Hautefort, Saint-Nicolas de Macherin, Montmain |
La dépression de Saint-Nicolas de Macherin est une vallée drainée vers le sud qui fait communiquer les dépressions de Saint-Étienne de Crossey (voir la page "Crossey") et de Chirens (voir la page "Chirens"). Sa rive sud-ouest est constituée par le Bois de Montmain, qui correspond à la partie septentrionale de la montagne de Vouise (voir la page "Vouise"), et son versant oriental par les pentes, fortement incisées de vallons affluents, qui vont du Mont Frol à la montagne des Bernades.
Tous ces reliefs sont formés par les grès et conglomérats de la molasse miocène. En particulier, à mi-pente du versant nord-oriental, un puissant banc de conglomérats, presque horizontal, détermine une falaise qui s'épaissit à l'aplomb du village du Bergureuil : ce banc est très similaire à celui de la Vouise et de Tolvon et le prolonge vraisemblablement (car il se situe sensiblement au même niveau dans la succession) : aucun accident tectonique ne peut donc être supposé sur le tracé de cette vallée.
La profondeur et la largeur de cette vallée
sont franchement disproportionnées par rapport aux très
modestes ruisseaux qui la drainent, de sorte que son creusement
ne peut leur être attribué, non plus que l'épandage
des alluvions qui en colmatent le fond en y déterminant
de vastes espaces plats : il s'agit donc d'une large vallée
morte*.
Le contexte régional des traces de l'occupation des glaciers
indique qu'elle a d'abord été affouillée
par les langues glaciaires, lors des crues glaciaires les plus
avancées (Riss et maximum de Würm). Ensuite, lors
du retrait de la glaciation würmienne, elle fut envahie par le
bras occidental du lac qui a alors occupé la dépression
de Saint-Étienne de Crossey.
Tout dans son tracé et celui de ses affluents indique qu'à l'origine la vallée de Saint-Nicolas de Macherin a simplement été ouverte par l'un des cours d'eau capricieux, affluents de rive droite de la basse Isère, qui creusaient un réseau chevelu sur le bord nord de l'entaille ouverte par cette rivière dans les dépôts molassiques de l'ancien delta miocène du Bas Dauphiné. Avant que les glaciers viennent occuper la vallée de l'Isère elle se déversait dans cette dernière, via Saint-Étienne de Crossey (où elle rejoignait l'ancienne Morge) et Coublevie, aux abords nord de la Buisse.
Les numéros indiquent les épisodes de
retrait du front de la langue glaciaire iséroise qui occupait
la dépression de Voiron. À l'angle nord-ouest de
la carte est représentée l'extrémité
méridionale de la langue de glacier rhodanienne de l'Ainan
(voir la carte d'ensemble du Bas Dauphiné). |
1- Le versant nord-est de la dépression alluviale de Saint-Nicolas de Macherin est entaillé par deux vallées mortes qui sont affluentes mais ne débouchent pas orthogonalement dans la vallée. En effet, avant de la rejoindre, elles sont obligées de faire un trajet en baïonnette pour contourner au préalable, par leur aval, des témoins résiduels de crête morainiques qui sont restés accrochés là à flanc de pente. Il s'agit respectivement de la moraine de Pied Barlet, qui barre le vallon des Combes (son altitude indique qu'elle correspond au maximum de Würm) et de celle qui sépare la combe d'Hautefort du vallon amont de Chatelonnière qui, plus au nord-est, décrit paradoxalement un parcours de près de 2 kilomètres vers le nord-ouest, parallèlement à la plaine de Saint-Nicolas de Macherin avant de rejoindre cette dernière.
La vallée de Saint-Nicolas de Macherin (partie nord-orientale) vue du sud, depuis les pentes à l'est du village du Paris. |
a) Le village de Hautefort est situé nettement en contrebas de la moraine du maximum de Würm (1M), qui le sépare de la vallée morte de Chatelonnière. L'agglomération s'allonge en suivant le bord d'une banquette de retrait bien dessinée (2R') qui surplombe le château de Hautefort. Celui-ci est en effet bâti en contrebas, sur le bord d'une banquette de retrait inférieure, qui domine la plaine alluviale de Saint-Nicolas de Macherin (2S). Cette banquette s'orne d'une ébauche de crête morainique (2R") et est séparée du talus de 2R' par un chenal marginal (de même âge) qui court à flanc de pente du versant.
La moraine et le chenal marginal du château
de Hautefort, vus du nord, depuis le village de Hautefort. L'observateur est placé sur la banquette 2R' , que longe la route le long de laquelle s'alignent les maisons (l'ouest est à droite) ; la crête de moraine 2R" lui cache la vallée de Saint-Nicolas de Macherin ; la grosse flèche blanche indique le sens de l'évacuation des eaux par le chenal marginal 1S". |
Ce dispositif témoigne de la complexité des évènements qui ont lieu en réalité lors épisodes
de retrait du glacier. Il montre, à la faveur de dispositions
topographiques favorables, que de multiples oscillations comportant
des petites ré-avancées du front glaciaire se sont
produites, entre les "stades" de retrait qui correspondent
aux oscillations majeures de ce mouvement. |
b) Le vallon amont de Chatelonnière, que suit la route de Saint-Sixte en amont de ce village, est une vallée morte très caractérisée, totalement inscrite dans le Miocène (dont les conglomérats alimentent en galets les éboulis qui tapissent ses deux versants). Elle est remarquable par son calibrage assez large et régulier qui témoigne d'un creusement par un cours d'eau assez puissant. Or elle trouve son origine à 3 kilomètres de là, au SW de Saint-Sixte, au col du Touvat, où elle se termine suspendue au dessus de la vallée de l'Ainan : ceci montre qu'elle doit son creusement aux eaux s'échappant d'un glacier qui remplissait alors cette vallée jusqu'à l'altitude de ce col, soit 640 m (c'est là une altitude plausible pour la surface de la glace dans cette vallée, au maximum de Würm).
Une autre particularité remarquable est sa sinuosité. En effet après une partie amont qui est orientée N-S elle décrit bizarrement, à l'est de Hautefort, un grand méandre qui la dirige vers le nord-ouest pendant près de 2 kilomètres. Pourtant elle aurait pu s'engager là dans la trouée occupée par ce village, ce qui lui aurait permis de rejoindre directement la vallée de Saint-Nicolas de Macherin. On trouve aisément la raison de ce détour si l'on remarque que cette trouée est barrée par une crête morainique, à relief d'ailleurs assez mou, qui porte le point coté 602. Or il s'agit de la moraine du maximum de Würm (1M), car son altitude est peu inférieure à celle du Pied Barlet, située moins de 1 km plus au sud. Sa présence a évidemment été obligé dès cette époque et ensuite au stade 2 les eaux de fonte descendant de Saint-Sixte à la contourner par le nord avant de pouvoir la crever à son point le plus bas c'est-à-dire à Chatelonnière, où se trouve son extrémité occidentale .
2/ Sur le flanc sud-ouest de la vallée de Saint-Nicolas, entre le village du Rousset, au nord-ouest, et celui de Tolvon, au sud-est, la vallée de Saint-Nicolas de Macherin reçoit deux vallons affluents celui de La Cou, qui débouche au Paris et celui de la Teissonnière (étangs des Eaux Noires), qui la rejoint au seuil de la Pensière. Ces deux vallons sont également des vallées mortes et ils se terminent en outre à leur extrémité opposée (c'est-à-dire de leur côté amont) par des cols qui dominent la cuvette de Voiron : c'était là, en effet, que se trouvait alors la langue glaciaire qui émettait les écoulements qui ont creusé ces vallons (voir la page "Vouise").
Par ses traits de relief le vallon de La Cou (voir la page "Tolvon") est un exemple tout particulièrement convaincant de vallée morte créée par l'action des eaux de fonte glaciaires.
À son extrémité nord-ouest la dépression alluviale de Saint-Nicolas de Macherin culmine au seuil de La Pensière et se prolonge, au delà, par la vallée morte du Rousset. Cette dernière doit son creusement aux eaux du déversoir du lac de Saint-Étienne de Crossey, qui, au stade 2 (et au début du retrait 3), s'écoulaient en direction de Chirens en contournant par le nord les moraines du glacier isérois (qui occupait la dépression de Voiron).
La zone alluvionnaire plate du seuil de La Pensière correspond, plus précisément, à l'épandage en delta des matériaux apportés par les écoulements torrentiels provenant du sud par la vallée de Chatelonnière depuis la brèche de Teissonière pratiquée par les eaux de fonte pour franchir la moraine du stade 2 . Ces dépôts tendaient à combler l'extrémité occidentale du lac et à lui faire atteindre le niveau de 500 m qui est aussi celui du sommet du delta du Paris (voir la page "Tolvon"), comme de celui de Saint-Étienne de Crossey, à l'autre extrémité du lac.
Les reliefs septentrionaux du Bois de Montmain, vus du sud, depuis le sommet de la tour de la statue de la Vouise. |
Cette morphologie témoigne de ce que, au stade 2 du retrait du glacier wurmien, les points bas de la crête montagneuse ont permis l'évacuation d'eaux de fonte issues de la langue glaciaire iséroise qui occupait la cuvette de Voiron. Elles pouvaient alors s'écouler en direction du secteur de la vallée de Saint-Nicolas de Macherin, alors non englacée . Cette vallée était occupée (jusqu'au niveau du seuil de la Pensière) par un lac dans lequel les cours d'eau qui s'y jetaient construisaient des cônes alluviaux deltaïques. C'est ce qui se produit notamment au Paris, où la vallée de La Cou s'épanouit en une terrasse triangulaire qui surplombe le fond de vallée, précisément à l'altitude du sommet du delta de Saint-Étienne de Crossey.(voir la page "Saint-Étienne de Crossey.").
Cartes des dépôts quaternaires des environs de Voiron | Le quaternaire des environs de Voiron |
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Concernant les dépôts morainiques et fluviatiles des environs de Voiron et du seuil de Rives, voir la publication n° 163 |
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Le Verdin |
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