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Relief de la Chartreuse

D/ LES FACTEURS NON STRUCTURAUX DU RELIEF


1 - Le modelé karstique

Un facteur du cisellement du relief, qui joue ici un rôle très important, est la dissolution des roches calcaires. Elle est à l'origine de nombreux gouffres répartis surtout à la surface des plateaux formés d'Urgonien mais aussi sur des dalles de calcaires du Tithonique. Le massif de la Chartreuse est un des terrains de jeux de prédilection des spéléologues, qui y ont exploré des centaines de kilomètres de réseaux souterrains (notamment à la Dent de Crolles). Il est à remarquer que l'orifice supérieur ("aven") de ces gouffres est parfois ouvert dans un niveau supérieur à celui ou se développe le réseau karstique (respectivement dans le Sénonien inférieur et le Berriasien inférieur) : On en trouvera notamment de beaux exemples dans les prairies du Charmant Som.

Orifice d'un aven dans les prairies du Charmant Som

 

La marge supérieure de l'aven est formé de bancs bien lités de calcaires crayeux du Sénonien inférieur. Il faut gagner le fond de la dépression pour atteindre l'Urgonien, dans lequel est creusé le réseau souterrain.
(en arrière plan le sommet de Chamechaude)

D'assez grandes surfaces d'Urgonien et de Tithonique sont sculptées de lapiaz, c'est à dire que la dalle structurale dégagée par l'érosion a été ciselée de rigoles de dissolution, de profondeur décimétrique à métrique. L'orientation du pendage des dalles structurales et celle des fractures ou diaclases qui les affectent sont des éléments déterminants dans le tracé des lignes de relief de cette forme de modelé.

exemple de lapiaz (versant oriental du Roc du Pinet, en Chartreuse orientale)

La dalle urgonienne, inclinée vers l'observateur, n'est ici corrodée que par des rigoles, espacées et souvent peu profondes, suivent toutes, à peu de chose près, la ligne de plus grande pente.


Vue rapprochée de la surface d'un lapiaz (versant oriental du Charmant Som)

La dalle urgonienne, toujours inclinée vers l'observateur, est ici profondément et largement disséquée : presque rien ne subsiste de sa surface originelle (qui peut être reconstituée en imaginant une grande plaque posée à plat sur les aspérités rocheuses).
Ces aspérités sont délimitées par le réseau des rigoles de dissolution, réseau qui est guidé par deux directions croisées : celle des diaclases (rigoles descendant en oblique de gauche à droite) et celle de la surface de plus grande pente de la dalle initiale (rigoles visibles d'enfilade). Selon les cas les unes prédominent sur les autres.


2 - Le modelé glaciaire

Chacun sait que les glaciers ont envahi les vallées des Alpes au Quaternaire. Mais ils n'ont pas eu un rôle essentiel dans le dessin du relief de la Chartreuse car ils n'y ont jamais occupé une grande surface.

Au cours des derniers épisodes de glaciation (c'est à dire ceux de Würm, qui ne remontent qu'à quelques dizaines de milliers d'années, et sans doute aussi ceux de Riss, plus vieux de 100.000 ans), le massif n'a guère été englacé que par de minuscules appareils, reconnaissables à leurs moraines formées de matériel exclusivement local occupant des fonds de vallons encaissés et plutôt ouverts vers le nord. On peut citer :
- celui de Perquelin qui a abandonné, au sud de Saint-Pierre-de-Chartreuse, la moraine de Mollard Bellet
- celui de Valombré dans le versant nord du Charmant Som
- celui de La Plagne au pied sud du Granier.

Les glaciers de l'Isère et du Rhône n'ont pratiquement pas pénétré en Chartreuse au Würm, sauf un peu par son extrémité nord (col du Granier), car leur niveau était inférieur à ceux des autres cols de la périphérie. Par contre aux épisodes antérieurs (Riss) les glaces ont amené des dépôts morainiques d'une part dans la vallée des Entremonts (par le col du Granier) et d'autre part dans le bassin de Saint-Pierre-de-Chartreuse (par le col de l'Émeindras) ; dans ce dernier les restes morainiques, observables notamment autour de Saint-Hugues, ont été remaniés et recouverts par des cônes de déjections plus récents.


figure agrandissable ; version plus grande de cette image

Extension des glaces autour du massif de la Chartreuse, au maximum d'extension de la dernière glaciation


Une des actions des glaciers a été d'accentuer le creusement de certaines gorges grâce à l'accroissement de débit procuré par l'apport de leurs eaux de fonte. Telle est l'origine de plusieurs vallées mortes, notamment de celle du col de la Cluse, qui évacuait vers Corbel les eaux issues de la langue qui pénétrait par le col du Granier (sans doute au Riss surtout) et surtout de celle du Crossey, à travers le chaînon du Ratz.

La présence de ces deux accumulations de glaces, en bordure du massif, à cependant barré les vallées qui s'en échappaient vers l'ouest. Cela a induit la formation, dans ces vallées, de dépôts dits "d'obturation" consistant principalement en sables et limons lacustres : on les observe en divers points des vallées du Guiers Vif et du Guiers Mort et notamment à leur débouché amont dans la dépression axiale du sillon de la Chartreuse orientale (Saint-Pierre-d'Entremont et Saint-Pierre-de-Chartreuse). Ils encombrent également les vallées affluentes de la cluse de l'Isère (Col de la Placette, Chalais, Mont-Saint-Martin, Proveysieux, Le Sappey)

Aperçu général sur les glaciations quaternaires dans les Alpes occidentales françaises

pour en savoir plus sur le rôle des glaciers dans la formation des reliefs :
voir le site Les Paysages Glaciaires


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