Grande Moendaz

la zone subbriançonnaise entre le vallon des Encombres de celui de Valbuche

La crête de la Grande Moendaz se détache, du côté nord-est (au col du Bonnet du Prêtre), de la ligne de partage des eaux entre l'Arc (Maurienne) et l'Isère (Tarentaise). À partir de là elle sépare du vallon des Encombres celui du Nant Brun qui prend sa source dans le cirque de Valbuche. Elle s'identifie, grosso modo, à la totalité de la zone subbriançonnaise sur cette latitude car ces deux vallons suivent sensiblement les accidents majeurs qui délimitent cette zone.

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La crête septentrionale de la Grande Moendaz vue de l'ouest, depuis l'arête nord de la Montagne des Coins.
On observe, dans le vallon de Valbuche, le sectionnement par le bas de la succession des strates plissées de la zone subbriançonnaise par sa surface de chevauchement ØSB.
a.M = anticlinal de la Grande Moendaz ; s.pB = synclinal de Praz Bégnay : son axe est NW-SE comme celui des plis de la Grande Moendaz et comme eux il est déversé vers le NE (c'est-à-dire que ce synclinal s'épanouit du côté opposé de la crête).

Depuis le point culminant oriental (2696) des Aiguilles de la Grande Moendaz se détache vers le nord l'arête de Praz Bégnay. Son orientation, presque N-S, est proche de celle des couches, qui s'y disposent donc un peu à la façon d'un crêt* dont l'abrupt regarde vers l'ouest (cirque de Valbuche).

L'arête des Aiguilles de la Grande Moendaz, qui ferme le cirque de Valbuche en rejoignant le Col du Bonnet du Prêtre est au contraire orientée W-E. Elle coupe presque transversalement une succession de plis, tous déjetés de façon similaire, qui sont remarquables par leur ordonnance et par plusieurs de leurs aspects.

En premier lieu la barre du Bajocien décrit sous le sommet oriental (2696) un enchaînement "en S" qui traduit un cisaillement qui a déplaçé vers l'est le haut de la structure par rapport au bas : c'est là un mouvement "rétroverse" (opposé au déversement ordinairement vers l'ouest des plis).

En second lieu les couches liasiques qui affleurent à l'ouest du col 2649 (situé entre les deux sommets) sont affectés de replis de plus courte longueur d'onde, dont la disposition reste cependant cohérente avec celle du grand pli. Mais ils s'avèrent affecter une succession stratigraphique renversée, où le Trias affleure en haut de crête : cela s'explique en considérant qu'il s'agit là de replis affectant le flanc inverse d'un grand pli dont le flanc normal a été amputé par l'érosion et que l'on peut appeler l'anticlinorium de la Grande Moendaz.

Le flanc normal de ce grand pli s'observe effectivement en contrebas sud de la crête, dans le versant méridional du vallon de Varlossière : la barre calcaire du Bajocien du flanc normal de l'anticlinal de la Moendaz s'y inscrit dans le flanc ouest du grand synclinorium* de Varlossière, à coeur de Terres Noires. Cette disposition résulte de ce que l'axe de l'anticlinal couché plonge vers le sud à peu près selon la pente topographique du revers sud de la crête de la Moendaz (voir la page "Varlossière").


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Le versant nord-ouest de la Grande Moendaz vu du N-NW, depuis les abords sud-orientaux du col de Valbuche.
Plis de l'unité subbriançonnaise
: s.M = synclinal de la Moendaz ; a.M = anticlinal de la Moendaz ; Di = surface de discordance entre les couches inférieures et supérieures du Lias ; a.rV = antiforme synclinal de la Roche Violette ; s.rV = synforme anticlinal de la Roche Violette ; a.bP = antiforme synclinal du Bonnet du Prêtre.
"Lsc" = barre calcaire terminale du Lias ; "Lss" = niveau schisteux du Lias supérieur ; "Lmc" = niveau calcaire supérieur du Lias moyen ; "Lm" alternances calcaires du Lias moyen - inférieur ; "Li" = niveau plus calcaire de la base du Lias (Hettangien ?) "ts" = Rhétien - Keuper.
ØsB = surface de chevauchement de la zone subbriançonnaise
Affleurements du fond du cirque de Valbuche (pour leur contexte interprétatif, se reporter à la page Mont du Fût) :
s.C = synclinal des Coins : les conglomérats nummulitiques du flanc oriental de ce pli reposent sur une succession permo-triasique, disposée grossièrement de la même façon (avec sa base à l'est), qui comporte même une lame de micaschistes à sa base. Ce témoin de couches anté-nummulitiques a été considéré comme un très gros olistolite* mais il n'est pas exclu qu'il représente le substratum stratigraphique direct des dépôts nummulitiques.

D'autre part on voit au pied des escarpements, en dépit de la frange d'éboulis qui le recouvre, que ces plis sont sectionnés par la bande gypseuse qui sert de semelle de charriage à la zone subbriançonnaise. Ceci ajouté à leur vergence en direction de l'est indique qu'il ne peut s'agir d'un plissement par entraînement, dû au charriage. On peut penser qu'il est intervenu avant le charriage et que ces plis ont été transportés lors de ce charriage (et non induits par lui).

Les calcaires du Lias moyen sont visibles, ployés par l'anticlinal de la Moendaz, dans la falaise sous le sommet 2697. Mais on constate qu'ils manquent sur la crête (ainsi qu'à son revers sud) et que les dolomies triasiques viennent là directement en contact avec la barre calcaire de leur sommet.
L'analyse fine de la disposition des couches des abrupts de ce sommet 2697 montre que cela résulte d'une discordance progressive au sein même de la succession liasique : on peut l'interpréter comme un biseau de onlap sédimentaire ou comme une paléo-faille synsédimentaire d'âge liasique, maintenant basculée (c'est donc sa lèvre occidentale originelle qui aurait été abaissée).
Quelle qu'en soit l'origine on peut en outre se demander si cette disposition structurale particulière n'aurait pas été à l'origine des caractères "anormaux" de la déformation des couches de ce petit secteur.

Le vallon de la Moendaz entaille le versant oriental de la crête de Praz Bégnay au nord-est des Aiguilles de la Grande Moendaz. Au delà, en aval des chalets de la Moendaz, il franchit en gorges la barre de calcaires du Bajocien qui culmine plus au nord à la bosse 2373 des Roux. Son pendage vers l'est en fait le flanc oriental du grand synclinal de Varlossière.

En réalité entre les deux flancs de ce pli majeur s'intercale ici un repli anticlinal de la Levrière, également déjeté vers l'ouest (masqué sur le cliché ci-après) . Le synclinal de Praz Bégnay qui le sépare de l'anticlinal de la Grande Moendaz s'étrangle entre les Rochers et la Pointe de Praz Bégnay.

On reconnaît dans cette coupe du versant nord-est de la montagne le prolongement vers le nord, au delà de l'arête de L'Arpon, de celle de la rive nord du vallon de Varlossière.

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La rive gauche du vallon des Encombres sur la transversale de la Grande Moendaz
vue du nord-est, depuis la butte 2013 des chalets de Lachat (échine nord de la Pointe de La Fenêtre).
ØG = chevauchement des gypses du front du Briançonnais ; s.V = synclinal de Varlossière ; a.gM = anticlinal de la Grande Moendaz : f.Ar = faille de l'Arpon ; a.R = anticlinal du Roux ; f.P = faille des Priots ; ("JsB" = brèches "du Télégraphe").

La partie inférieure du thalweg du torrent de la Moendaz franchit en gorges deux cassures qui traversent obliquement le flanc oriental du grand synclinal de Varlossière pour rejoindre et recouper le lit du Torrent des Encombres.

La première est la faille de l'Arpon, qui se prolonge vers le sud obliquement à l'axe du grand synclinal jusqu'au delà du lit du torrent de Varlossière pour se perdre au delà au sein des Terres Noires du flanc ouest du synclinal, sous la Croix du Vallon (voir la page Varlossière). Cet accident oblique détermine un simple redoublement des Terres Noires et son pendage vers l'est, assez faible, peut inciter à y voir un chevauchement associé aux imbrications qu'expriment les replis souples des Terres Noires de sa lèvre inférieure (voir la page Varlossière).

La seconde est la faille des Priots, plus proche de la verticale et de direction plus proche de celle de celle de la vallée, qui recoupe donc à angle aigu le flanc oriental du synclinal de Varlossière. La base des Terres Noires de sa lèvre orientale voit s'y développer une barre rocheuse constituée par le niveau de brèche du Télégraphe qui traverse le versant en biais et rejoint la vallée en aval du hameau de Gittamelon. Il y détermine le verrou du Rocher Roux (voir les environs de Gittamelon, à la page Geffriand) avant de s'y terminer comme toutes les couches du synclinal de Varlossière, qui sont tour à tour sectionnées, le long de la vallée des Encombres, par la faille majeure qui limite la bande gypseuse frontale du Briançonnais. Comme cette cassure des Priots est en outre jalonnée par des lentilles de cargneules elle semble résulter d'un effet d'entraînement associé au déplacement des gypses du front du Briançonnais.

Enfin, encore plus au nord des Priots, le coude que décrit la vallée des Encombres pour s'engager en gorge vers le SW-NE, en aval de Planlebon, semble bien avoir été guidé par le tracé de la faille des Priots. En outre cette dernière y manifeste un rejet en décrochement dextre. En effet le Lias inférieur du coeur de l'anticlinal de la Tête de Fer, qui affleure rive gauche de la gorge aux abords de La Gittaz, y vient buter en rive droite contre la bande gypseuse du front du Briançonnais ; d'autre part la bande de calcaires triasiques qui, en rive droite (sud), surmonte ces gypses tout au long de l'échine qui descend de Lachat, est également décalée dans le sens dextre pour se retrouver plus à l'est (en rive droite du Doron de Belleville) au nord du village du Châtelard.

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Le versant NE de la Grande Moendaz et le débouché aval de la vallée des Encombres, vu du NE depuis le village de Villarabout (rive droite de la vallée des Bellevilles). (cliché original obligeamment communiqué par M. H. Widmer).
ØB = chevauchement de la zone houillère briançonnaise ; ØG = chevauchement des gypses du front du Briançonnais ; a.tF = anticlinal de la Tête de Fer.



En fait les dispositions structurales de la portion de la vallée située au nord et à l'ouest des Priots sont peu claires et mériteraient une nouvelle étude, notamment pour comprendre les relations existant entre le Lias des environs de Planlebon et le Jurassique moyen des abrupts de rive gauche du torrent de la Moendaz (les couches argilo-schisteuses du Lias supérieur et de l'Aalénien semblent s'y amincir vers le sud jusqu'à disparaître totalement, mais on ne sait si c'est là un processus d'origine stratigraphique ou tectonique).

 


aperçu général sur la Maurienne // aperçu général sur la rive droite de la Maurienne


cartes géologiques au 1/50.000° à consulter : feuilles "La Rochette" et "Saint-Jean de Maurienne"

Carte géologique simplifiée des environs de la Montagne des Coins

redessinée sur la base de la carte géologique d'ensemble des Alpes occidentales, du Léman à Digne, au 1/250.000°", par M. Gidon (1977), publication n° 074
plus au nord ;
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