Les calcaires du Sénonien du Dévoluy

Leurs différents faciès

L'épaisse succession des calcaires sénoniens du Dévoluy présente des variations plus ou moins subtiles de faciès et de stratonomie, dont l'ordonnance n'est en outre guère constante d'une coupe à l'autre;
Sur la carte au 1/50.000°, feuille Saint-Bonnet, on a cependant tenté d'y distinguer cartographiquement plusieurs termes lithologiques superposés, mais ceux-ci se sont avérés passer latéralement de l'un à l'autre avec des récurrences (limites diachrones). Leur datation est par ailleurs très incertaine en raison de l'absence quasi totale de fossiles macroscopiques significatifs et de la pauvreté en microfossiles de la plupart des niveaux. De bas en haut on a donc distingué (
voir les clichés en fin de page) :

Calcaires lithographiques et argileux (Turonien à Coniacien basal). A l'extrémité SE du Dévoluy (sommet de la Grand Combe) on trouve un membre basal comportant des calcaires argileux gris en bancs de 30 cm en moyenne passant vers le haut à des calcaires clairs sublithographiques. Ce terme est absent au NW du massif, où il semble plutôt qu'il y ait une lacune presque totale du Coniacien et du Santonien.

Lauzes rubanées (Campanien-Maestrichtien). Succession très monotone de petits bancs, de 20 à 30 cm d'épaisseur, de calcaires gris clair à pâte assez fine, dotés d'un fin litage siliceux parallèle aux bancs, surtout net dans la partie basse de la formation en Dévoluy occidental. Ce litage s'efface plus haut par développement, dans toute la partie médiane du banc (sur la moitié ou les 2/3 de son épaisseur), d'un lit de cherts plus ou moins siliceux à patine beige; les bancs à cherts sont espacés de 0,5 à 3 m et les lits de cherts eux-mêmes plus ou moins continus ou amygdalaires, montrent des surfaces à ondulations cérébroïdes de 5 à 30 cm de dimension.

En de nombreux points et notamment dans le Dévoluy occidental les lauzes rubanées reposent directement sur le Néocomien ou sur le Jurassique par une surface de ravinement. Localement on y observe des lentilles conglomératiques métriques (versant est de l'Obiou, versant ouest de la montagne d'Aurouze) qui soulignent la surface de transgression. Cette formation possède une puissance variable dont le maximum semble atteint dans le Dévoluy occidental (près de 500 m au Grand Ferrand et à l'Obiou).

Lauzes à silex (Maestrichtien inférieur). Bien qu'elle admette des passées plus ou moins épaisses de faciès rubanés identiques aux précédents, cette formation est constituée dans sa majeure partie par des calcaires gris clair, régulièrement lités en bancs de 20 à 30 cm, où les silex véritables sont fréquents et non accidentels. Le calcaire a une pâte en général grise, plus ou moins claire et assez fine, avec toutefois des zones plus riches en grains de quartz; les convolute-laminations, terriers et autres figures de bioturbation y sont abondantes dans certains lits.

Suivant les cas les silex se présentent de façon très variée : lits centimétriques à décimétriques, chapelets de silex amygdalaires, petits silex amiboïdes irrégulièrement dispersés, grosses boules pluri-décimétriques de chert blond à coeur de silex et à surface plus ou moins amiboïde ou même fragments de silex brisés, dispersés dans la pâte de la roche. Il semble cependant impossible d'utiliser ces différences d'aspect pour faire des corrélations lithostratigraphiques en dépit de tentatives en ce sens. Dans de nombreux cas, en outre, les zones à silex brisés se sont avérées correspondre à des fractures de tassement synsédimentaire.

Sur 50 à 100 m d'épaisseur, à la base de ce membre, en Dévoluy occidental, on voit se développer plusieurs gros bancs décamétriques constitués par des calcaires clairs, cristallins, mal lités ou massifs, où les silex sont rares. La transition avec la formation précédente est en outre marquée par des interstratifications de lits rubanés et de bancs massifs à grosses boules (métriques parfois) de chert ou de silex.

La formation des lauzes à silex est de puissance très variable et semble passer latéralement aux lauzes rubanées à lits de cherts (ce faciès réapparaît même par places, à son sommet). Elle atteint 400 m dans les gorges de la Souloise, en aval de Saint-Disdier et se réduit, vers le Sud, jusqu'à 50 à 100 m en Dévoluy occidental au niveau d'Agnières et en Dévoluy oriental au niveau de la brèche de Faraut. Au Sud de ce dernier secteur elle se développe à nouveau sur plus de 300 m dans la montagne d'Aurouze.

Lauzes à joints jaunes (Maestrichtien supérieur). Le sommet des calcaires sénoniens montre très généralement un faciès (peut-être diachrone d'ailleurs) de calcaires presque totalement dépourvus de silex, à pâte en général plus lithographique et plus claire (mais admettant des passées calcarénitiques plus sombres); le trait le plus caractéristique est que les bancs, épais de 30 cm en moyenne, sont dotés de joints siliceux a patine jaune qui apparaissent dans la majorité des cas comme constitués par un réseau de tubes de quelques millimètres de diamètre attribuables à des bioturbations.

Ce membre est, par places, séparé de celui des lauzes à silex par une vingtaine de mètres de calcaires argileux gris feuilletés; ailleurs il semble venir en continuité avec les lauzes à silex ou le sommet des lauzes rubanées ou au contraire les recouvre localement en discordance. On y rencontre accidentellement des lits gréseux riches en quartz et, plus souvent, des lits conglomératiques à éléments calcaires. Par ces intercalations ce terme semble passer latéralement aux suivants.

Calcaires bioclastiques (Maestrichtien supérieur). En plusieurs points, en particulier au SW du Grand Villard et à l'Ouest du col du Festre (Jas des Arres, etc.) les assises sénoniennes se terminent par des bancs de calcaire gris, à patine brunâtre, qui ont un faciès assez proche de certains calcaires nummulitiques. La pâte est assez fine mais nettement bioclastique et parcourue le plus souvent de nombreuses bioturbations tubulaires de diamètre centimétrique; les quartz détritiques n'y sont pas rares.
Ces couches passent latéralement vers le sud à des niveaux riches en Bivalves , bien représentés dans le secteur de Montmaur. Ce sont là des calcaires beiges à Algues et Spirules, en gros bancs, avec niveaux à grosses Huîtres (Pycnodonta vesicularis) qui comportent par places et vers le haut des passées gréseuses et des lits de silex blancs. Leur puissance totale n'excède guère 50 m.

Poudingues et brèches à ciment siliceux et à Microcodium (Maestrichtien?). Des lentilles conglomératiques à éléments calcaires décimétriques plus ou moins mal arrondis (formés de calcaires sénoniens), très comparables à certaines passées observées au sein des calcaires c7c (et incluant des récurrences de ces derniers) se développent localement de fac,on notable et reposent en discordance sur les termes inférieurs. Le ciment de ces poudingues possède un aspect scoriacé et une patine ocreuse et reste en saillie par dissolution; il est souvent siliceux mais parfois calcaire et indistinct des galets en cassure; dans certains cas (extrémité sud de la montagne de Gicon: les Près de l'Aup) il possède une nette texture de Microcodium.

Ces poudingues peuvent atteindre plus de 50 m d'épaisseur (Pierre Baudinard, à l'Ouest de Saint-Disdier notamment). En de nombreux points ils manquent totalement; sous la brèche de Faraut ils sont remplacés par une croûte de silex vert bronze, en lits de 10 cm, qui tapissent irrégulièrement mais avec une épaisseur atteignant 1 m le sommet des formations sénoniennes. Ces couches ne sont pas datées paléontologiquement mais sont apparemment à rapporter au Maestrichtien supérieur comme les précédentes en raison de leurs intrications avec ces dernières et de leur caractère probable de couches de remaniement intraformationnel. En quelques points un passage latéral apparent avec les couches du Nummulitique peut être également observé (par exemple 1,6 km à l'Ouest de Saint-Disdier). Il s'agit en fait, vraisemblablement, d'un remaniement sur place, lors de la reprise du dépôt, des assises marines du Nummulitique.

Dans le Bochaine et au sud de Veynes on observe aussi, en certains points, au sommet du Crétacé, des poudingues, à éléments de calcaires sénoniens mais aussi néocomiens ou même jurassiques, unis par un ciment gréseux rougeâtre. Entre la Madeleine et Creyers (près de Montmaur) et à Furmeyer (Forest de Gambi), ces poudingues semblent s'associer à des marnes rouges et à des calcaires lacustres. On les trouve sous le Priabonien à Tresaubenq (Est de Montmaur) et au Sud du Villard de Montmaur. La limite de ces poudingues avec le Sénonien n'est pas toujours nette, les assises sénoniennes semblant, par endroits, passer au poudingue par dissociation sur place.


On trouvera ci-après quelques vues des aspects variés que peuvent revêtir les bancs de cette formation (ordre de succession des clichés : de bas en haut de la série stratigraphique).

Le passage du Malpasset sous le sommet de l'Obiou Un affleurement dans le vallon de Charnier
Faciès très commun des calcaires argileux à silex rares et minces

Calcaires à fins rubanements siliceux (à la brèche de Faraut) : noter la présence d'un terrier traversant un rubanement siliceux (cela témoigne de la faible dureté originelle du silex).


Lits réguliers de 10 à 15 cm, à cherts orangés en galettes (à la brèche de Faraut)


Calcaires en lits décimétriques réguliers à lits de silex occasionnels (Vallon de Charnier)
3 lits à espacement métrique sont visibles sur la photo


Un lit de silex épais (Vallon de Charnier)


Surface mamelonnée d'un lit de silex (Vallon de Charnier)


Lits à silex en boules (versant nord de la Tête d'Oriol)



Conglomérats à prédominance d'éléments de silex (sommet du Sénonien) à Pierre Baudinard (vallon du Mas, au dessus du Villard).
Ce sont de tels conglomérats qui garnissent la partie est du plateau sommital de l'Obiou.


paysages des calcaires sénoniens

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