L'Olan

le point culminant de la rive droite du Valgaudemar

Avec ses 3584 m l'Olan est l'une des plus grandes cimes du massif et un important nœud d'arêtes qui lui fait dominer trois vallons (Valgaudemar du côté sud, La Lavey côté NE et Haut Valjouffrey côté NW). L'impressionnante face nord-ouest de sa pyramide sommitale ferme spectaculairement le vallon des sources de la Bonne en dominant, d'une paroi de plus de 1000 m, le refuge de Font Turbat.

 

 Le vallon de Font Turbat
vu du nord-ouest, depuis le vallon de la Haute Pisse (son affluent de rive droite).

Le cours tout-à-fait supérieur de la Bonne emprunte une belle "auge" glaciaire. Toutefois cette auge, comme la plupart de celles du massif, n'est pas exemplaire car son fond plat n'est pas visible, masqué par les cônes d'éboulis qui descendent des deux versants.

Les deux épaulements de l'auge glaciaire dont formés par le granite de Turbat, de même que le Pic de Turbat, au fond à droite.
Par contre la pyramide de la face nord-ouest de l'Olan, qui ferme le vallon du côté amont gauche, est constituée de gneiss amphiboliques.

Du côté nord-est, d'autre part, il domine de 1500 m le fond du vallon de la Lavey, par l'intermédiaire des replats glaciaires de glaciers des Sellettes.

image sensible au survol et au clic

Le fond du vallon de la Lavey et la face nord de l'Olan, vus du nord-est, depuis le sommet de la Tête des Fétoules.

Enfin du côté sud, sur son versant Valgaudemar, sa crête sommitale domine de 500 m les hautes pentes des cirques glaciaires suspendus de la rive gauche (orientale) du vallon des Clots (au creux de l'un desquels est bâti le refuge de l'Olan).

image sensible au survol et au clic

Le versant méridional du chaînon de l'Olan
vu du sud depuis le lac de Pétarel, sur la rive opposée du Valgaudemar.
ØO = grande faille oblique ("chevauchement") de l'Olan (le tracé sur le versant a une inclinaison qui est plus faible que le pendage réel de la cassure (car celui-ci est dirigé en grande partie vers l'arrière-plan).

Comme beaucoup des autres cimes majeures du massif la partie sommitale de cette montagne est formée par un chapeau de gneiss.

image sensible au survol et au clic

L'Olan et la Tête du Vallon (versants méridionaux), vus de l'ouest depuis le Bec de l'Aigle (crête sud du Grun de Saint- Maurice).
f.Co = faille de Colombes (jalonnée par des cargneules au revers opposé du col). En arrière de la crête de Colombes elle détermine le vallon du Clot (que masque cette crête) ; "gn.gr." = gneiss granitisés et anatexites*.

Toutefois une particularité est qu'il s'agit de gneiss amphiboliques et que ceux-ci sont, sur le versant sud, dénués de leur habituelle semelle de gneiss du type Lavey : ils y reposent directement sur un substratum granitique (granite de Turbat coiffé de gneiss granitisés *).

image sensible au survol et au clic

La face nord-ouest de l'Olan vue de l'W-NW, depuis l'aplomb du refuge de Fond Turbat.
ØO = grande faille oblique ("chevauchement") de l'Olan (la neige souligne la petite vire que détermine la base de la lame de granite qui sert de semelle à la surface de cassure) ; f.O = faille verticale de l'Olan ; Gn.amph.œil. = chapeau sommital de gneiss amphiboliques oeillés (dont la disposition montre qu'il s'agit d'une dalle peu inclinée).

En fait le contact entre ces deux formations s'avère être une faille, qui a été dénommée chevauchement de l'Olan (voir ci-après** les commentaires relatifs à ce terme). Cette cassure pend vers le NE d'environ 45° et elle est séparée des gneiss granitisés par une lame de granite d'un type spécial, à grain fin (analogue au granite des Bans).

image sensible au survol et au clic

La face sud de l'Olan vue du sud, depuis les prairies de Lauplat, à l'est de Navette (l'angle inférieur droit du cliché montre la crête sud-ouest de la Rouye, qui cache le fond du cirque de l'Olan et le refuge qui y est blotti
ØO = grande faille oblique ("chevauchement") de l'Olan, accompagnée de sa lame de granite sous la cassure principale (le pendage apparent est atténué par rapport au pendage réel car la vue n'est pas prise tout-à-fait selon l'azimut de la surface de cassure) ; f.O = faille verticale de l'Olan ; g.a.œil. = chapeau sommital de gneiss amphiboliques oeillés.
Le granite de Turbat appartient à un pluton intrusif, qui s'est injecté vers le haut (noter l'attitude très redressée du contact) dans les gneiss, antérieurement granitisés par fusion progressive (migmatisation), du socle de l'Olan.


** Si cette faille a été qualifiée de "chevauchement" de l'Olan, c'est sans doute en raison de son pendage, qui est plutôt faible puisque inférieur à 45°, ce qui fait plutôt penser à une faille inverse (pourtant ce critère n'est en rien suffisant pour déterminer le sens du rejet d'une faille).

Mais en réalité, le fait que cet accident superpose directement des gneiss amphiboliques sur des granites résulte d'une suppression, par biseautage, des gneiss Lavey qui leur sont normalement intercalés (et qui affleurent, de façon discontinue, à l'est du refuge de l'Olan). Ceci ne saurait correspondre à un jeu compressif (qui aurait induit un redoublement de succession) mais au contraire à un jeu extensif.
De plus la mise en place de la lame de granite que l'on observe le long de la cassure paraît difficile à expliquer dans une tectonique en compression. Par contre elle paraît plus compréhensible dans un contexte extensif , car ce dernier s'oppose moins à la remontée d'un magma : on peut penser que c'est son ascension aisée qui a fait cristalliser ce granite plus rapidement et qui est donc cause du grain fin de la roche résultante.

Ces faits conduisent à penser que cette cassure a fonctionné, au moins originellement, à l'hercynien, en faille "normale" (d'extension). Par ailleurs son orientation, comparable à celle des failles extensives jurassiques de ce secteur (telle celle de Villar-Loubière) invite à se demander si elle n'aurait pas rejoué de la même façon, ensuite, en même temps que ces dernières. Certes, il n'est pas exclu non plus que cette faille ait été reprise en faille inverse lors des compressions alpines ultérieures, mais c'est là une supposition qui, à ma connaissance, n'est pas étayée.

Du fait que la surface de ce "chevauchement" de l'Olan est inclinée vers le NE, son tracé traverse en biais le flanc sud de la montagne, en s'abaissant progressivement vers l'est. On pourrait penser qu'il atteint et traverse la vallée de la Séveraisse aux environs Rif du Sap (c'est ce que peut suggèrer la lecture de la carte géologique). Mais cette faille du Rif du Sap, le long de laquelle sont pincées des couches triasiques, s'avère être une cassure plus verticale et orientée plus N-S : ces caractères semblent en faire, au contraire, le prolongement méridional, au sud du col de la Muande, de la faille occidentale des Fétoules. En fait le "chevauchement" de l'Olan vient buter, ici, contre cette dernière, qui le recoupe : l'on ne sait par conséquent pas comment il pouvait se prolonger originellement, au delà, vers l'est.

Une autre faille importante, appelée ici "faille verticale de l'Olan", détermine la face nord du sommet septentrional (3564) ainsi que le grand couloir nord de la face ouest. Sa surface de cassure est presque verticale, avec un rejet vertical de plus de 100 m, et orientée NW-SE, de sorte que son tracé traverse la crête orientale à la brèche Escarra pour courir ensuite vers le sud-est, à flanc de versant méridional de cette crête, jusque sous la Cime du Vallon et au delà. On voit bien, dans la face ouest, que cette cassure est plus ancienne que le "chevauchement" de l'Olan car elle bute contre lui sans le décaler.

 

 

voir l'aperçu général sur le Valgaudemar


cartes géologiques à 1/50.000° (*) à consulter : feuille Saint-Christophe


Carte géologique simplifiée du Valgaudemar
redessinée sur la base de la carte géologique d'ensemble des Alpes occidentales, du Léman à Digne, au 1/250.000°", par M.Gidon (1977), publication n° 074
cartes voisines : plus à l'ouest : Valjouffrey ; plus à l'est : Ailefroide ;
plus au sud-ouest : Champsaur ; plus au sud : Chaillol ; plus au sud-est : Champoléon



Haut Valjouffrey, Souffles

Vallon de la Lavey

Vallon des Étages
Vaurze ; Orgières

LOCALITÉS VOISINES

Rouies

Pétarel

La Chapelle en Valgaudemar

Morges nord
N.B. Les localités entre parenthèses appartiennent à une autre section du site et leur page s'ouvrira avec l'en-tête correspondant à cette dernière.

 accueil section Oisans

début de la page

sommaire de GEOL_ALP

Aller à la page d'accueil du site
Dernières retouches apportées à cette page le 4/03/20