Les rochers sommitaux de Chamechaude |
La pyramide sommitale de Chamechaude est une butte témoin isolée par l'érosion qui n'est constituée que par la masse inférieure de l'Urgonien (le niveau des couches à Orbitolines, enlevé par l'érosion devait être presque tangent aux dalles sommitales). La dalle structurale dénudée de l'extrémité nord du promontoire rocheux, sur laquelle sont accrochés les arbres du "Jardin de Chamechaude", correspond à un niveau "tendre" (en fait surtout plus lité) situé bas dans la succession de l'Urgonien inférieur ; il a été dénudé par l'arrachement partiel de la tranche dont la partie subsistante forme la falaise dominant le Jardin du côté sud.
Si le regard est orienté selon l'azimut des couches (comme dans le cliché ci-dessus) on constate que ce niveau change de pendage en direction de l'ouest et décrit ainsi le synclinal du Sappey : cela se passe trés précisément au niveau de l'éperon un peu boisé que le sentier descendant du Jardin contourne avant de s'engager dans la face ouest et d'y suivre la vire que suit ce niveau, par laquelle on rejoint le pied de la cheminée ouest (voir le cliché suivant).
Or cette torsion synclinale des couches urgoniennes ne se manifeste pas au sud de la transversale du sommet : ceci est dû au décalage induit par le décrochement du Bachasson. Mais, du fait de son azimut oblique, cet accident traverse en biais le versant occidental de la crête et son tracé y est difficile à repérer ; on y parvient cependant car il est jalonné par quelques miroirs de faille mis à nu par l'érosion.
Détail de la pente occidentale sommitale du sommet de Chamechaude, vu du nord-ouest, depuis le sommet de Canaple. d.B = tracé du décrochement des Bachassons. Les mentions "flanc ouest" et "flanc est" se rapportent à la position, par rapport à la charnière du synclinal, des panneaux rocheux qu'ils qualifient : de part et d'autre de la cheminée ouest le décrochement juxtapose une portion du flanc ouest (à gauche) avec un panneau appartenant au flanc est qui intéresse, à droite, toute la dalle urgonienne jusque bien zu delà de la limite du cliché. |
Parmi les multiples observations de détail que l'on peut faire en parcourant l'Urgonien de ce sommet on peut sélectionner les suivantes :
Le sentier de La Folatière (voie normale depuis le col de Porte) est l'objet d'une véritable sur-fréquentation. De ce fait, aux approches du sommet, les dalles urgoniennes sont en train de subir un décapage par effritement de la roche. Cet effritement, dû à la sur-fréquentation du passage, est facilité par l'entrecroisement de plusieurs familles de fissures, que l'on voit d'une part sur les surfaces de strates décapées en dalles (fissures perpendiculaires aux strates, en prédominance orientées autour de N100) et d'autre part sur la tranche des bancs (cf photo ci-après).
Les rochers du sommet de la grimpée, sous l'antécime sud de Chamechaude, vus du sud (le personnage, dans la brèche du sentier à gauche de l'antécime, donne l'échelle). Vue rapprochée de la tranche d'un banc. On a souligné les trois directions de clivage, bien visibles ici : s0 = surfaces de strates ; d1 et d2 = surfaces de diaclases d1 et d2 sont disposées comme des failles inverses conjuguées : la bissectrice de l'angle aigu entre ces surfaces, qui correspond à la direction Z de raccourcissement est orientée comme le pendage des strates. |
Les dalles du sentier des prairies, entre l'orée des bois et la brèche Arnaud :
Cet itinéraire qui rejoint l'arête en faisant un grand lacet vers le sud s'élève sur les dalles structurales supportant les prairies, en restant presque sur la même surface de banc pendant un certain temps : en scrutant attentivement les surfaces dénudées par les passages des excursionnistes et des moutons on peut y observer la présence de fragment de polypiers dont certains montrent encore bien des détails de leur constitution.
Extrémités de rameaux de polypiers branchus : Urgonien inférieur de Chamechaude (Chartreuse), le long du sentier, dans la prairie, vers 1900m d'altitude (cliché aimablement communiqué par M. Grégoire Sterbecq). |
Ce rocher, remarquable par ses ciselures, se
détache sur la pente de Chamechaude, au dessus du sentier
de la voie normale depuis le col de Porte.
Ce n'est pas un bloc éboulé ; au contraire il appartient
à la dalle urgonienne qui s'élève, plus haut,
jusqu'au sommet de la montagne (plus précisément
au compartiment situé au sud de la faille
des Bachassons).
Les cannelures qui le sculptent sont dues aux différences
subtiles de nature et de cimentation des grains de la roche (les
zones en creux sont celles qui s'effritent le plus sous l'effet
du gel et du dégel). Elles témoignent de ce que
celle-ci est dotée d'un litage, en dépit de son
aspect le plus souvent très massif.