Le lac d'Annecy (côté Bauges) |
Le lac d'Annecy occupe la partie septentrionale de la trouée d'Annecy - Ugine qui sépare les Bauges des Bornes - Aravis. Cette vallée morte, c'est-à-dire que ne parcourt aucun cours d'eau qui soit à son échelle, a en outre des rives abruptes et un fond assez large garni d'alluvions : cela trahit le fait qu'elle a été empruntée par un glacier. Il s'agissait d'une langue diffluente du fleuve de glace de l'Isère, qui, au Würm*, rejoignait à Annecy le fleuve de glace principal qui était issu du bassin de l'Arve (surtout du massif du Mont Blanc : voir la page "glaciations"). Le fait que cette vallée soit partiellement occupée par un lac (qui fut nettement plus grand avant de se combler partiellement de marécages) est plus précisément dû au classique "surcreusement"* glaciaire.
Mais on peut s'interroger sur la cause de la localisation, à cet endroit, de cette trouée d'érosion. Or, le long de la rive occidentale de cette trouée, on voit spectaculairement tous les axes des plis des Bauges septentrionales se diriger en oblique vers le lac et s'enfoncer vers le nord. On pourrait donc penser que le lac d'Annecy est installé sur une zone structurale déprimée, oblique à ces plis (ce qui serait un "synclinal trans-axial"). En fait il n'en est rien, car sur le versant nord-oriental du lac (en bordure du massif des Bornes, donc) les axes des plis ne se relèvent pas vers le nord mais plongent globalement, comme au sud, dans cette direction.
Ceci dit les rapports entre les deux versants du lac changent selon la transversale considérée :
a) Au niveau d'Annecy (rive tout-à-fait septentrionale du "Grand lac") il est particulièrement net que la carapace urgonienne
de l'anticlinal du Semnoz, qui plonge
sous le niveau du lac à Annecy, ne resurgit aucunement
du côté nord-est du remplissage alluvial qu'occupe la ville.
D'autre part les couches du Tertiaire ancien (molasses rouges) qui recouvrent le flanc est de ce pli affleurent largement dans le synclinal de Leschaux :
on les retrouve du côté Borneses couches de même âge, mais elles laissent émerger, au Roc de Chère, un bombement anticlinal qui s'enfonce doucement vers le nord-est ; plus au nord elles disparaissent sous le chevauchement par les terrains crétacés
du Mont Veyrier, lesquels dessinent une vôute anticlinale qui plonge également
vers le nord-est).
Dans cette partie nord du lac ("Grand Lac") rien n'indique donc qu'il y ait une correspondance entre les structures des deux rives : cela implique sans doute qu'il y ait, sous le lac, un dispositif structural qui soit cause de cette discontinuité.
b) à mi-longueur du lac, à Duingt, l'axe du synclinal d'Entrevernes plonge au point que son Urgonien s'enfonce sous les eaux du lac. Sur la rive nord-est du lac on peut envisager que ce soit ce pli qui réapparaît au col des Contrebandiers : il aurait en ce cas été rehaussé par le jeu du décrochement de Duingt - Talloires, mais il y montre un plongement axial qui persiste à être dirigé vers le nord-est.
image sensible au survol et au clic |
c) À l'extrémité sud du lac, enfin, le "Petit Lac" occupe une large combe* qui correspond au synclinal du Trélod largement vidé de son Urgonien. Elle est bordée du côté oriental (col de La Forclaz - Montmin) par le coeur tithonique de l'anticlinal de l'Aulp (lequel se poursuit au nord du Fier par les anticlinaux de Tête Ronde - Mont Téret : voir la page "Tête Ronde") : ce dernier pli prolonge à l'évidence le faisceau (= anticlinorium*) de Chérel - col du Frêne.
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Rapports structuraux entre les Bauges et les
Bornes,
de part et d'autre du lac d'Annecy
NB. : "ant. Frêtes" = anticlinal de Tête
Ronde ; "s.Glières" = synclinal du Lindion
Plus à l'ouest, bien que l'évidence en soit moins claire, l'anticlinal de Doucy semble bien se poursuivre en rive nord-orientale par celui de Bluffy et au delà par l'anticlinal du Parmelan.
Au contraire de ceux des Bauges occidentales les plis des Bauges orientales se prolongent donc de la façon la plus directe par les plis des Bornes occidentales, en passant sous ou à l'est du Petit Lac (méridional). Au sud-est de Duingt et de Talloires la trouée qui sépare les Bauges des Bornes n'a donc pas une origine tectonique. Par contre leur plongement axial est plus ambigu : si l'anticlinal de l'Aulp montre, au niveau du Tithonique, un net plongement vers le nord, l'Urgonien du synclinal du Charbon (= du Trélod) ne montre aucun indice d'un plongement nord (lequel l'aurait fait s'enfoncer sous le Petit Lac).
En définitive, dans la partie qui est actuellement occupée par le lac, la trouée d'Annecy - Ugine est dans l'ensemble plutôt oblique aux axes des plis. Mais elle ne correspond à une vraie cluse* qu'à l'occasion de la sinuosité en baïonnette qu'elle décrit pour franchir orthogonalement l'éperon rocheux d'Urgonien de Duingt et le Roc de Chère.
De part et d'autre de cette courte cluse, le "Grand Lac" (septentrional)
occupe une simple dépression trans-axiale, ouverte dans le remplissage
de marnes et de grès tertiaires tendres du vaste synclinal
de Leschaux mais peut-être guidée plus ou moins par la faille du Buache. Le "Petit Lac" (méridional) s'inscrit dans une combe*
composite ouverte dans les marnes et calcaires argileux du Crétacé
inférieur des deux plis éventrés que sont
l'anticlinal de Doucy et le synclinal du Trélod
- Charbon.
Enfin à son extrémité SE, entre Faverges et Ugine, où le lac est comblé par les alluvions, la trouée d'Annecy
tranche en une cluse* les structures successives des Bauges orientales (voir la page "Faverges") .
cartes géologiques au
1/50.000° à consulter : feuilles
Albertville et Annecy - Ugine
voir aussi
Carte géologique des
Bauges
Carte structurale schématique des confins Bauges - Bornes
légende des couleurs (nouvelle fenêtre)
Carte géologique très simplifiée
des montagnes entourant le "Grand Lac" d'Annecy
redessinée sur la base de la carte géologique d'ensemble
des Alpes occidentales, du Léman à Digne, au 1/250.000°",
par M.Gidon (1977), publication n° 074
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