Mont Charvin : versant NW |
Depuis le sommet du Charvin il se détache vers le NW, depuis la crête principale du chaînon Charvin - Étale, une importante crête qui est jalonnée par les sommets de La Tulle puis de La Riondaz ; elle partage le versant occidental du chaînon en deux vallons divergents et drainés en sens opposé, celui des sources du Fier au nord du sommet et celui du Bouchet du côté ouest.
Le vallon des sources du Fier prend naissance au pied de sa face nord du Charvin, sous la forme d'un petit cirque où se loge le lac du Charvin. Il s'agit d'un assez bel exemple de lac de surcreusement, qui a été creusé par un ancien petit glacier local : il est retenu par le verrou que forme par la barre de calcaires nummulitiques, laquelle court en travers du vallon depuis la dalle qui tombe sur le col des Porthets jusqu'au sommet de La Goenne.
La crête Charvin - Étale, vue du sud, depuis l'épaule 2324, à l'ouest du sommet du Mont Charvin. f.G = faille de La Goenne (son tracé est masqué derrière La Goenne, car il passe au pied nord de ce rocher). Le compartiment supérieur de cette faille (qui inclut le lac du Charvin) est déplacé vers l'avant droit : ce jeu l'a fait s'éloigner du compartiment auquel appartient la crête de la Tête de l'Aulp, située en arrière de la Goenne, et s'affaisser par rapport à ce dernier. Pour plus de commentaires sur l'arrière-plan voir la page "L'Étale". |
En contrebas du verrou du lac le vallon traverse la surface de cassure d'une grande faille, la faille de la Goenne, dont le tracé est assez peu incliné vers le sud-ouest. Cette faille fait directement affleurer les couches de l'Hauterivien, sur lesquelles se trouvent les chalets de l'Aup du Fier, en contrebas des dalles de calcaires nummulitiques qui forment le verrou du lac.
Cette faille n'occasionne pas un redoublement des couches, mais au contraire la suppression d'une partie de celles-ci (toute la tranche Sénonien - Urgonien, soit plus de 500 m de couches, manque dans la coupe donnée par le vallon). Ceci indique clairement qu'il s'agit d'une faille extensive et non d'un chevauchement, contrairement à ce que certains auteurs avaient cru pouvoir conclure, sans doute en raison de l'angle apparemment faible que fait le plan de faille avec les surfaces de couches sur ces versants de la montagne.
La faille de la Goenne effondre le compartiment Charvin - Goenne par rapport à celui situé plus au NE (Tête et chalets de l'Aulp du Fier) ; elle est doublée, en contre-bas par une faille satellite analogue, celle de Mandallaz, dont le tracé se connecte avec le sien en rive gauche du Fier. On peut constater là que ces cassures décalent aussi la surface de chevauchement du matériel ultrahelvétique et qu'elles ont donc joué (ou re-joué) après la mise en place de ce dernier.
On trouvera des compléments sur la faille de la Goenne à la page "Charvin", où sa géométrie est analysée à la faveur de la coupe des abrupts orientaux du chaînon. |
La crête NW du Charvin débute au sommet de la montagne par
les bancs calcaires du Sénonien qu'elle traverse tour à tour presque orthogonalement. Ces couches ont un fort pendage, supérieur à la pente topographique de son versant occidental (que traverse en diagonale le sentier d'accès au sommet), de sorte qu'elles y sont découpées
par l'érosion en escaliers, chacun correspondant à
la tranche d'un banc plus récent que le précédent, au fur et à mesure que l'on descend.
Très vite, dès le fort épaulement de l'arête NW (coté 2324) la succession stratigraphique se
complète vers le haut par ses termes d'âge tertiaire : la barre des
calcaires nummulitiques forme une puissante dalle structurale qui culmine à cet épaulement et tombe sur le col des Porthets.
Le col des Porthets lui-même est ouvert dans les schistes nummulitiques à bancs de grès. Ces couches, les plus récentes de l'autochtone, sont recouvertes par celles des unités ultrahelvétiques, dont la surface de chevauchement plonge vers le nord-ouest. Celles-ci débutent par des Terres Noires qui affleurent déjà sur l'échine ravinée qu'emprunte le sentier d'accès au col des Porthets (il est d'ailleurs difficile de repérer où passe le contact tectonique, entre schistes noirs nummulitiques, à plaquettes gréseuses, et marnes noires jurassiques, à nodules calcaires, car ces deux faciès sont d'aspect assez similaire).
L'arête de la Tulle est essentiellement sculptée, dès le col des Porthets, dans les unités ultrahelvétiques* du flanc oriental du synclinal de Serraval ; mais la coupe, presque N-S, qu'elle en donne est globalement oblique aux couches jurassiques et crétacées de leur succession. En effet elles plongent dans leur ensemble vers le nord-ouest, comme leur surface de chevauchement, car toute la tranche charriée à été basculée, après le charriage, avec l'ensemble du flanc du synclinal de Serraval).
On voit, en divers points de la crête de La Tulle, que ces couches de la succession ultrahelvétique (et notamment sa barre tithonique), dessinent des plis couchés dont les charnières s'ouvrent vers l'est. Il s'agit en fait de plis dont les têtes anticlinales plongent vers le nord-ouest. Ils appartiennent à un système de plis originellement déversés vers l'ouest, qui ont été transportés (peut-être même créés) lors du charriage du matériel ultrahelvétique, puis basculés lors de la formation du synclinal de Serraval. (voir le schéma explicatif).
L'extrémité aval de l'éperon rocheux occidental de La Tulle au dessus des chalets de la Fatte, vu du sud - sud-ouest, depuis les chalets du Haut de Marlens De ce point de vue le regard est orienté à peu près dans l'axe (presque N-S) des plis parasites de flanc inverse des abords de la charnière principale de l'anticlinal couché de la Tulle. |
Les têtes anticlinales que dessine le Tithonique sont enveloppées, plus bas dans la pente (Sur le Freu, Orcière), par les marno-calcaires du Crétacé inférieur (au sein desquels les passages de faciès sont d'ailleurs trop progressifs pour permettre de distinguer les étages successifs).
Au sud-ouest du sommet du Charvin la crête rocheuse du chaînon se poursuit sur plus de 3 km, toujours sculptées dans l'épaisse série des calcaires sénonien que coiffe la dalle des calcaires nummulitique. Mais ces couches sont entaillées par un vallonnement bifide qui s'y engage assez profondément et dont les bords abrupts suggèrent qu'il s'agit d'un ancien petit cirque glaciaire. Il a cependant une origine structurale car à l'emplacement où il est ouvert passent deux cassures à rejet modeste, sans doute dextre, en tous cas transversales à la crête principale du chaînon, la faille du Golet de la Trouye et la faille des Aiguilles du Mont.
Le versant occidental de la crête du Charvin, vu du collet de La Botte, au pied sud-ouest de la montagne de Sulens. ØuH = chevauchement des écailles ultrahelvétiques ; f.A = faille des Aiguilles du Mont ; d.M = décrochement de Marlens (voir la page "Charvin SE") . |
Le replat de Mont-dessus, qui court jusqu'au Col du Fer est sans doute déterminé par le repos, sur les calcaires nummulitiques autochtones, du matériel ultrahelvétique, mais ce dernier n'affleure pas, masqué sous les alluvions glaciaires comme presque partout sur ce versant au dessous de l'altitude de 1500 m.
Coupe transversale au niveau du Mont Charvin
ØUH = surface de chevauchement des unités ultra-helvétiques ; ØAp = chevauchement de l'Arpettaz
Carte géologique très simplifiée
de l'extrémité sud-orientale des Aravis
redessinée sur la base de la carte géologique d'ensemble
des Alpes occidentales, du Léman à Digne, au 1/250.000°",
par M.Gidon (1977), publication n° 074
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Sulens | LOCALITÉS VOISINES | Charvin SE |
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