Tectonique de la Vanoise

Aperçu d'ensemble : ensembles majeurs, unités tectoniques, histoire tectonique, abréviations structurales.
Aspects particuliers : coupe Vanoise sud, coupe Vanoise nord, Cicatrice de Chavière, nappe des gypses, nappes piémontaises, étapes de déformation,

La Vanoise (au sens large) est un vaste ensemble de nappes empilées, de différents ordres de taille, qui a en outre subi des déformations répétées, étagées dans le temps, dont les effets se sont superposés. Pour se faire une image appréhendable par l'esprit du dispositif tectonique très complexe qui en résulte on doit donc dégager d'abord les structures les plus vastes et les plus lisibles et n'examiner qu'ensuite les structures plus fines qui ne sont visibles que par une étude locale attentive.

Géométrie au niveau des ensembles majeurs

La répartition des affleurements de terrains "anté-alpins", d'âge paléozoïque ou plus anciens, correspond à trois gros bombements (plus ou moins anticlinaux), qui les ont portés assez haut pour que l'érosion les ait mis à nu et attaqués. Ils sont séparés par des sillons (plus ou moins synclinaux), plus étroits, où est conservée leur couverture "alpine" (terrains d'âge triasique à tertiaire ancien) :


Carte d'ensemble, extrêmement schématique, de la Vanoise
La Vanoise occidentale n'est qu'une portion de la zone houillère briançonnaise (teinte orangée). La Vanoise "cristalline" est représentée en rose. La distinction entre couverture sédimentaire et soubassement "anté-alpin" n'est pas faite sur cette carte.
u.M à u.pR = unités appartenant aux zones subbriançonnaise et Valaisanne (frangeant la zone briançonnaise du côté ouest) : u.M = unité de Moûtiers ; u.Q = unité du Quermoz ; u.cT = unité de Crève Tête ; u.N = unité du Niélard : u.gM = unité de la Grande Moendaz.
On a souligné de couleur les couloirs de failles à fort pendage : f.m.T = faille de moyenne Tarentaise. ; accident de Brides - Longefoy (anciennement considéré comme chevauchement de la zone briançonnaise) ; cicatrice de Chavière - Champagny (limite orientale de la zone houillère briançonnaise). Les contours en noir sont des chevauchements ou des limites stratigraphiques (entre socle, en rouge, et couverture, en bleu).

-1-- La Vanoise occidentale est une large bande de terrains grossièrement N-S qui prolonge au nord de l'Arc la "zone houillère" briançonnaise. De fait un de ses traits majeurs est le fait que le soubassement des dépôts permo-triasiques est formé d'une énorme masse de grès, schistes et conglomérats d'âge carbonifère (on pourrait la qualifier de Vanoise houillère). Elle était donc préfigurée, dès la fin du Primaire, par un profond bassin d'accumulation de dépôts molassiques résultant de l'érosion de la chaîne hercynienne.
Aucun témoin des nappes de schistes lustrés n'affleure dans ce domaine, à l'exception de celui constitué par la klippe du Mont Jovet, qui forme les crêtes au sud-ouest de La Plagne (mais sa mise en place à cet endroit semble résulter de phénomènes tectoniques plus tardifs que le charriage d'ensemble du matériel océanique liguro-piémontais, lequel ne semble donc pas avoir concerné le domaine de la Vanoise occidentale).

- Du côté ouest la Vanoise occidentale était sans doute originellement venue chevaucher les unités des domaines plus externes, subbriançonnais et valaisan. Mais actuellement elle s'en sépare par un dispositif de cassures qui ne sont pas chevauchantes.
Dans ce site on l'a appelé "accident de Brides - Longefoy" (voir la page "Mont Jovet") : c'est un couloir tectonique rempli par des gypses qui emballent par places des lentilles tectoniques d'autres terrains ; il est limité par deux failles à fort pendage, localement même verticales, orientées N-NE - S-SW dont la plus occidentale était anciennement considéré comme la surface de charriage frontale du Briançonnais. Cet accident majeur (anciennement considéré comme le coussinet "lubrifiant" du charriage de la nappe briançonnaise) recoupe en fait obliquement les plis et imbrications, bien plus faiblement pentés, qui affectent les deux domaines situés de part et d'autre. Vers le nord il se connecte, à la latitude d'Aime, avec la "faille de la moyenne Tarentaise" et se rattache ainsi à un système plus vaste d'accidents affectant les confins occidentaux de la zone briançonnaise, dont le jeu (relativement récent) a été extensif et/ou coulissant.

- Du côté est la Vanoise occidentale est limitée par rapport à la Vanoise orientale par un autre sillon tectonique, se rétrécissant vers le bas et s'épanouissant vers le haut, jalonné de gypses et de cargneules, la "cicatrice de Chavière". Cet accident n'est que le prolongement vers le nord du grand "linéament briançonnais oriental", connu dans le bassin supérieur de la Durance et jusqu'en Val Maira, sur le versant italien des Alpes (voir la page spéciale consacrée à cet accident).

Plus au nord encore, dans les pentes nord-orientales de la station de La Plagne, la trace du linéament briançonnais oriental semble se perdre, car elle y est intersectée par le chevauchement septentrional de la Vanoise orientale sur la zone houillère briançonnaise.
Mais en fait la bande gypseuse qui jalonne sur toute sa longueur la cicatrice de Chavière - Champagny s'engage là dans ce chevauchement et se raccorde au delà, par son intermédiaire, à l'accident N-S du col de la Chal et du vallon de la station des Arcs 2000. La cicatrice de Chavière - Champagny semble donc encore se poursuivre par ce dernier accident qui sépare, là aussi, la Vanoise houillère de la Vanoise à socle cristallin.
Au-delà, dans la vallée de l'Isère aux abords de Sainte-Foy, la déficience des affleurements sur une large transversale de la vallée rend impossible de distinguer le prolongement éventuel de cette suture majeure. On peut cependant remarquer que, plus au NE, dans le secteur des crêtes frontalières, l'accident tectonique qui limite le houiller du Grand Assaly par rapport au socle métamorphique du massif du Ruitor (qui est donc susceptible de représenter ce prolongement) a précisément une attitude fort proche de la verticale (voire même plutôt pentée vers l'ouest) : ceci suggère la possibilité d'une poursuite de cette disposition structurale de juxtaposition par un accident vertical, si étrangère à la tectonique de charriage qui a prévalu dans la plupart des interprétations proposées jusqu'à une époque encore récente ...

Les massifs qui sont situés à l'est de la cicatrice de Chavière, Vanoise proprement dite, Haute Maurienne et Haute Tarentaise, peuvent être englobés sous le qualificatif de Vanoise cristalline. En effet ils se distinguent globalement par l'absence de houiller et par la mise au jour d'un socle métamorphique (de constitution variable selon les transversales) qui supporte directement les dépôts permiens ou mésozoïques. Ils appartenaient donc à un bloc surélevé, en marge est du bassin molassique briançonnais formé à la fin de l'orogenèse hercynienne. En outre leur couverture sédimentaire briançonnaise y supporte de larges témoins des nappes de schistes lustrés piémontais, qui n'ont été que partiellement entaillés par l'érosion.

Cette Vanoise orientale est elle-même subdivisée transversalement par un accident transverse, orienté WSW-ENE, qui court depuis Pralognan jusqu'au pied nord de la Grande Casse sous l'aspect d'un sillon synclinal, le synclinorium de Pralognan. L'axe de ce pli semble trouver au delà, un prolongement représenté par un système de failles tardives, post-nappes, l'accident de Chardonnet-Rhêmes. Cette zone de fracture (d'existence toutefois douteuse : voir les pages Col du Palet , Tignes , Chevril et Franchet) court depuis le haut vallon de Champagny, en traversant la haute Tarentaise, jusqu'au nord-est de Val d'Isère dans le val de Rhêmes en Italie). Elle pourrait avoir fonctionné de façon relativement tardive car elle recouperait les unités imbriquées ainsi que les plis qui affectent leur empilement.
De part et d'autre de ce grand alignement de structures transverses le socle dessine deux bombements de constitution apparemment assez différente :

-2-- La Vanoise sud-orientale correspond aux deux rives de l'Arc (Haute Maurienne) et aux bassins versants de ses affluents (notamment ceux des vallons de la Leisse et de la Rocheure, en rive droite).
Le matériel briançonnais de cet ensemble affleure essentiellement dans la coupole oblongue, orientée N-S, du massif de Chasseforêt - Dent Parrachée, dont le coeur est formé de micaschistes anté-permiens (attribués au paléozoïque inférieur, en raison de la présence d'intrusions granitiques d'âge ordovicien).
Du côté est ce soubassement briançonnais disparaît le plus souvent sous le matériel des nappes de schistes lustrés piémontais, dans lesquelles s'inscrit en totalité le cours supérieur de la vallée de l'Arc en amont de Termignon. Entre Termignon et Modane le lit de la rivière suit par contre la limite méridionale de la coupole de Chasseforêt, là où son matériel briançonnais plonge sous les nappes de schistes lustrés. Cette disparition du socle correspond à un grand pli NE-SW, parallèle au synclinorium de Pralognan, que l'on pourrait appeler le synclinorium de la haute Maurienne. Le soubassement briançonnais de ces nappes est également mis à nu en fenêtres (ouvertes du côté italien) autour de Val d'Isère, au nord de Lanslevillard et à Bonneval (où le socle appartient au massif du Grand Paradis).

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Coupe de la marge méridionale de la Vanoise, à peu près selon le tracé de la vallée de l'Arc
Les relations géométriques entre les grands ensembles rocheux sont figurées de façon très schématique mais relativement objective, sans prendre en compte aucune hypothèse relative à leur mise en place. Noter que, de part et d'autre de cette coupe, le socle de Chasseforêt s'enfonce vers le sud tandis que celui d'Ambin et celui du Grand Paradis s'enfoncent vers le nord.
De haut en bas s'empilent les unités tectoniques suivantes :
SLss = unité des schistes lustrés sommitaux ; SLs, SLm = unités de schistes lustrés intermédiaires (" supérieures" et "médianes") ; SLi = unités de schistes lustrés inférieures.
ts-e = séries carbonatées de type Grande-Motte (Trias supérieur à Éocène) ; tG = "nappe des gypses" ; tm-e = séries carbonatées briançonnaises (Trias moyen à Éocène) ; ti-P = Tégument siliceux du socle de la Vanoise orientale (Trias inférieur et Permien) ; hr-P = paléozoïque de la Vanoise occidentale.
c.Ch = cicatrice de Chavière = faisceau de failles du linéament briançonnais oriental à cette latitude (voir la page spéciale consacrée à cet accident)

-3-- La Vanoise nord-orientale correspond aux bassins versants du Doron de Champagny et du Ponturin (c'est-à-dire des affluents de rive gauche de l'Isère), avec les sommets du Mont Pourri, de Bellecôte et du Grand Bec. D'un point de vue structural elle se poursuit, en Haute Tarentaise, en rive droite du cours de l'Isère dans le massif d'Archeboc.
La masse principale du socle y est constituée par une succession riche en passées volcanogènes qui comporte en outre d'épais micaschistes sombres charbonneux. Ce dernier caractère avait fait penser qu'il s'agissait de carbonifère métamorphique, mais l'analyse pétrogénétique de cet ensemble conduit plutôt à y voir du Paléozoïque inférieur. Sa structure est en outre complexe, avec une partie inférieure disposée en série renversée.

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Coupe très schématique de la Vanoise au nord et à l'est de Pralognan
Les relations géométriques entre les grands ensembles rocheux sont figurées de façon très schématique mais relativement objective, sans prendre en compte aucune hypothèse relative à leur mise en place (pour l'interprétation de celle-ci voir plus loin).

De haut en bas s'empilent les unités tectoniques suivantes :
SLs, SLm = unités de schistes lustrés intermédiaires (" supérieures" et "médianes") ; SL = klippe de schistes lustrés du Jovet.
ts-e = séries carbonatées de type Grande-Motte (Trias supérieur- Lias à Éocène) ; tG = "nappe des gypses" ; tm-e = séries carbonatées briançonnaises (Trias moyen à Éocène, lacune du Lias et du Trias supérieur) ; ti-P = Tégument siliceux du socle de la Vanoise orientale (Trias inférieur et Permien supérieur) ; Ps = Permien inférieur schisteux et conglomératique (il affleure en série renversée dans la "boutonnière de Friburge" (Champagny le haut) ; hr-P = paléozoïque de la Vanoise occidentale.

js? = séries carbonatées et bréchiques minces reposant stratigraphiquement sur le socle cristallin ; noter que ce dernier est en série renversée sous cette surface de transgression et que cette coupe fait apparaître une réduction de l'épaisseur de ce soubassement cristallin, du sud-est vers le nord-ouest (voir l'interprétation proposée, plus bas dans cette page)
Grandes cassures tardives (postérieures aux charriages) : c.Ch = cicatrice de Champagny = cicatrice de Chavière = portion du linéament briançonnais oriental à cette latitude ; f.cP = faille du Col du Palet (= faille "Chardonnet - Rhêmes" de la carte géologique) : voir les pages Pramecou , Col du Palet , Tignes , Chevril et Franchet).


Que ce soit en Vanoise nord-orientale ou sud-orientale il est un trait de la disposition tectonique du socle cristallin qu'il convient de bien prendre en compte : il s'agit de la très grande dissymétrie de ces coupoles de socle, qui fait que l'on ne peut pas les considérer comme de simples bombements anticlinaux affectant un banal interface "stratigraphique" correspondant à la surface de la pénéplaine anté-triasique.
En effet du côté occidental le socle, (garni par sa couverture siliceuse puis carbonatée) dessine une voûte anticlinale réduite à son seul flanc ouest (on peut donc parler de "demi-voûte). Il y est par ailleurs patent (en particulier sur le pourtour nord-occidental des glaciers de la Vanoise (de la cime de la Valette à la Réchasse) que la succession stratigraphique subit une réduction d'ouest en est, par disparition de certains niveaux à tour de rôle et par onlaps des couches jurassiques.
Au contraire du côté oriental les terrains sédimentaires, d'ailleurs réduits à des marbres et brèches attribuées au Jurassique, reposent en totale discordance, sans semelle sédimentaire siliceuse, et par une surface très oblique à ce que devait être celle de la pénéplaine anté-triasique, sur des niveaux variés du socle cristallin, parfois profonds et souvent disposés en série renversée
.

Toutes ces dispositions plaident en définitive de façon convergente pour voir, dans ces affleurements de socle cristallin de Vanoise orientale, la partie haute d'un ancien bloc basculé, découpé au Jurassique comme les blocs similaires des massifs cristallins externes mais déformé ensuite bien plus intensément, au point que la faille majeure qui le limitait du côté oriental aurait été basculée vers l'ouest presque jusqu'à l'horizontale.

La disposition, très divergente vers le bas, des deux surfaces "de base" supportant les sédiments qui s'appuient sur ces blocs de socle cristallin a, en outre, une conséquence géométrique qui n'a, à ma connaissance, jamais été remarquée. C'est le fait que le plissement transverse, d'axe grossièrement E-W, qui les affecte dans le secteur de Pralognan et du col de la Vanoise ne s'exprime pas par la même géométrie, d'un flanc à l'autre du bloc de socle : au synclinorium de Pralognan, dont l'axe descend vers cette localité du côté ouest, correspond, à l'est du col de la Grande Casse, l'antiforme de Rossolin dont l'axe plonge au contraire vers l'est ; de même le bombement anticlinal qui affecte le côté ouest du bloc de socle à la latitude du Grand Bec se traduit du côté est du bloc par les inflexions et pincements synformes du secteur de la Sauvire (où sont conservés les placages sédimentaires qui garnissaient peut-être la paléo-faille).

Schéma très simplifié de la géométrie de la surface du socle cristallin à la latitude de Pralognan et plus au nord (essai d'interprétation par le basculement et la torsion d'une paléo-faille).
en haut état actuel : au synclinorium de Pralognan (plus précisément au synclinal des Glières, qui affecte la couverture correspond, sur le revers nord-oriental du socle cristallin, l'antiforme de Rossolin ;
en bas les deux étapes préalables envisagées : a/ individualisation du bloc basculé du socle cristallin de la Vanoise orientale et de son hémigraben plus oriental ; b/ basculement de ce bloc, ce qui amène presque à l'horizontale le pendage de l'ancienne paléofaille qui séparait le bloc de l'hémigraben.


Il faut remarquer que ce schéma ne prend pas en compte la structuration en pli couché qui concernerait le socle cristallin du massif de Bellecôte (laquelle concerne au moins le secteur de ce schéma situé au nord du Grand Bec).
Ce vaste pli-couché affecte, côté occidental, la couverture siliceuse du socle, mais son flanc supérieur est tranché, du côté oriental, par la surface sur laquelle se sont déposées les couches représentées ici en bleu (en l'occurrence les marbres et brèches réputés jurassiques de Vallaisonnay).
Cette donnée introduit une contrainte complémentaire relative à l'âge énigmatique (post-permien mais anté-jurassique !!!) de cet objet tectonique.


En outre le socle de la Vanoise septentrionale est découpé par une cassure globalement proche de la verticale dont le tracé est courbé de façon concave vers le nord. Elle correspond du côté oriental à la faille du Col du Palet et du côté occidental au chevauchement du col de La Chiaupe. Elle sépare une partie nord-orientale (Bellecôte et Vallaisonnay) d'une partie périphérique, sud-orientale (Roche de Mio et Grand Bec). Cette dernière dessine un croissant de lune à concavité ouverte vers le nord au creux duquel s'inscrit la précédente, cette torsion semblant être le résultat de l'emboutissement de la partie sud par un mouvement vers le sud de la partie nord.
Par aileurs si l'on examine la disposition cartographique des contacts limitant les grands ensembles qui affleurent à l'est des alpages des Glières on y observe un enroulement un peu comparable dans lequel l'extrémité orientale du socle méridional se termine en un saillant qui s'effile et autour duquel s'enroule le matériel de la nappe des gypses et celui de la Grande Motte ...

En définitive la géométrie des rapports entre les unités tectonique qui convergent ici évoquent le résultat d'une torsion spirale, véritable vortex sénestrogyre qui est centré sur la Glière de Champagny.

le contenu de cet encadré est encore en cours de rédaction !


Il faut noter par ailleurs qu'en Vanoise sud-orientale (revers est du massif de Chasseforêt) la puissante série Norien-Éocène de la Grande Motte vient en contact direct avec des niveaux profonds du socle de la même façon que la série hyper-réduite de la Vanoise nord-orientale avec ceux du massif de Bellecôte - Grand Bec : cela conforte l'opinion (développée plus loin) selon laquelle cet ensemble lithologique de la Grande Motte, considéré initialement comme une klippe appartenant à une nappe d'origine plus ou moins lointaine, pourrait être presque à sa place originelle, et représenterait le contenu d'un profond hémigraben situé immédiatement à l'est des actuels affleurements de socle cristallin.

--- Les marges nord et est de la Vanoise cristalline (vallée de la Tarentaise) se montrent affectées de complications supplémentaires qui ont trait aux rapports de ce socle cristallin avec les terrains sédimentaires des domaines limitrophes.

Sur sa bordure nord-ouest, dans le haut versant de rive gauche de l'Isère en moyenne Tarentaise (environs de Peisey), le socle cristallin de cet ensemble se révèle ployé en un important pli couché qui recouvre, par un chevauchement presque horizontal, le prolongement septentrional de la Vanoise houillère. La couverture siliceuse et carbonatée de cette dernière est affectée d'accident extensifs qui semblent prolonger vers le NE la "cicatrice de Chavière".

Vers l'est et le sud-est, en haute Tarentaise (surtout en rive droite de l'Isère en aval de Val d'Isère), ce socle cristallin s'enfonce sous les nappes de schistes lustrés piémontais dans lesquelles est presque partout sculptée la crête frontière. Mais sous cette couverture tectonique il se rebrousse vers le sud-est en chevauchant ces schistes lustrés ainsi que les unités de matériel sédimentaire siliceux et carbonaté les plus internes de la zone briançonnaise, qui en constituent là le soubassement ; ces dernières représentent assez vraisemblablement le prolongement de la couverture de la coupole d'Ambin de Vanoise méridionale.

L'origine de ces rapports, très complexes, semble pouvoir être recherchée dans la déformation du système de blocs basculés invoqué plus haut : une première déformation, proverse, aurait tordu les blocs de socle en basculant vers l'ouest leur partie la plus haute ; il est vraisemblable qu'elle ait été déclenchée par l'arrivée des nappes de schistes lustrés et associée au débitage de la couverture en unités tectoniques imbriquées ; une déformation ultérieure, au contraire rétroverse, aurait agi sur ces unités charriées et sur la crête du bloc de socle pour les déformer en plis déversés vers le sud-est (cf. schémas ci-après).

Essai de reconstitution des évènements tectoniques successifs de la bordure nord-orientale de la Vanoise, en Haute Tarentaise.
Ces coupes, très schématiques, ne cherchent pas à représenter les rapports exacts des diverses unités tectoniques de la transversale considérée (en l'occurrence celle grossièrement NW-SE du cours de la haute vallée de l'Isère). Leur but est de montrer comment (selon l'auteur du site geol-alp) on peut concevoir que la disposition actuelle puisse dériver d'un dispositif initial de blocs basculés créés au Jurassique. Les points d'interrogation désignent les zones où l'interprétation adoptée pour "boucler" le dessin paraît particulièrement mal étayée ...
Les couleurs adoptées pour la partie "carbonatée" des successions stratigraphiques expriment les variations de constitution de ces successions, depuis les plus minces et les plus largement lacuneuses, qui correspondent sans doute aux crêtes et abrupts de faille des blocs de socle, jusqu'aux plus épaisses à succession particulièrement peu lacuneuse, comportant du Trias supérieur et du Lias (= du type Grande Motte), qui sont probablement originaires des secteurs les plus profonds des anciens hémigrabens.
Le trait vert sombre représente la surface de charriage des nappe de schistes lustrés et les traits rouges les surfaces de chevauchement, dans doute induites par ce charriage majeur, au sein du matériel de la zone briançonnaise.
N.B : Ces schémas ne prennent pas en considération deux importantes cassures, qui sont supposées avoir fonctionné lors d'étapes encore ultérieures : il s'agit de la cicatrice de Chavière - Champagny (qui passerait à l'extérieur gauche des coupes) et de la faille de Rhêmes - Chardonnet (beaucoup plus hypothétique), qui passerait entre Bellecôte et Val d'Isère.


Géométrie structurale au sein de ces trois ensembles

La tectonique alpine des terrains anté-alpins (c'est-à-dire du socle, du houiller et des terrains siliceux permo-triasiques) semble à première vue assez simple, mais cette impression est illusoire.
- En Vanoise occidentale le matériel houiller montre localement, surtout à sa marge orientale, des systèmes de plis couchés impliquant la couverture mésozoïque. Plus à l'ouest de telles structures ne semblent guère présentes, mais cela vient peut-être de ce qu'elles ne sont pas faciles à observer, en l'absence de niveaux repères pouvant les souligner.
- En Vanoise proprement dite (orientale) les deux vastes coupoles qu'y dessine la surface du socle cristallin cachent des dispositions géométriques internes complexes dans lesquelles il est difficile de faire la part de la tectonique anté-alpine. En outre il s'avère que des phénomènes de désolidarisation par rapport au socle ont permis aux terrains siliceux permo-triasiques de s'imbriquer et même de se plisser en plis couchés isoclinaux, indépendamment des structures du socle sous-jacent

Les terrains mésozoïques montrent des structures plissées parfois spectaculaires, notamment dans les calcaires et dolomies triasiques, où les rayons de courbure des plis restent de grande taille et les charnières réglées sur de grandes distances. Dans les marbres du Jurassique supérieur et du Crétacé on observe souvent des plis très fermés, parfois isoclinaux, qui sont souvent reployés, parfois de façon complexe, et ne présentent pas toujours une grande continuité.

Le trait fondamental de la structure des terrains mésozoïques de Vanoise est d'être disposés en nappes empilées. On y distingue 3 groupes de nappes qui sont de bas en haut :

--- Les nappes briançonnaises sont caractérisées par le développement de leurs carbonates triasiques. Si leurs séries stratigraphiques post-triasiques sont assez différentes (voir la page "stratigraphie"), ces variations (qui servent à faire des distinctions locales et à rechercher les coordinations entre unités) n'influent guère sur le style tectonique. Celui-ci se caractérise d'une façon générale par des répétitions de couches, par chevauchements, donnant des structures imbriquées en "écailles"*. Mais cela n'exclue nullement la présence de nombreux plis, dont beaucoup reploient les surfaces de chevauchement des "écailles" imbriquées (ce qui atteste de la superposition des effets de plusieurs phases de déformation).
La couverture propre ("autochtone") du socle de la Vanoise septentrionale se caractérise par un comportement tégumentaire, en restant adhérente à ce socle cristallin. Ceci ne l’empêche pas d'être entraînée par des écaillages affectant ce socle, notamment en haute Tarentaise et sur le versant italien.

--- Les nappes à affinités piémontaises - dans l'acception large adoptée ici (voir la page "stratigraphie") - sont représentées par deux groupes d'affleurements :
a - les deux gros blocs montagneux de la Dent Parrachée et de la Grande Motte, qui constituent un ensemble lithologique bien individualisé, sont classiquement interprétés comme des fragments d'une vaste "nappe de la Grande Motte", reposant par charriage sur les couvertures, à série beaucoup plus réduite, du socle de la Vanoise méridionale. Ils montrent, particulièrement dans la partie haute de leur succession (Malm et Crétacé supérieur), lorsqu'elle est conservée, un système de plis complexes parfois en forme de plis couchés isoclinaux (
voir en particulier la page "Pramecou").
** La signification et la mise en place tectonique de cet ensemble lithologique n'est pas évidente : voir les remarques complémentaires en fin de page).
b - le groupe anciennement dénommé "faisceau du Prariond" est formé, dans le cirque des sources de l'Isère, d'écailles imbriquées entre les unités briançonnaises et les nappes de schistes lustrés ; on peut y distinguer les deux lames tectoniques inclinées vers l'ouest que sont l'unité du Malpasset de caractère Piémontais externe accusé et l'unité du Prariond, dont le Trias supérieur supporte des schistes lustrés.
Le prolongement sud-oriental de cette dernière, surtout formé de cargneules, s'intercale plus ou moins entre les unités de schistes lustrés des confins de la Haute Maurienne et ceux de la Haute Tarentaise. Anciennement désigné dans la littérature sous le nom de "faisceau de l'Iseran", il passe en contrebas oriental du col de l'Iseran et dans les pentes orientales de Méan Martin pour se terminer, en une boutonnière anticlinale déversée vers le nord-est, dans les pentes de rive nord de l'Arc au niveau de Lanslebourg. Le matériel qu'elle ramène là au jour est en majeure partie rapportable au briançonnais proprement dit.

--- Les nappes de schistes lustrés, formées de calcschistes métamorphiques, sont dotées ou non de matériel ophiolitique. Les auteurs récents y ont distingué quatre groupes d'unités, grossièrement superposés de haut en bas comme suit :
- Des unités
tout-à-fait supérieures ("sommitales"), rapportées à une nappe de la Pointe du Grand Vallon. Elles sont formées par un flysch* schisto-calcaire, à lits de quartzites (notation n.gV sur les figures de ce site).
- Des unités
supérieures, qui forment les crêtes des sommets de la Grande Sassière, de la Sana et des Lorès. Elles appartiendraient à une nappe de la Grande Sassière et sont constituées par des schistes lustrés en prédominance calcaires (notation n.Sa sur les figures de ce site).
- Des unités
"médianes". Au sein de ces dernières les plus élevées dans l'édifice tectonique constituent la nappe de Méan Martin (notation n.MM sur les figures de ce site), qui affleure surtout sur le versant Tarentaise de la crête de partage des eaux entre Isère et Arc. Elle est constituée de schistes lustrés à prédominance argileuse, souvent riches en intercalations ophiolitiques (sans doute surtout des olistolites, plutôt que des fragments de l'ancien fond océanique, d'ailleurs). Dessous vient la nappe du Charbonnel (notation n.Ch sur les figures de ce site), qui affleure surtout en rive gauche de la Maurienne. Elle est constituée par des schistes lustrés en prédominance calcaires dont le terme supérieur, particulièrement carbonaté, est formé de marbres plaquetés.
- Des unités
inférieures, affleurant au pourtour du massif cristallin du Grand Paradis, aux abords de Bonneval et dans les vallées de rive gauche de la haute Maurienne. Elles sont constituées par des alternances schisto-calcaires qui hébergent d'importantes masses de roches vertes. On peut y distinguer une nappe de l'Albaron et de l'Aiguille Pers (notation n.Al sur les figures de ce site) recouvrant une nappe basale, des abords de Bonneval (notation n.Bo sur les figures de ce site) dont les calcschistes ne sont séparés du socle cristallin que par des calcaires jurassiques et/ou des cargneules

--- Enfin un trait particulier à la Vanoise est la présence de la "nappe des gypses", constituée par des gypses du Trias supérieur et des cargneules qui leur sont associées. Ces gypses semblent indépendants à la fois des unités briançonnaises et des unités liguro-piémontaises, de sorte qu'il est commode de les considérer comme une entité autonome mais dont le statut n'est sans doute pas, comme pour les autres nappes, celui d'une tranche de terrain cohérente transportée depuis un secteur paléogéographique propre, caractérisé par une succession stratigraphique particulière (encore que, aux environs de Termignon, elle semble se rattacher à la nappe de la Grande Motte dont elle pourrait constituer ici la partie la plus basale).
En effet ces roches occupent ici une place particulièrement importante dans certains secteurs, où elles se sont accumulées sur plusieurs centaines de mètres d'épaisseur. Vis à vis des nappes de schistes lustrés elles jouent le rôle d'un coussinet basal de charriage mais ne présentent à l'évidence aucune liaison stratigraphique. Ces amas de gypses et cargneules reposent souvent sur les terrains briançonnais sous jacents en tranchant, comme par une surface d'érosion, les dispositifs structuraux qui s'y développent. Le matériel gypseux s'intrique même, parfois, de façon extrêmement capricieuse avec le matériel carbonaté briançonnais, comme si ce dernier avait été bousculé et déplacé au sein des gypses.
L'origine du matériel de la nappe des gypses est totalement énigmatique. Mon avis est que l'on a sans doute pas suffisamment examiné les implications qui résultent de ses rapports avec le linéament briançonnais oriental
(voir la page spéciale), accident qui est précisément caractérisé par l'abondance des gypses et cargneules qui le jalonnent. De plus ces roches reposent souvent sur les bordures de cette bande faillée de façon "flottante", en reposant sur des surfaces d'abrasion, comme c'est le cas en Vanoise : ceci suggère une mise en place par expulsion puis étalement (extravasion*) le long de cet accident.

** Concernant plus précisément l' "unité de la Grande Motte", qui englobe ce dernier sommet et la crête qui le joint à celui de la Grande Casse, on peut s'interroger sur un certain nombre de caractères bizarres qui cadrent mal avec l'interprétation qui consiste à y voir presque une klippe, posée par charriage sur des unités briançonnaises originellement plus externes.
- Un premier point est la difficulté que l'on rencontre, sur le terrain, à observer la surface de charriage censée délimiter la base de cette unité: on est souvent conduit à se demander si le Malm de l'unité de la Grande Motte ne se poursuit pas en continuité par celui de la couverture du socle cristallin (que la nappe est censée recouvrir)... (voir à cet égard quelques précisions aux pages "Grande Casse" et "Grande Motte" et "Réchasse"). On remarquera aussi que le matériel de cette unité ne vient jamais en recouvrement sur des unités briançonnaises comportant du Trias moyen dans leur série stratigraphique (telles que l'on en trouve à sa périphérie).
- Un deuxième point est le fait que la marge des affleurements de la supposée klippe ne se montre pas simplement tranchée par l'érosion (comme ce devrait être le cas si la nappe se prolongeait originellement au delà vers l'ouest). Au contraire, au nord-est (Grande et Petite Balme) comme au sud-ouest (col de la Vanoise) et sur toute sa marge septentrionale, la masse rocheuse liasique est frangée par un dispositif anticlinal tel que les termes supérieurs de la série stratigraphique (Malm crétacé supérieur et Éocène) s'abaissent jusqu'au niveau de la supposée surface de charriage et même s'y disposent parfois en série renversée (vallon de Prémou, au pied de la face nord).

Ces observations portent à envisager une hypothèse relativement "autochtoniste". Celle-ci considère que le matériel attribué à la nappe de la Grande Motte n'est pas séparé de la couverture briançonnaise adhérente au socle cristallin qui affleure plus à l'ouest, par une surface de chevauchement majeure mais, au contraire, s'y raccorderait par un synclinal masquant l'emplacement d'une importante paléofaille anté-Malm. L'unité de la Grande Motte correspondrait seulement à un gros anticlinal, déversé vers l'ouest et le nord-ouest par dessus le massif de Chasseforêt (et, plus au nord, sur la marge SE de celui de Bellecôte - Mont Pourri). La formation de ce pli serait due à l'expulsion, lors des serrages alpins, du contenu de l'hémigraben à remplissage liasique originellement situé au revers nord-oriental de l'actuel socle de la Vanoise méridionale (voir la page "stratigraphie").
Ce serait en somme une "nappe - pli couché" comparable, dans sa géométrie, à la nappe helvétique de Morcles et ayant vis-à-vis du socle de Chasseforêt les mêmes rapports que cette dernière avec le massif des Aiguilles Rouges.

Le passage brutal d'une série d'hémigraben à une série de crête d'un bloc basculé, qui a fait croire à un contact tectonique de chevauchement, serait donc d'origine purement paléogéographique et correspondrait simplement au jeu de l'ancienne faille extensive, cachetée au Malm, qui limitait les deux domaines sédimentaires ici juxtaposés,


Chronologie des déformations

Les travaux des auteurs récents ont conduit à distinguer au moins 4 étapes de déformation, chacune caractérisée par un style de déformation et une orientation propre des contraintes. Ce sont, en remontant le temps :

- Phase 4 : accidents tardifs variés : bombements anticlinaux du socle cristallin, notamment du Grand Paradis, de la Vanoise nord-orientale et de la Vanoise sud-orientale (formation, entre ces deux derniers, du synclinorium du col de la Vanoise) et chevauchement de la Vanoise septentrionale sur la zone houillère en moyenne Tarentaise.
On envisage aussi de lui attribuer le chevauchement des unités briançonnaises classiques sur la couverture adhérente (très réduite) de la Vanoise septentrionale
et le recouvrement, par un déplacement d'ensemble des unités de schistes lustrés et de la "nappe des gypses" (leur servant de semelle) pour venir recouvrir la surface d'érosion qui tranche les parties les plus élevées de beaucoup d'unités briançonnaises.
Enfin, pour certains, ce serait l'étape d'un jeu (coulissant sénestre ?) de la "cicatrice de Chavière"
***.

- Phase 3 : Plis souvent ouverts, parfois pincés, déversés vers le sud le sud-ouest ou le sud-est ("rétro-déversement"). Certains envisagent que ce soit aussi l'étape du jeu principal de la "cicatrice de Chavière".

- Phase 2 : Plis couchés souvent isoclinaux, accompagnés du développement d'une schistosité intense, déversés grossièrement vers le nord, formés sous des conditions métamorphiques indiquant une surcharge progressivement décroissante.

- Phase 1 : Charriage des différentes nappes, sous conditions métamorphiques (sauf en Vanoise occidentale), et décollement de la couverture briançonnaise par rapport à son socle cristallin (Vanoise orientale) ou par rapport à son soubassement houiller (Vanoise occidentale)

*** Cette manière de dissocier les mouvements de la couverture en Vanoise nord-orientale par rapport aux mouvements similaires qui l'affectent en Vanoise sud-orientale peut soulever un certain scepticisme. En effet il ne semble pas y avoir de différence notable dans l'allure des structures formées aux dépens du matériel briançonnais classique, ni dans leurs rapports avec le matériel de la "nappe des gypses".
D'autre part l'étape d'érosion que l'on invoque pour expliquer les structures tronquées recouvertes par la nappe des gypses n'est pas sans présenter un caractère assez énigmatique, tant par le caractère ambigu des observations qui l'étayent que par sa situation dans la chronologie orogénique, puisqu’elle se serait intercalée entre la phase 3 et la phase 4.
Enfin le fonctionnement de la cicatrice de Chavière est visiblement complexe : il comporte certainement de forts déplacements entre Vanoise houillère et Vanoise cristalline, car ces dernières présentent de fortes différences à la fois dans leur constitution anté-alpine et dans les âges de remontée de la profondeur et de mise à nu par l'érosion. C'est aussi ce que suggère le fait (insuffisamment remarqué, sans doute) que, du sud de Champagny jusqu'en Italie, le prolongement de la cicatrice de Chavière constitue la frontière entre un domaine oriental où affleurent des nappes de schistes lustrés et un domaine occidental où l'on en trouve pas trace (mais où affleurent par contre des nappes de flysch à Helminthoïdes...). D'autre part on ne saurait considérer cet accident comme une simple faille tardive car sa géométrie en coupe s'éloigne beaucoup de celle d'un simple plan subvertical. Enfin il est évident que les importantes masses gypseuses qui l'accompagnent du nord de la Vanoise jusqu'au sud de l'Ubaye, doivent être en relation avec l'ensemble traditionnellement désigné en Vanoise comme la "nappe des gypses" ; mais la signification et les modalités exactes de leurs rapports sont bien obscures et purement conjecturales.

On voit par ces quelques remarques (parmi d'autres non formulées ici), que la chronologie et les mécanismes de la structuration de la Vanoise ne sont pas encore élucidés avec une totale clarté...


Abréviations tectoniques utilisés dans les figures


1/ Entités tectoniques majeures :

Br = nappe du Briançonnais au sens large
- ØVs = chevauchement du socle de la Vanoise septentrionale sur la zone houillère (au nord-est de La Plagne)
- n.gM
= nappe de la Grande Motte (et "faisceau du Prariond") ; ØgM = sa surface de chevauchement.
- n.G = "nappe des gypses" ; ØG = sa surface de chevauchement.
Diverses unités secondaires de la couverture carbonatée briançonnaise :
- u.rP = unité du Roc de la Pêche,
- u.A = unité de L'Aliet,
- etc

SL = nappe des schistes lustrés (zone liguro-piémontaise) ; ØSL = surface de chevauchement basale.
Au sein de cette vaste nappe on reconnaît plusieurs surfaces de chevauchement, correspondant aux diverses nappes "ligures" imbriquées, qui sont en général disposées dans l'ordre suivant (de haut en bas) :
- n.gV = nappe "sommitale" (à faciès flyschoïdes) du Grand Vallon ;
- n.Sa = nappe "supérieure" (à faciès calcaires) de la Grande Sassière, de la Sana ;
- n.MM = nappe "médiane" (à faciès schisteux) de Méan Martin etc... ;
- n.Ch = nappe "médiane" (à faciès calcaires prédominants) de Charbonnel
- n.Al = nappe "inférieure" (très riche en roches vertes) de l'Albaron et de la Pointe Pers .
- n.Bo = nappe "basale" des alentours de Bonneval

2/ Grandes cassures longitudinales de la zone briançonnaise :

c.Ch = c.C = "cicatrice" de Chavière - Champagny


consulter aussi : Tectonique du Briançonnais (pour comparaisons et analogies)

Stratigraphie - Relief de la Vanoise

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