Précisions sur la stratigraphie du Tithonique du Châtel |
La barre du Tithonique qui ceinture la montagne du Châtel en est un trait remarquable et son analyse un peu plus détaillée n'est pas dénuée d'enseignements.
Son examen montre d'abord que cette barre est formée par une succession de trois gros bancs d'épaisseur plurimétrique, séparés par des volées de bancs plus petits, de 10 à 40 cm d'épaisseur.
Il s'avère ensuite que ces gros bancs varient beaucoup d'épaisseur et s'effilent latéralement. Cela traduit le fait qu'ils correspondent en fait à des lentilles peu épaisses en regard de leur largeur. Localement certains de ces bancs peuvent d'ailleurs venir en coalescence avec la marge d'un autre et/ou se souder à lui pour former un banc encore plus épais (voir cliché ci-après).
On retiendra donc cette conclusion générale que, si l'existence de ces faisceaux de bancs est un bon caractère de reconnaissance du Tithonique, il n'est pas possible de prendre chacun d'entre eux, individuellement, comme un niveau repère. En effet leur continuité latérale est limitée et, à quelque distance de là, on a toutes chances, en croyant en reconnaître un, de le confondre avec un autre d'âge quelque peu différent. |
Enfin l'examen rapproché montre que ces bancs sont formés par des conglomérats "monogéniques", c'est-à-dire constitués de galets identiques. En outre la nature de ces galets est très peu différente de celle du ciment qui les soude, de sorte que l'on ne distingue souvent que très difficilement les contours des galets et que le banc paraît homogène et sans litage sur toute son épaisseur. La présence de discordances avec les lits sous-jacents et même de déformation mécanique de ceux-ci montre que chacun de ces bancs est en fait le remplissage d'un large chenal d'érosion.
Ces conglomérats représentent en définitive le résultat de l'épandage des produits d'avalanches sous-marines formées par la dislocation d'un banc pélagique encore mal induré, après sa mise en mouvement par glissement sur la pente du fond marin (des pentes de quelques degrés suffisent pour cela, si une secousse - par exemple un séisme - vient déstabiliser la couche sédimentaire).
Base du gros bancs moyen (B) le long de la vire que suit le sentier du versant ouest pour
franchir les escarpements. On distingue particulièrement bien les galets, à leur patine plus sombre, dans la partie droite du cliché. La base du gros bancs repose sur des bancs pélagiques normaux, lités horizontalement. |
Base du gros bancs moyen (B) le long de la vire que suit le sentier du versant ouest pour
franchir les escarpements, un peu plus au nord que le cliché précédent. La base du gros bancs repose ici sur des bancs pélagiques normaux qui ont été rebroussés et renversés par le passage de la boue caillouteuse. La disposition du rouleau ainsi formé indique le sens de déplacement de la coulée de cailloutis : elle venait de droite, c'est-à-dire sensiblement d'est en ouest. |
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(Mens) |
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