Sénez - Lioux |
La localité de Sénez est située (comme celle de Barrême) à la marge occidentale des affleurements des couches inférieures du Tertiaire du flanc ouest du synclinal N-S de Barrême. Ici aussi ces dernières reposent en discordance directement sur le Crétacé inférieur (marnes bleues apto-albiennes).
À l'est du village les couches du Tertiaire (dont on ne voit plus le soubassement crétacé) décrivent plusieurs plis mineurs, relativement fermés, dont l'un au moins (celui qui forme la butte de Malvoisin) s'avère avoir fonctionné pendant le cours même de la sédimentation oligocène (comme ceux de Clumanc et de l'Asse de Moriez).
figure agrandissable (extrait de la notice de la carte à 1/50.000 Digne) MR = Molasse Rouge ; gS = grès de Sénez ; m = marnes priaboniennes. |
Plus à l'est encore, dans les pentes
qui s'élèvent vers Lioux, on traverse un compartiment
surélevé où affleurent le Jurassique supérieur
et le Néocomien, jusqu'aux marnes bleues apto-albiennes,
qui forment le soubassement des prairies de l'ancien village de
Lioux.
Ce bloc se termine en pointe vers le nord, dans le diapir de Gévaudan,
par la réunion des deux bandes de cargneules triasiques
qui le délimitent. Celle de l'ouest, très étroite
par places, se connecte vers le sud (à la Tuilière
de Sénez) aux accidents de la pointe septentrionale du
bloc de Taulanne. Celle de l'est s'effile vers le sud, dans la
surface du chevauchement de l'unité du Castellard (dont
le Tithonique constitue le crêt de la Grau de Courchons).
figure agrandissable Coupe de la cuvette synclinale de Barrême dans sa partie méridionale (transversale de Sénez) mbl = marnes bleues, apto- albiennes ; cN = calcaires à Nummulites ; mGlob = marnes à Globigérines du Priabonien ; gS = grès de Sénez ; mR = molasse rouge ; cgC = conglomérats calcaires (sommet de la molasse rouge), discordant, vers l'est, sur les plis affectant les couches sous-jacentes. (se reporter à la colonne stratigraphique) |
La bande triasique occidentale, par ses caractères de lame verticale représente de toute évidence l'émanation méridionale du diapir de Gévaudan : l'emplacement où ce dernier s'est mis en place (sans doute à l'Oligocène) correspond au point de rencontre d'une cassure à peu près N-S (le décrochement de Lambruisse) et du coeur triasique d'un anticlinal NW-SE (celui du Castellard), auquel faisait suite vers le sud le synclinal de Lioux (unité de la Sérage). Ce sont vraisemblablement les compressions ultérieures, contemporaines du charriage de la nappe de Digne, qui sont responsables du rétrécissement (par écrasement NE-SW) de ces bandes triasiques.
Du côté nord-est, le Tertiaire des abords orientaux de Sénez s'enfonce sous la montagne du Bois de Lieye, où il est recouvert en chevauchement par du Sénonien, supportant une grosse épaisseur de conglomérats d'Argens. Une lame de gypses, connectée au diapir de Gévaudan, est injectée le long de la surface de chevauchement.
figure agrandissable Une interprétation (en trois étapes) de l'évolution qui a abouti au dispositif actuel mbl = marnes bleues, apto- albiennes ; cgA = conglomérats d'Argens (Éocène inf.) ; cN-gS = Priabonien (calcaires nummulitiques à Grès de Sénez) ; cgC = conglomérats calcaires de la partie supérieure de la Molasse Rouge. Ce schéma essaie de faire la synthèse des déformations observables entre la latitude de Saint-Lions et celle de Sénez - Lioux (la coupe ne passe précisément par aucune des localités indiquées et la topographie est une reconstitution hypothétique grossière de ce qu'elle pouvait être alors). En coupe 1 on a indiqué la position des futures fractures le long desquelles s'est faite l'ascension du matériel gypseux : f.B = faille extensive de Bouquet Bas ; D = décrochement dextre ; f.G = faille extensive de Gévaudan. Les bandes de Trias diapirique sont actuellement plus étroites que sur la coupe 3 (notamment au sud et au nord de Gévaudan) : cela traduit le fait qu'elles ont dû subir, postérieurement à l'Oligocène, lors de la mise en mouvement de la nappe de Digne, un étranglement induit par le serrage E-W des masses rocheuses qui a été inévitablement lié à ce phénomène. L'hypothèse retenue dans ces schémas est que le décollement de la succession néocrétacée, responsable du plissement des dépôts tertaires du sillon de Barrême, serait intervenu au cours des montées diapiriques. Dans cette hypothèse c'est l'élargissement des cheminées diapiriques, dû à cette montée des gypses triasiques, qui, en repoussant vers l'ouest le Néocrétacé de la marge orientale du synclinal du tertiaire de Barrême, a été le moteur de ces déformations (voir l'aperçu général sur les alentours de Barrême). |
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