Hubert ARNAUD (1939 - 2016)

texte inédit, par Maurice Gidon (première version le 13 mai 2017)


Hubert Arnaud, Professeur retraité de l'université de Grenoble, est brutalement décédé le 27 novembre 2016.
Depuis ses obsèques, à l'occasion desquelles Jacques Debelmas a excellement retracé son parcours parmi nous, je n'ai pas eu connaissance qu'un hommage lui ait été rendu dans les périodiques scientifiques : c'est pourquoi je prends l'initiative d'exprimer, à titre personnel et au trop modeste niveau de diffusion de ce site, quelques pensées qui m'ont été inspirées par ce triste évènement.

Ayant toujours considéré Hubert Arnaud comme un "jeune collègue", car je l'avais connu encore étudiant de 3° cycle, j'ai ressenti comme une nouvelle incongruité du destin le fait de le voir quitter la vie avant moi. Je dois même dire que, comme mes autres collègues, j'imaginais me reposer sur lui pour assurer la continuité du souvenir de notre ancien laboratoire de l'Instititut Dolomieu. D'ailleurs un aspect de cette mission implicite, qu'il avait commencé à assumer, a été la réalisation de son ouvrage intitulé Histoire de la Géologie grenobloise (1824-1999), qui parut en 2008 sous l'égide de l'Association Dolomieu : tout le monde s'est accordé pour admirer ce travail, qui est un témoignage précieux par son abondante illustration et par sa fidélité à l'histoire de l'époque considérée.

Sans l'avoir connu intimement j'avais assez fréquenté Hubert Arnaud pour avoir noué avec lui des rapports proches de l'amitié et surtout pour avoir apprécié et admiré les diverses facettes de sa personnalité. Dès ses premières années de travail à l'Université de Grenoble il s'était montré à la fois enthousiaste, brillant et tenace dans l'effort. Au fur et à mesure de ses années de recherche il a plus que confirmé ces qualités et il les a complété en développant en outre des aptitudes que je trouve remarquables en ceci qu'on les trouve en fait rarement réunies. En effet il a commencé par acquérir un sens du terrain, de son observation fine et de la manière de le décrire qui en faisaient un fin cartographe (en témoigne notamment la feuille "Mens" de la carte géologique au 1.50.000° du BRGM). Il a su, par la suite, associer avec l'acquisition de compétences paléontologiques et surtout sédimentologiques cette aptitude à replacer les observations dans l'espace. Enfin, mais c'est capital, il a su assimiler les principes et méthodes de l'analyse séquentielle en même temps que ce concept se développait et en devenir un maître.

Le résultat le plus connu est cette formidable reconstitution paléogéographique des milieux urgoniens du Vercors auquel il est parvenu : elle a fait l'admiration des géologues locaux, mais surtout des spécialistes mondiaux et il lui a souvent été demandé de la leur présenter, en particulier sur le terrain. La notoriété de sa haute compétence concernant les milieux carbonatés a été à l'origine des nombreuses demandes d'expertise qu'il a été amené à honorer de par le monde.

Outre ces qualités de chercheur Hubert Arnaud était également un excellent pédagogue et un vulgarisateur de grande classe : j'ai en particulier toujours admiré sa production de figures illustratives : elles se caractérisaient par un graphisme clair, élégant et sachant hiérarchiser l'information transmise. Il s'était rapidement acquis une maitrise de l'outil informatique pour présenter les données et leur interprétation : cela lui a permis aussi de réaliser une vingtaine (à ma connaissance) de présentations de type "powerpoint" d'un style très évolué.

Sur le plan humain je l'ai toujours connu ouvert et chaleureux ; de plus il était célèbre par la faconde qui enveloppait de chaleur ses conversations ou ses exclamations : elle était liée à la culture "pied noir" qu'il avait acquise lors de ses années de jeunesse en Tunisie. Son sourire quelque peu sceptique, voire ironique, mais indulgent, illustre, je crois, la place qu'il se donnait au sein des collectivités auxquelles il participait. Qu'on me permette de dire que j'ai pensé voir un modèle dans son comportement au sein du milieu scientifique : il savait en effet ne pas reculer devant des démarches plus ou moins administratives puis s'y s'impliquer en faisant preuve d'un allant et d'une pertinence d'attitude (sans timidité mais également sans excès d'agressivité), dont je ne me suis jamais senti capable.

Pour clore cette page je présente aux lecteurs deux clichés qui, à mes yeux, montrent fidèlement Hubert Arnaud tel que nous l'avons connu dans l'ambiance de la géologie de terrain, et ceci à 31 ans d'intervalle.

Le 14 juin 2007, avec un groupe devant le cirque d'Archiane, qu'il vient d'expliquer
(cliché Nicole Cavoret UIAD)
Le 22 mai1976 à l'occasion d'une reconnaissance pédagogique de terrain, en compagnie d'autres collègues
(cliché Maurice GIDON)

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