Les abrupts sommitaux du Charmant Som : les complications structurales du versant NW de son sommet |
La voûte anticlinale du mont jurassien qui forme le sommet du Charmant Som (voir la page Charmant Som) plonge vers le sud, ce qui a pour effet que l'Urgonien inférieur du sommet s'enfonce sous les couches à Orbitolines à la Selle sud, puis sous l'Urgonien supérieur à l'Antécime sud et enfin sous la Lumachelle et le Sénonien dans les alpages (voir la carte ci-après).
Le versant ouest de l'antécime du Charmant Som, vu de l'ouest depuis le piton 1669, à l'ouest des haberts du Charmant Som.s.H = synclinal des Haberts (noter son plongement axial vers le sud. f.CS = faille N-S du Charmant Som (voir aussi la page "Chamechine") ; d.H = décrochement dextre des Haberts. Sé ci = Sénonien basal (20 m de calcaires à silicifications) ; Sé mc = Sénonien inférieur (marno-calcaires friables). |
Du fait de cette disposition générale les alpages du Charmant Som sont limité vers le nord par des escarpements rocheux urgoniens ; à la faveur de ces derniers on s'aperçoit que la voûte de l'anticlinal médian y est affectée de complications tectoniques de détail.
Coupe passant peu au sud du sommet du Charmant Som On voit sur cette coupe que l'anticlinal du Charmant Som est, accessoirement, rompu par une faille N-S, la "faille du Charmant Som". Cette faille est en outre tordue par le jeu de glissements couches sur couches dans les couches à Orbitolines et dans l'Urgonien supérieur de l'antécime sud (voir détails dans les figures ci-après). |
NB. Les détails décrits dans cette page relèvent d'une tectonique déjà complexe. Ils nécessitent en outre une observation fine et attentive des lieux et une bonne pratique de la géologie structurale ! |
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Carte schématique des abords de l'antécime sud du Charmant Som d.H = décrochement du habert ; f.CS = faille extensive du Charmant Som : son tracé est décalé à plusieurs reprises, d'une part par le jeu des glissements couches sur couches (j1, j2) au niveau des couches à Orbitolines, d'autre part à son intersection par le décrochement du habert. a, b, c , d désignent les points d'observation décrits ci-après même figure, plus grande (nouvelle fenêtre)
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À la Selle sud seuls sortent de la prairie les bancs les plus calcaires, jaune orangé et riches en traces de bioturbations contournées, des couches à orbitolines. Ces couches forment aussi une large vire de prairies qui descend vers le sud, à partir de ce point, sur le versant est de la montagne. Par contre leur prolongement sur le versant ouest de l'antécime sud est perturbée par de multiples petits accidents tectoniques qui sont analysés ci-après.
Le sommet de l'antécime sud est constituée par la masse supérieure urgonienne, qui disparaît en contrebas, sur son versant ouest, sous les couches de la Lumachelle, garnies de prairies, qui forment des dalles structurales fortement pentées vers l'ouest : elles appartiennent au flanc ouest de l'anticlinal du Charmant Som.
a) Les affleurements
de l'extrémité sud de l'antécime (point
d'où la vue plonge sur l'échine qui descend aux
chalets) y révèlent l'existence d'une fracture chevauchante
secondaire, à faible pendage vers le sud-ouest (Ø3 des schémas). En effet l'Urgonien de la bosse
la plus méridionale de l'antécime repose sur de
la Lumachelle qui affleure tout autour, 2 m seulement en contrebas,
aussi bien du côté ouest que du côté
sud et même du côté est.
Le contact entre les deux terrains est marqué par une surface
aplanie et même polie, dégagée en plusieurs
points par l'érosion, qui se caractérise par une
teinte rosée et un aspect de marbre du à sa structure
bréchique : il s'agit d'un enduit de brèche tectonique.
Sous cette surface, dans sur une tranche épaisse de 30
cm, le feuilletage des strates de la Lumachelle dessine une minuscule
charnière de pli couché synclinal ouvert vers l'ouest.
Elle représente un crochon de chevauchement qui indique
que le mouvement du chapeau urgonien était dirigé
vers l'ouest.
Coupes de détail donnant une vue synthétique de la structure de l'antécime sud du Charmant Som La coupe inférieure correspond à la moitié droite du cliché ci-après. L'orientation est inverse de celle de la coupe d'ensemble donnée plus haut. F = faille N-S du Charmant Som ; Ø1, Ø2, Ø3: chevauchements presque parallèles aux surfaces de couches (légende complémentaire dans le texte). |
b) au nord
de l'antécime, le long du sentier qui descend de la
Selle, il se produit
une rupture de pente là où le sentier s'engage dans
l'Urgonien supérieur. Il franchit ces rochers en formant
un grand escalier dont les marches géantes correspondent
à des surfaces de bancs dégagées (j2 des schémas). Le sommet, d'ailleurs
incliné vers l'ouest, de ces marches est garni d'un film
de calcite porteur de belles stries de friction orientées
est-ouest (conservé dans les dièdres creux épargnés
par l'érosion due aux pied humains...). Il supporte en
outre un enduit, d'épaisseur centimétrique à
décimétrique, d'une brèche tectonique à
éléments centimétriques (on l'observe encore
mieux sur une autre surface de bancs, située 5 m au dessus
du sentier, du côté sud : le bancs supérieur
y montre encore, à sa base, une passée de calcaires
orangés à litages onduleux du type de ceux des couches
à Orbitolines).
Ceci témoigne de ce qu'il y a eu une friction des bancs
les uns sur les autres. Le sens du mouvement relatif des couches
est indiqué par la disposition du feuilletage dans les
zones où la brèche de friction atteint plusieurs
centimètres d'épaisseur : il indique un glissement
du banc supérieur vers le bas (vers l'ouest). Ce sens de
mouvement est cohérent avec celui indiqué par les
autres accidents mis en évidence par l'étude de
détail de ce secteur (points a et c). Par contre
il ne s'accorde pas avec une interprétation classique qui
consisterait à y voir un glissement des couches dû
au plissement (le banc supérieur devrait en ce cas se déplacer
vers la charnière, c'est-à-dire vers l'est). Il
suppose au contraire l'intervention d'un cisaillement d'une autre
origine (schéma ci-après).
Schéma interprétatif de la formation du dispositif actuel (l'ouest est à droite, comme sur le cliché précédent) 1 = jeu extensif de la faille du Charmant Som (F), au Crétacé ou à l'Oligocène (??) ; 2 = étape du plissement, basculant le plan de faille ; 3 = étape d'entraînement de l'Urgonien supérieur, sous le chevauchement de la Chartreuse orientale : ce mouvement se produit à la faveur de glissements couches sur couches au niveau des couches à Orbitolines (Ø1) et de quelques cassures inverses secondaires (Ø3) dans l'Urgonien supérieur. Le tronçon supérieur de F est littéralement transporté vers l'ouest d'une trentaine de mètres. NB : c'est ce mouvement d'entraînement vers l'ouest qui est également à l'origine, au sud du Charmant Som, de la formation de l'écaille de Canaple. |
On remarque encore, précisément au point b, au pied de l'escarpement que traverse le sentier, que l'Urgonien vient en contact presque direct avec le Sénonien basal (calcaires à silicifications), presque sans intercalation de Lumachelle (l'espace disponible, où l'on en trouve des fragments ne mesure guère que 1 m de large) : il y a donc là une faille N-S (F sur le schéma en coupe) (dont la signification sera donnée au § d). D'autre part les premiers bancs de Sénonien y sont rebroussés en crochon synclinal ouvert vers l'ouest, ce qui résulte du déplacement dans ce sens des bancs d'Urgonien contre lesquels ils butent ici.
c) au nord des rochers du sentier, dans
les pentes qui le séparent de l'abrupt qui tombe sur le
vallon supérieur de l'Oursière, les bancs de l'Urgonien
supérieur qui prolongent ceux du sentier reposent en chevauchement
sur la Lumachelle qui tapisse la pente couronnant l'abrupt. Cette
surface de chevauchement Ø1 est nettement plongeante
vers l'ouest, alors que c'est vers l'est que la Lumachelle se
biseaute entre son soubassement stratigraphique d'Urgonien et
celui de la lame chevauchante : cette disposition ne peut être
que le résultat d'un basculement postérieur au jeu
de cette faille.
D'autre part, vers l'est, là où cette faille cesse
d'être visible car elle fait chevaucher Urgonien sur Urgonien
on aboutit sur le replat qui marque la base des couches à
Orbitolines de la Selle. Celles-ci sont surhaussées par
la faille du Charmant
Som, qui détermine un couloir rocheux aboutissant
précisément là, et sont coiffées normalement
par les bancs de l'Urgonien supérieur qui constituent les
lames chevauchantes décrites plus haut. Il est donc évident
que ces chevauchements résultent du décoiffement
de l'Urgonien supérieur du compartiment surélevé
(oriental) de la faille, qui a été entraîné
vers l'ouest par dessus la Lumachelle du compartiment abaissé
(occidental).
Ces chevauchements sont donc postérieurs au jeu de la faille
extensive du Charmant Som. Ils ont d'autre part été
basculés par l'enroulement des couches lors de la formation
de l'anticlinal du Charmant Som.
On remarque d'ailleurs que l'extrémité occidentale
de la lame surmontant Ø1 est tranchée par
une faille verticale (qui la fait buter contre la Lumachelle rebroussée
en crochon), faille qui représente donc certainement le
tronçon supérieur de la faille extensive du Charmant
Som, transporté vers l'ouest par le mouvement cisaillant.
d) au sud du pied des rochers du sentier
(c'est-à-dire au sud du point b de la carte), les
pentes de prairies qui descendent vers le vallon des haberts butent
du côté amont contre une ligne de ressauts, qui sont
constitués par l'Urgonien supérieur du sommet de
l'antécime. Cette ligne correspond à peu près
au tracé de la faille extensive du Charmant Som. Mais à
une centaine de mètres plus au sud (point d de la
carte) le versant est traversé en biais par une petite
falaise orientée NE-SW. Elle correspond à une faille
verticale (donc vraisemblablement un décrochement), qui
est bien caractérisée car elle met en contact de
façon visible le Sénonien des prairies avec l'Urgonien
supérieur de l'abrupt de faille (on y observe même
sur quelques mètres, une navette* intercalaire, verticale,
de Lumachelle.
Le compartiment sud-oriental de cette faille est dont surhaussé,
ce qui s'accorde, compte tenu du pendage des couches vers l'ouest,
avec un rejet coulissant dextre et conforte l'interprétation
que suggère la cartographie : il s'agit du prolongement
nord-oriental du décrochement des haberts
qui traverse tout le synclinal des haberts (même s'il n'est
pas visible au niveau de son axe, où les deux lèvres
juxtaposées sont l'un et l'autre formées par du
Sénonien).
Le secteur décrit dans cette page est visité par le fascicule n°1A.
Pages consacrées à la montagne du Charmant Som
carte géologique détaillée du chaînon du Charmant Som | ||
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Col de la Charmette |
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Charmant Som est |
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Charmant Som sommet |
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