Commentaires sur les légendes des cartes du quaternaire du Bas Dauphiné

et notamment des environs de Voiron

  La nature et les formes de relief des dépôts quaternaires sont étudiés dans
l'aperçu général sur le quaternaire du Bas Dauphiné.

On trouvera cependant ci-après, en rappel, les schémas fondamentaux relatifs aux processus d'accumulation de dépôts en marge d'une langue glaciaire (ces schémas sont particulièrement adaptés à la situation du Voironnais au Würm) :

 
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Pour représenter correctement sur une carte les diverses formes de relief inventoriées, en indiquant leurs rapports aussi bien en terme de logique de formation que de relations chronologiques on a adopté un code de notations, prenant en compte à la fois ces deux aspects. C'est pourquoi chaque notation comporte successivement deux informations :

1/ Le Numéro chronologique des intervalles interstadiaires (et des stades qui leur succèdent). L'ordre des numéros est croissant dans le sens d'écoulement du temps : le numéro 1 correspond aux dépôts du premier stade de retrait après le maximum d'extension glaciaire du Würm II. Ce numéro est le même que sur la feuille Grenoble (mais il est inférieur de 2 à celui de la feuille Voiron).
Dans certains cas des sous-intervalles peuvent aussi être distingués. C'est assez souvent le cas (notamment au sud de La Murette) pour les intervalles 3 et 4 : les surfaces formées au cours de ces sous-intervalles sont alors notées n', n", n"', etc..., dans l'ordre d'ancienneté décroissante.

(ce cas est celui des zones les moins déclives, où la fonte d'une faible tranche de glace se traduisait par un recul relativement important du front du glacier)

2/ Le type de surface : il est indiqué par une lettre majuscule pour les surfaces d'origine glaciaire et minuscule pour les surfaces d'origine fluviatile, soit :
- pour un épisode de retrait :
"R" (majuscule) pour une banquette de retrait glaciaire et "r"(minuscule) pour une banquette d'ablation fluviatile (rives convexes de méandres).
- pour un épisode stadiaire :
"M" pour une crête de moraine et "s" pour une terrasse fluviatile construite et pour le remplissage des chenaux marginaux.
Cette lettre est suivie d'un numéro si plusieurs épisodes successifs de même type peuvent être distingués dans l'intervalle considéré.

Il importe de souligner que c'est l'âge de la surface et la nature du processus de sa construction qui sont fondamentalement retenus dans cette notation, et que la nature du matériel éventuellement rencontré en profondeur (même à une faible profondeur, de quelques mètres) n'y est pas prise en compte (ce qui est différent des principes habituels des cartes géologiques).

C'est ainsi qu'une surface notée 2R (c'est à dire due à une érosion fluviatile au cours du retrait de l'intervalle interstadiaire 2), peut parfaitement affecter des alluvions glaciaires du stade 1, ou du bedrock miocène, qui seraient éventuellement accessibles en tranchée ou forage à seulement 1 ou 2 m de profondeur, sous un mince masque de dépôts fluviatiles 2 (par exemple l'ancienne carrière située à l'ouest des Brosses d'Apprieu permet d'observer du matériel morainique 1 sous une couche fluviatile 2R ; le même matériel se voit, sous du fluviatile 3R, au tournant de la D50, à l'est du Rivier, là où s'embranche la route montant à Apprieu).



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Principe des notations des formes périglaciaires adoptés ici.
Les coupes ci-dessus sont des dessins schématiques, réalisés sans souci d'échelle, illustrant l'application de ce principe de notation (le glacier se situait à droite et son front s'appuyait, du côté gauche, sur le flanc des collines molassiques).
Elles représentent les 2 dispositifs fondamentaux de formes de relief périglaciaires, qui sont abondamment illustrés de le Voironnais (voir analyse plus détaillée, ci-après).


- coupe A. Système le plus simple, correspondant à un glacier appuyé sur un bedrock fortement déclive ("n" désigne le numéro de l'épisode de retrait correspondant au cas considéré : n, n+1, n+2 et n+3 indiquent le numéro des épisodes, dans l'ordre d'ancienneté décroissante).
C'est sensiblement le schéma qui correspond à une coupe est-ouest des vallums de Chirens (n+1 = 2 y correspond au hameau de Garangère). Une coupe analogue mais avec érosion systématique des banquettes de retrait par les écoulements stadiaires se réalise lorsque la pente est encore plus forte, par exemple sur les pentes du Bois de Bavonne dominant La Murette (ici "n" = 1 et correspond aux replats alignés à flanc de pente, entre 600 et 630 mètres, au niveau du Rafour).

- coupe B. Système élémentaire standard, correspondant à un glacier appuyé sur un bedrock peu déclive. Il s'agit du dispositif le plus schématique, à formes uniquement de marge glaciaire, avec une seule banquette et une seule crête morainique. C'est un modèle un peu théorique, figuré ici pour montrer clairement le principe de notation des intervalles, chacun débutant par une reprise du retrait et se terminant par une oscillation de ré-avancée du front glaciaire. En fait on voit plus souvent se réaliser une des ses variantes (A, C ou D). Un exemple en est fourni par le fragment de vallum conservé près de Charavines, à l'ouest du village de Clermont.

Divers types de Systèmes plus complexes, se rencontrent en fonction de facteurs locaux. Deux seront examinés ici :

- Système réalisé à Saint-Blaise-du-Buis à l'intervalle 3.
Il combine des formes de marge glaciaire, emboîtées à l'intérieur du vallum du retrait en cours, et des formes fluviatiles, à l'extérieur de ce vallum : les terrasses de creusement fluviatile "r" correspondent chronologiquement aux banquettes de retrait de la marge glaciaire "R" ayant le même numéro.
Cet exemple est intéressant car il illustre comment on peut établir une corrélation chronologique entre formes R et r (celle-ci est analysable entre Rives et Charavines).


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Coupe orthogonale à la vallée de la Fure


- Système complexe réalisé sur les pentes autour de La Murette, à l'intervalle 3.
Bien qu'il ne montre guère que des formes de marge glaciaire, celles-ci, grâce à une pente de bedrock très faible, sont très "étalées" et permettent ainsi d'y mettre en évidence plusieurs sous-étapes (que l'on ne distingue pas ailleurs en raison d'une topographie moins favorable).
Deux lignes de crêtes morainiques parallèles, séparées par une vallée morte, y sont nettement observables sur une assez grande distance (alors qu'ailleurs on ne parvient à les distinguer que très occasionnellement). Ceci amène donc à distinguer ici deux sous-stades morainiques (3' et 3"). L'intervalle 3' est séparé, quant à lui, en sous-intervalles (1, 2, 3, 4) qui sont moins distincts (ce qui veut dire que les épisodes de stationnement - ré-avancée y ont été plus courts et/ou moins importants), mais où l'on observe néanmoins localement des fragments discontinus de crêtes morainiques, au bord inférieur des banquettes 3'R.
De la même manière, dans les collines à l'ouest de Voiron, on est contraint à subdiviser l'épisode 4 en deux sous-stades 4' et 4" (alors que l'on ne parvient pas à les distinguer ailleurs, où l'espace en marge du glacier était plus restreint).


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Coupe traversant en diagonale les pentes de la Murette
en restant au sud des pentes du Bois de Bavonne.


Les corrélations chronologiques entre les terrasses sont établies en comparant leurs altitudes en chaque point et en tenant compte leur pente selon l'axe d'écoulement de la glace.


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Vue perspective globale des pentes du Voironnais occidental
du sommet du Grand Regardou à la vallée de la Morge (l'observateur regarde vers le nord-est)
Tr = banquettes ("fausses terrasses") de retrait interstadiaires ; Ts = Terrasses (véritables) stadiaires


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