Le lac d'Allos |
Le lac d'Allos est dominé du côté méridional par la crête des Tours du Lac, qui est formée par les grès d'Annot, presque horizontaux : ces couches représentent le couronnement de la succession stratigraphique du domaine autochtone, lequel s'étend, à partir de là, plus au sud.
Le Lac d'Allos, vu de l'est, d'avion, par dessus la crête des Tours. |
Le lac occupe une cuvette relativement circulaire qui est fermée du côté nord par un verrou rocheux garni de matériel morainique discontinu : c'est donc un lac d'origine glaciaire qui a été creusé par un petit glacier très local, blotti au pied nord des falaises des Tours du Lac. D'autre part ce lac n'a pas de déversoir à l'air libre. Cela résulte de ce que son verrou n'est pas étanche : de fait on voit ressortir les eaux qu'il laisse filtrer aux sources qui bordent l'ancien lac colmaté du Plateau du Laus (voir le cliché ci-après).
Bien que situé en contrebas de la crête des Tours, le fond de la cuvette et la crête de Valplane - Monier (qui la ferme du côté occidental) sont pourtant formés par un matériel rocheux qui a été charrié sur celui de l'autochtone qui constitue ces Tours. Ce matériel allochtone* appartient à la nappe du Pelat et constitue en fait l'extrême extension méridionale des nappes de l'Embrunais - Ubaye sur les crêtes de rive gauche du Verdon. Sa situation, au pied des abrupts de grès d'Annot des Tours est due à son abaissement par la faille de l'Encombrette, cassure qui traverse la crête au col du même nom (voir plus loin).
Les affleurements de ce matériel constituent la digitation du Lac d'Allos, laquelle est l'élément inférieur de l'empilement des nappes ; elle se singularise par son armature constituée épaisse dalle de conglomérats, datés du Bartonien et discordants sur les lambeaux de Jurassique, qui supportent des grès ("Grès du Laus") assez proches d'aspect de ceux d'Annot.
Le verrou du lac est plus précisément armé par ces conglomérats qui sont, de plus, mis en saillie par un bombement anticlinal orienté N40.
Au pied des abrupts des Tours et dans les abrupts du versant sud de la Tête de Rocheplane, la digitation du Lac d'Allos s'avère reposer sur un matelas de schistes argileux qui est épais d'une centaine de mètres et qui est riche en intercalations lenticulaires de calcschistes néo-crétacés. Cet ensemble (désigné localement du nom d'"écailles basales") représente vraisemblablement la formation olistolitique connue presque partout au sommet de la succession nummulitique.
La rive occidentale du lac d'Allos, vue de l'est, depuis la Petite Tour (cliché original obligeamment communiqué par M. A. Dufour) . ØPe = surface de charriage basale de la nappe du Pelat ; éc.b = "écailles basales" (surtout calcschistes néocrétacés) incluses dans le flysch noir de la formation olistolitique terminale du nummulitique autochtone (l'une d'entre elles est intercalée en navette* le long de la surface de cassure au col de l'Encombrette) ; Paraut. = partie haute de la dalle par-autochtone de l'Encombrette et des Tours du Lac d'Allos. f.E = faille (NW-SE, verticale) du col de l'Encombrette ; "fcg" = conglomérats. N.B. La mention "col de l'Encombrette" désigne le passage du sentier (point 2536) et non le col topographique (point 2527). |
Le fait que cet ensemble affleure au pied des abrupts du versant nord des Tours du Lac, pourtant constitués par les grès d'Annot, est dû au rejet vertical de la faille du col de l'Encombrette, lequel est donc d'au moins 400 m sur ce versant.
Coupe de la cuvette du Lac d'Allos (d'après une figure inédite obligeamment communiquée par Cl. Kerckhove). "sab" = "schistes à blocs" (olistostrome nummulitique) ; "fcgl" = conglomérats (bartoniens) |
On constate en outre que, si cette faille est verticale et tranche à angle droit les couches des Tours, au contraire les lames de calcschistes de la formation olistolitique, pentées vers le nord, se rebroussent presque à la verticale contre la surface de cassure (cette disposition s'observe notamment sans ambiguïté dans le versant sud-occidental de la montagne de l'Avalanche).
Les Tours du lac d'Allos, vues de l'ouest, dans l'enfilade de leur arête, depuis la Petite Tour (cliché original obligeamment communiqué par Mr. A. Dufour). d.LA = digitation du Lac d'Allos ; ØPe = surface de chevauchement de la nappe du Pelat ; éc.B = "écailles basales" du Lac d'Allos ; f.E = faille du col de l'Encombrette. Noter le bel exemple du litage, en bancs d'épaisseur irrégulière, des grès d'Annot par-autochtones, ici sub-horizontaux, constituant les Tours elles-mêmes ; l'attitude de la stratification (s0), de part et d'autre de la faille de l'Encombrette, est indiquée par des traits rouges. |
La géométrie de la faille de l'Encombrette, pose des problèmes d'interprétation car son rejet est beaucoup plus faible (presque nul) au revers sud du col (voir la page "Encombrette").
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Allos |
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sources du Var |
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