donc fort probable que c'est également le cas ici. D'autre part les rapports entre les plis de ces deux directions d'axes aboutissent à des géométries variables. Par exemple les anticlinaux NW-SE affectant l'un des flancs d'un synclinal E-W peuvent s'amortir vers le cœur du synclinal (cas du flanc sud du synclinal de Saint-Auban) ou au contraire se poursuivre jusqu'à atteindre l'anticlinal E-W du flanc opposé du grand synclinal et buter contre lui par un système de fractures souvent complexe (cas de celui de l'anticlinal du Grèle vis-à-vis de de celui de Montlaud-Clavelière, à la Vanige). .. autres développements en projet ! |
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