Microstructures affectant les lèvres des failles |
Les "lèvres" d'une faille sont les bords des deux compartiments décalés. Deux types de dispositions permettent d'y déterminer les caractéristiques du mouvement.
- 1 - La première
est la présence d'un miroir de faille, surface
de friction sur laquelle s'est fait le glissement des deux compartiments.
Elle est visible si elle a été suffisamment dégagée
par l'érosion et si celle-ci ne l'a pas trop corrodée.
On en trouvera ci-après quelques exemples :
Miroir de faille du décrochement de l'Alpette, au pied des falaises méridionales du Granier. La vue est prise au point où l'on commence la grimpée des escarpements du Pas des Barres ; ailleurs ce miroir est masqué par les éboulis de la falaise de gauche (lèvre surélevée de la faille). Le miroir est dans l'Urgonien inférieur et le compartiment droit, abaissé, montre du Sénonien (caché ici sous les éboulis). |
Miroir de faille du décrochement du col de l'Alpe, dans le vallon du Pratcel Le sentier du col de l'Alpe suit un
étroit vallon qui correspond à l'affouillement par
l'érosion de la zone de roche broyée du couloir
de faille. La lèvre sud-est de la faille, formée
d'Urgonien supérieur, est limitée par un miroir,
dégagé par cette érosion (et lui-même
très corrodé en général). Il forme
un mur de plusieurs mètres de haut, que l'on suit sur plusieurs
centaines de mètres. En avant de ce miroir affleure de
l'Urgonien inférieur, ici moins massif, surélevé
par la cassure. |
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Sur les miroirs de failles on voit souvent des écailles et des stries qui indiquent le sens et la direction du mouvement.
Géométrie des surfaces de friction : A (à gauche) - Aspect des enduits
cristallisés striés
B (à droite) - Formation des écailles : elles résultent
du remplissage des espaces ouverts, en aval des aspérités
de la surface de glissement, par le glissement des deux compartiments.
Le sens du mouvement relatif se déduit
donc de celui de l'imbrication des écailles (leur disposition
est comparable avec celles des écailles des semelles de
skis de fond).
N.B. : de telles surfaces s'observent
sur les miroirs de faille, mais aussi sur les surfaces de couches
qui ont glissé les unes par rapport aux autres (ce phénomène
est fréquent dans les flancs de plis).
Un très bel exemple en est donné par la faille
du Ratz.
La quasi horizontalité des stries est caractéristique d'un décrochement (le compartiment visible ici s'est déplacé vers la droite car les abrupts des écailles sont du côté gauche : il s'agit donc d'un décrochement dextre). (détail d'une partie du miroir de faille de la faille du Ratz) |
La surface du miroir de faille est souvent marquée de cannelures, c'est à dire d'ondulations, de longueur
d'onde décimétriques à métriques.
Elles sont, comme les stries, orientées selon la direction
du mouvement.
- 2 - Une autre éventuelle déformation des lèvres
est la torsion des surfaces recoupées par le miroir de
faille (cliché ci-après). Cette torsion, qualifiée
de "crochon" , affecte le plus souvent des bancs
mais elle peut se manifester aussi aux dépens des surfaces
de schistosité ; elle n'indique que le sens du déplacement
relatif des deux lèvres. On l'observe à diverses
échelles, centimétrique (dans des roches finement
feuilletées), métrique ou décamétrique
(communément), voire hectométrique (aux dépens
de gros bancs de roches ou de formations entières).
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Autre exemple de crochon antiforme, lié par contre à une faille extensive (faille du Fontanil, sur la route de Mont-Saint-Martin) .