Queyrières, Sainte-Marguerite |
Entre Prelles et Queyrières la rive gauche de la vallée s'élargit vers l'aval en un replat suspendu qui se poursuit jusqu'à l'est du village de Queyrières et qui correspond à une ancienne plaine alluviale de la Durance. Ces alluvions sont installées sur une bande d'affleurements de houiller qui représente le coeur, évidé par l'érosion de l'anticlinal des Andrieux, dominé à l'est par le synclinal perché de Roche Baron (voir la page "Prelles").
La Durance s'engage de nouveau en gorges entre l'aplomb de la chapelle Saint-Hippolyte et le Rocher de Queyrières ("Le Château") ; en ce point elle traverse le contact entre les terrains siliceux de la zone briançonnaise (Houiller et Permo-Trias rapportés à la nappe de Roche Charnière) et les marbres en plaquettes de la fenêtre de l'Argentière, pour s'entailler assez longuement dans ces derniers.
Détail de la rive droite de la Durance en amont de Queyrières vue du sud, depuis l'extrémité septentrionale du rocher du Château de Queyrières. f.Tr = faille de Trancoulette ; n.rC = nappe de Roche Charnière (?) ; a.A = anticlinal des Andrieux (voir page "Prelles"). N.B. : La charnière des quartzites triasiques semble correspondre à un crochon* de faille ; mais elle est antinomique avec le sens du rejet de la cassure (abaissement de la lèvre droite, orientale). Elle doit résulter d'une torsion de la surface de cassure sous l'effet d'un serrage plus tardif que le jeu vertical de la faille. |
Le "Château" de Queyrières, situé immédiatement au sud de ce point, est quant à lui formé par une simple lame de calcaires triasiques (flanquée d'un peu de quartzites werféniens), qui est pincée verticalement le long du contact Briançonnais - Subbriançonnais (c'est-à-dire le long de la faille de Trancoulette). L'érosion l'a dégagée en relief parce qu'elle est prise entre deux zones de terrains tendres (marbres en plaquettes à l'ouest et schistes houiller à l'est).
Ce contact était anciennement considéré comme la surface de chevauchement du Briançonnais sur le Subbriançonnais. Toutefois son pendage est très fort et s'oppose en cela à celui de cette même surface de chevauchement telle qu'on l'observe plus à l'ouest, aux abords de Bouchier. Compte tenu du reste du contexte local il paraît donc beaucoup plus vraisemblable de considérer qu'il s'agit là du prolongement de la Faille de Trancoulette. |
Les basses pentes du massif de Montbrison, vues du sud-est depuis les pentes de rive gauche de la Durance (abords du hameau de Truel). La Durance passe en gorge entre les rochers de la chapelle Saint-Hippolyte et le "Château" de Queyrières. u.S = unité briançonnaise de La Salcette ; u.Bo = unité briançonnaise basale de Bouchier (rapportée à la nappe de Roche Charnière) ; ØBr = chevauchement briançonnais basal ; f.Tr = faille de Trancoulette ; f.P = faille prolongeant probablement celle de Piolier (voir la page "Prelles"). La surface de chevauchement de la zone briançonnaise est interprétée comme tranchée et abaissée à l'est de la faille de Trancoulette, (qui est elle même décalée en sens sénestre par la faille de Piolier). |
Cette lame se poursuit de façon discontinue dans les pentes que traverse la N.94 jusqu'au village de Sainte-Marguerite, où les affleurements font place à des glissements de terrain. Son effilement y laisse d'ailleurs le plus souvent le houiller briançonnais venir en contact direct avec les marbres en plaquettes subbriançonnais sans que l'on sache toujours si ce contact est fondamentalement tectonique où dû au glissement des terrains du versant.
Ce biseautage de la lame rocheuse, en navettes* fusiformes, et l'attitude très redressée de l'accident de Queyrières - Sainte-Marguerite sont deux faits qui s'ajoutent pour porter à y voir le prolongement méridional de la faille de Trancoulette, abaissant fortement le matériel briançonnais de son compartiment oriental, plutôt qu'un chevauchement du Briançonnais sur le Subbriançonnais (comme toujours admis). |
Les pentes du versant oriental de la vallée de la Durance au NE de L'Argentière, vues de l'ouest, d'avion. De haut en bas : u.A = unité des Aiguillons ; u.Or = unité des Oriols ; f.rR = faille de La-Roche-de-Rame (prolongement septentrionale probable de la faille de la Durance) ; n.Cp = unité de la Grande Barre de l'Argentière (attribuée à la nappe de Champcella) ; ØBR = chevauchement basal des nappes briançonnaises ; a.A = anticlinal de la fenêtre de l'Argentière ; Pour plus de détails sur les hautes pentes voir les pages "Oriols" et "Puy des Aiguillons". |
Cette hypothèse d'un prolongement de la faille de Trancoulette par celle de la Roche-de-Rame n'est pas parfaitement étayée, en raison d'incertitudes sur le tracé de cette dernière et de lacunes d'observation dues
à l'importance que revêtent les formations superficielles et les glissements de terrain dans le versant situé au sud de Sainte-Marguerite. Mais c'est la seule qui paraisse recevable en ce qui concerne le prolongement septentrional de la faille de la Durance et elle semble confirmée par les données
cartographiques concernant ces secteurs. En particulier il est remarquable que l'épaisse succession de couches du Houiller des pentes des Oriols disparaîsse totalement à l'ouest du tracé supposé de cette cassure : au contraire du côté ouest la situation est toute autre puisque l'on y voit les calcaires triasiques de la plus basse des unités briançonnaises (celle de la Grande Barre) reposer directement sur les marbres en plaquettes subbriançonnais (voir la figure ci-dessus) : ceci ne s'accorde pas avec une simple géométrie d'imbrications tectoniques, qui est celle admise jusqu'ici. |
À la latitude de Sainte-Marguerite le cours de la Durance tourne vers l'ouest pour rejoindre la vallée de la Gyronde par la gorge de raccordement du Pertuis Rostand ; à cette occasion il donne une coupe transversale du substratum des nappes briançonnaises en pénétrant dans la "fenêtre de l'Argentière" (voir la page "L'Argentière").
Ci-dessous, photo rapprochée de cet affleurement :
Calcaires "à zones siliceuses" du Malm - Néocomien sub-briançonnais |
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Carte structurale schématique a.A = accident d'Ailefroide ; d.G = décrochement des
Grésourières. extrait de la carte d'ensemble du Briançonnais
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Les Vigneaux |
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