Prapic

les ravins des sources du Drac Noir à l'est d'Orcières

En amont d'Orcières la vallée du Drac Noir s'encaisse mais conserve un tracé presque E-W jusqu'au delà du village de Prapic, où il se poursuit par celle du torrent de Blaisil, à peine plus méridienne, qui draine le versant occidental du massif du Pinier. En amont comme en aval du village ces deux portions de cette vallée se caractérisent de la même façon par leurs les flancs rocheux et escarpés, qui leur donnent un profil en U : cela témoigne très clairement de leur aménagement par les anciens glaciers qui descendaient du massif du Pinier.

 En fait c'est cette vallée du Blaisil qui reçoit latéralement, au village de Prapic le cours tout-à-fait supérieur du Drac Noir, qui lui est orthogonal puisqu'il descend du sud-est : La toponymie y est donc assez paradoxale puisque ce dernier qui apparaît plutôt comme un affluent qui s'embranche latéralement. Sans doute ce choix de dénomination est-il justifié par le plus fort débit que lui confère l'apport des eaux recueillies dans la relativement large dépression qu'il draine, entre le versant septentrional du Mourre Froid au SW et le col des Terres Blanches au NE (voir la page "Terres Blanches")...


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Les escarpements de rive droite du torrent de Blaisil aux abords amont de Prapic (cliché original obligeamment communiqué par M. Bernard Genre).
f.Pa = faille extensive du Paravar ; s.Ju = synclinal de Jujal ; a.Pé = anticlinal des Pélissons (formant la crête des Dents) ; s.gL = synclinal du Grand Lac ; ØD = chevauchement du Roc Diolion.

Sous l'angle structural il est clair que ces montagnes se rattachent au massif du Pelvoux puisqu'elles sont sculptées dans l'épaisse formation nummulitique des Grès du Champsaur qui en est la couverture. Mais, même au plus profond de l'entaille de la vallée, le lit du torrent n'y est pas parvenu à atteindre le socle cristallin que recouvrent ces couches (alors que ce socle est mis à nu, guère plus au nord, dans la boutonnière de Dourmillouse). Par contre c'est au domaine des nappes de l'Embrunais qu'appartiennent les crêtes du côté sud-oriental de la vallée de Prapic.

L'épaisse alternance de bancs de grès et de lits de schistes argileux de ces Grès du Champsaur est affectée de déformations tectoniques que l'on peut lire, de façon localement spectaculaire, dans les abrupts des flancs de cette vallée car ceux-ci sont orientés à peu près orthogonalement aux axes NW-SE de ces plis (voir la page "Pinier") .

Au sud-est immédiat de Prapic le cours du Drac Noir reste également dans les Grès du Champsaur de l'autochtone mais son talweg s'y encaisse beaucoup moins ; cela vient de ce qu'il suit une direction qui n'est pas perpendiculaire aux plis mais presque parallèle à l'axe du gros anticlinal de Prapic : son talweg s'inscrit ainsi dans le flanc NE de ce pli et s’élève progressivement par rapport à ses couches, qu'il traverse successivement selon un biais aigu.

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Le cours supérieur du Drac Noir en amont d'Orcières, vu du nord depuis la Roche Rousse du vallon Diolion (cliché original obligeamment communiqué par Mr. R. Papet).
n.P = nappe du Parpaillon ; sBi = unité subbriançonnaise inférieure (flysch noir emballant des copeaux de jurassique et de crétacé) : vers la droite sa surface basale (en bleu) est masquée derrière le piton 2349 puis le plateau de Basset ; f.Pa = faille (secondaire) NW-SE du Paravar (compartiment droit abaissé) ; Nol = formation olistolitique de la fin de la sédimentation nummulitique ; Ncs = niveau de calcschistes à Nummulites au sommet des grès du Champsaur (il représente sans doute une écaille tectonique à la base de la formation olistolitique).

Du fait que les axes des plis qui affectent ces couches plongent plutôt vers le SE (voir la page "Pinier") et que le fond de la vallée s'élève dans cette direction, le talweg de celle-ci recoupe finalement (en moins de 5 km) la surface de charriage des nappes de l'Embrunais : ceci a lieu juste en amont du Saut du Laire.

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La rive droite du Drac Noir, immédiatement en amont de Prapic, vu du sud-ouest, depuis les pentes occidentales du plateau de Basset (cliché original obligeamment communiqué par M. Bernard Genre).
s.Ju = synclinal de Jujal (voir les clichés précédents) ; ØD (en jaune) = chevauchement du Diolion ; ØC = chevauchement de Chabrière ; ØE = surface de chevauchement des nappes de l'Embrunais (ici klippe de flysch à Helminthoïdes de la nappe de l'Autapie avec une semelle de calcschistes néocrétacés).
F.ol = formation olistolitique de la fin de la sédimentation nummulitique (flysch noir emballant des lentilles de calcschistes néocrétacés) ; elle débute ici par un niveau de calcschistes à Nummulites (notés "Ncs") .
N.B. 1 = Sous cet angle, orthogonal aux axes des plis, il est assez difficile de comprendre que les mouvements tectoniques se sont faits de l'arrière vers l'avant (et non de gauche à droite). La disposition de la lame de calcschistes néocrétacés qui détermine le rebord supérieur du ravin de Pisse Bernard suggère qu'elle est pincée au cœur du synclinal de Jujal.
N.B. 2 = On voit bien la discordance angulaire de la surface de chevauchement des nappes de l'Embrunais par rapport aux structures affectant le Nummulitique autochtone.

Mais le ressaut du talweg du Saut du Laire est déterminé par le fait que les affleurements sommitaux de la formation des Grès du Champsaur y sont surhaussés par la faille de Pellegrine (que la vallée traverse presque orthogonalement).

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La rive droite du Drac Noir (partie amont), vue du sud, depuis les pentes de Basset (cliché original obligeamment communiqué par M. Bernard Genre).
ØD (en jaune) = chevauchement du Diolion ; ØC = chevauchement de Chabrière ; ØE = surface de chevauchement des nappes de l'Embrunais. Ici la plus basse est une forte lame de flysch à Helminthoïdes de la nappe de l'Autapie. Ce chevauchement recoupe en discordance les structures du Nummulitique chevauché et son tracé dessine de nombreux contours car sa surface plonge vers le lit du Drac de façon à peu près tangente à la surface topographique ; ØP = faille de la Bruyère (limite occidentale des affleurements de la nappe du Parpaillon).
f.Pe = faille de Pellegrine (compartiment de gauche abaissé) (voir la page"Mourre Froid") ; f.Ca = faille de la Cabane.
f.olist. = formation olistolitique de la fin de la sédimentation nummulitique ; elle comporte ici deux niveaux : Nol = olistostrome proprement dit (flysch noir emballant des lentilles de calcschistes néocrétacés) ; Ncs = niveau de calcschistes à Nummulites représentant sans doute une écaille tectonique.

Presque immédiatement en amont du Saut du Laire on pénètre dans la dépression N-S des sources du Drac, où se rassemblent les torrents qui drainent la dépression des sources du Drac. Celle-ci largement ouverte dans le versant nord du Mourre Froid reçoit aussi les torrents du versant sud de la crête des Lauzes Rousses (extrémité orientale du chaînon du Pinier : voir la page "Terres Blanches"). À partir de là le lit du Drac s'inscrit dans le flysch à Helminthoïdes de la nappe du Parpaillon, qui forme plus précisément en rive droite le Serre et la Barre de la Cabane et, plus à l'est, toutes les pentes s'élevant vers la crête des Tourettes.

On constate en outre, à cet endroit précis du cours du Drac que les bandes d'affleurement de la formation olistolitique, de l'unité subbriançonnaise inférieure ainsi que de la nappe de l'Autapie sont secctionnées par une faille dont le tracé, que suit le Torrent de la Bruyère, limite du côté occidental les affleurements de la nappe du Parpaillon (voir la page "Terres Blanches").


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Le débouché ouest de la dépression des sources du Drac Noir, vu du NW, depuis le sommet Drouvet.
ØE = surface basale du chevauchement des nappes de l'Embrunais ; n.P = nappe du Parpaillon ; Nol = formation olistolitique de la fin de la sédimentation nummulitique ("Ncs" = calcschistes à Nummulites).
a.R = anticlinal couché du Rabious ; f.Pa = faille extensive du Paravar (voir la page "Estaris") ; a.Pr = anticlinal de Prapic.


Du côté oriental cette dépression est limitée par la crête des Tourettes et des Rougnous, entièrement constituée par le flysch à helminthoïdes de la nappe du Parpaillon (voir la page "Terres Blanches"), qui constitue au nord du Mourre Froid la ligne de partage des eaux Drac / Durance ; elle se poursuit du côté septentrional jusqu'au col des Terres Blanches, qui permet de passer de la vallée du Drac Noir à celle de Dourmillouse.

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La dépression des sources du Drac Noir, vue du nord depuis la crête des Lauzes Rousses (cliché original obligeamment communiqué par Mr. D. Cayron).
ØP = surface de chevauchement de la nappe du Parpaillon ; ØE = surface basale des nappes de l'Embrunais (sBi = unité subbriançonnaise inférieure) ; f.L = prolongement probable de la faille du Laus (voir la page "Mourre Froid"), se prolongeant peut-être, elle-même, par la faille de Pellegrine, en rive droite du Drac ; f.Ca = faille de La Cabane (prolongement éventuel d'une branche orientale de la faille du Laus).

La partie méridionale de la dépression de source du Drac est fermée par la crête qui court du SE vers le NW depuis le Mourre Froid jusqu'au Garabrut (voir à son sujet la page "Mourre Froid"). La crête elle-même est également constituée exclusivement par le flysch à Helminthoïdes calcaire de la nappe du Parpaillon.

Mais alors que ce flysch vient directement avec l'autochtone dans le lit du Drac Noir son soubassement tectonique habituel (voir la page "Terres Blanches") affleure de nouveau, à l'ouest du Saut du Laire, à partir du pied des escarpements de l'arête est de la Pointe de Reyna. Les pentes supérieures du talus d'alpages de Basset, suspendues en rive gauche du Drac Noir, y laissent en effet voir sous les éboulis des affleurements discontinus du Jurassique et du Crétacé qui sont emballés dans le flysch noir de l'unité subbriançonnaise inférieure des nappes de l'Embrunais. Cette unité se prolonge au revers ouest de l'éperon du Serre de Jean Reymond (2349), par le Plateau de Basset puis plus l'ouest, face à Orcières, dans les ravines dominées par les abrupts du Garabrut : partout elle repose sur le Nummulitique autochtone par l'intermédiaire d'un coussin de formation olistolitique (voir la page "Archinard").

 

voir l'aperçu général sur le Champoléon


cartes géologiques à 1/50.000° (*) à consulter : feuille Orcières


Carte géologique simplifiée
redessinée sur la base de la carte géologique d'ensemble des Alpes occidentales, du Léman à Digne, au 1/250.000°", par M. Gidon (1977), publication n° 074

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