vallon des Muandes, Roche Château

Rive gauche de la Clarée en amont de Laval

Le large vallon des Muandes, que draine le Torrent de Brune, est le plus septentrional des vallons affluents de rive gauche de la Clarée. Il est entièrement ouvert dans les formations sédimentaires houillères du coeur de l'anticlinorium briançonnais.

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Les vallons des sources de la Clarée vus du NW d'avion.
a.G = anticlinal de la Gardiole (cœur de l'anticlinorium des terrains houillers) ; ac.D = accident des Drayères.
hm.sg = Houiller moyen schisto-gréseux ("formation du Chardonnet") ; hi.cg = Houiller inférieur conglomératique ("formation de Cristol").

Il est séparé du vallon de la Neuvache (dépendant du bassin versant mauriennais) par la crête W-E de Roche Château - Roche du Chardonnet qui se détache de la crête sud du Thabor au col de Valmeinier (voir la fin de la présente page).

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Les basses pentes de la Crête des Muandes, vues du SW depuis les pentes proches du Lac des Béraudes.
Tout ce versant est rapporté à la "formation du Chardonnet" du houiller moyen ; sa partie basse, sous le Lac Long, est particulièrement riche en lits volcaniques (diorite) interstratifiés qui arment les nervures courant à flanc de pente.

 

La direction presque E-W du vallon et surtout de ses crêtes bordières les amènent à recouper orthogonalement les multiples plis secondaires qui affectent les alternances monotones de lits argilo-schisteux et de bancs de grès plus ou moins conglomératiques des couches du Houiller (voir la coupe d'ensemble à la page "Gardioles"). Il s'agit en fait des plis parasites affectant le flanc ouest d'un pli de dimension supérieure (un anticlinorium*), l'anticlinal de la Gardiole. Toutefois ces plis sont difficiles à voir car ils sont assez fortement couchés vers l'est, de sorte que, dans le vallon, leurs flancs ont des pendages proches de la pente du versant.


Les charnières anticlinales emboitées de l'extrémité septentrionale de l'épaulement soutenant le Lac Long, vues du NW depuis les pentes de La Madeleine.
(voir surtout la coupe 17, ci-après)

Dans la partie inférieure de la crête des Muandes le pendage des plans axiaux de ces plis se redresse progressivement : ceci a pour effet que les bancs y sont tranchés plus orthogonalement par la pente topographique et qu'ils y sont ainsi mieux visibles. Ce changement d'attitude des plis, qui deviennent de plus en plus couchés vers le haut du versant, exprime en fait l'incurvation du flanc ouest du pli majeur qu'est l'anticlinal de la Gardiole.

On peut se demander si cette incurvation est originelle ou si elle est due à un effet de cisaillement (les parties hautes rabattues vers l'est) occasionné par une étape tardive de rétro-tectonique.


Coupes des basses pentes de la crête des Muandes , en rive gauche de la Clarée (cf. cliché ci-dessus), par R. FABRE 1982.
Ces coupes (surtout les n° 16 et 17) montrent que l'érosion a enlevé l'essentiel des flancs normaux des plis anticlinaux et que les barres rocheuses qui traversent le versant en oblique correspondent à la seule partie résiduelle, proche de la charnière, de ces flancs de plis.

Du côté septentrional le vallon des Muandes est limité par la crête de partage des eaux entre Maurienne et Briançonnais. Elle court depuis le versant occidental du Mont Thabor (page "Thabor ouest") jusqu'au fond de la vallée de la Clarée (secteur des Rochilles) en passant par les sommets de la Roche du Chardonnet , de Roche Château et de Rochachille.

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Le vallon des Muandes vu du NW depuis le sommet de Roche Château.
ac.D = accident des Drayères ; a.G = anticlinal de la Gardiole : voûte dessinée par le flanc ouest du grand pli, déjeté vers l'est comme ses replis.
En arrière du col de la Madeleine la totalité du vallon est creusée dans les couches du Houiller schisto-gréseux de la formation du Chardonnet ("hm.sg" = Namurien - Westphallien), ici pauvre en bancs volcaniques. ; hr-P = "Stéphano-Permien"


Elle donne une coupe continue des formations schisto-gréseuses paléozoïques de cette partie nord-orientale de la zone houillère (couches du Houiller et du Permien inférieur).

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Le versant septentrional de la crête de partage des eaux entre Isère (Neuvache) et Durance (Clarée), vu du NE depuis le sommet du Mont Thabor (cliché original obligeamment communiqué par Mr. H. Widmer).
Sur cette vue plongeante on parvient à distinguer quelques uns des replis déjetés vers l'est qui affectent les bancs gréseux du Houiller (formation du Chardonnet) : si ces plis sont visibles ici on le doit en partie à la grosse taille de ces bancs, mais aussi à l'orientation de cette face de la Pointe de Névache, qui est passagèrement presque orthogonale à la direction du regard (cette coupe naturelle tranche toutefois leurs axes en oblique, ce qui exagère d'ailleurs un peu le dessin des charnières).

Le débouché aval du vallon des Muandes dans la vallée de la Clarée, aux Drayères, correspond au secteur où se terminent en pointe vers le sud les affleurements des formations permiennes qui se développent plus à l'ouest en formant les crêtes de Rochachille - Roche Château (voir la page "Rochilles").

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L'extrémité nord-occidentale de la vallée de la Clarée (vallon des Rochilles), vue d'avion, de l'est, depuis l'aplomb du vallon des Muandes (suite vers la droite aux clichés suivants).
ac.D = accident des Drayères ; Ps = Permien supérieur ("formation de Rochachille") ; Pi = Permien inférieur ("formation de Baume Noire") ; h-P = Houiller supérieur conglomératique ("Stéphano-Permien") ; hm.sg = Houiller moyen schisto-gréseux ("formation du Chardonnet").

La crête occidentale de Roche Château en donne une coupe remarquable en ceci qu'elle montre, entre houiller et Permo-Werfénien (quartzites et Verrucano), une succession de couches plutôt versicolores que l'on observe pas en général ailleurs. Elles sont séparées du Permo-Trias habituel par une importante discordance "cartographique" (c'est-à-dire visible à l'échelle de la carte géologique) qui les biseaute de part et d'autre de la crête : ceci témoigne de ce que, ailleurs, leur absence est due à une érosion anté-werfénienne.

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Le fond de la vallée de la Clarée, vu du sud depuis les pentes du Lac des Béraudes (lieudit l'Infernet).
Ps = Permien supérieur ("formation de Rochachille") ; Pi = Permien inférieur ("formation de Baume Noire)"; h-P = Houiller supérieur conglomératique ("Stéphano-Permien") ; hm.sg = Houiller moyen schisto-gréseux ("formation du Chardonnet").
ac.D = accident des Drayères (son prolongement en rive droite de la Clarée (localement chevauchant vers l'ouest dans le ravin des Béraudes) est masqué par la végétation de premier plan.

Ces couches permiennes, qui se font remarquer par leurs teintes bariolées de rouge disparaissent du fait de la discordance cartographique qui fait reposer les quartzites triasiques, du nord au sud, sur des couches de plus en plus anciennes (jusque sur le Houiller moyen au niveau du débouché du torrent des Béraudes). Il faut noter en outre que la succession permienne repose stratigraphiquement, au niveau de Roche Château, sur des niveaux attribués au sommet du Stéphanien. Par contre cette succession vient en contact du côté est avec le Namurien-Westphallien des Muandes par l'intermédiaire d'une cassure N-S, l'accident des Drayères, que l'on suit vers le sud au moins jusqu'au débouché du torrent des Béraudes (voir la page "Rochilles").

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Le vallon du Lau et la crête sud-occidentale de Roche Château vus du sud, depuis le vallon des Muandes (au nord du lac Long).
Le fond du vallon du Laus est masqué par l'extrémité occidentale de la crête de la Madeleine.
Ps.cg = Permien supérieur ("formation de Rochachille") ; Pi = Permien inférieur ("formation de Baume Noire" : détails au cliché suivant) ; h-P = Houiller supérieur conglomératique ("Stéphano-Permien") ; hm.s = Houiller moyen schisto-gréseux ("formation du Chardonnet").
ac.D = accident des Drayères

Dans le détail on y a distingué, de haut en bas, deux formations distinctes, d'ailleurs séparées par une discordance angulaire de plus de 20° :
- la formation de Rochachille, essentiellement constituée de conglomérats et de pélites "versicolores" (violettes à pourprées), attribuée au Permien supérieur ("Néopermien") ;
- la formation de Baume Noire, formée surtout de pélites grises ou noires avec des intercalations de lits dolomitiques te de sills volcaniques, rapportée au Permien inférieur ("Éopermien").

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Détails du versant sud-occidental de Roche Château (vallon du Lau), vu du sud, depuis le vallon des Muandes (au nord du lac Long).
h-P
= conglomérats du "Stéphano-Permien" ; au dessus le Permien inférieur ("formation de Baume Noire"), comporte de bas en haut : Pi.sn = schistes pélitiques noirs ; D = surface de discordance stratigraphique "intraformationnelle" ; Pi.cg = conglomérats ; Pi.sv = schistes pélitiques versicolores.

Du côté oriental ces couches permiennes butent contre les pélites et grès du houiller moyen (formation du Chardonnet) par l'accident des Drayères qui coupe en oblique toutes ces couches. il traverse le lit de la Clarée peu au sud du refuge de ce nom puis se confond plus au sud avec la limite entre Houiller et quartzites werféniens. Vers le N-NE il se prolonge longuement, au moins jusqu'au lac de Bissorte, selon un tracé globalement presque rectiligne qui suppose un pendage en général proche de la verticale.

La signification de cet accident des Drayères reste plutôt énigmatique.
Dans la notice de la feuille Névache il est interprété comme un chevauchement, sans doute parce que son rejet (d'ampleur souvent difficle à évaluer) consiste en un soulèvement de sa lèvre orientale. Il semble d'autre part être rendu responsable d'une séparation de la zone briançonnaise en deux domaines qui diffèrent par leurs successions stratigraphiques paléozoïques (voir la page "stratigraphie").
Mais, compte tenu de ce que le pendage de cet accident est en général très fort et, semble-t-il, d'un sens d'inclinaison variable il est plus plausible de lui attribuer un jeu en extension. De plus il ne se prolonge pas jusque à affecter, en rive droite de la Clarée, les couches carbonatées de la succession mésozoïque.
Sans doute faut-il donc le considérer comme une paléofaille extensive, ayant d'abord joué au Paléozoïque et peut-être jusque au Trias. Il n'a été que peu déformé par le plissement alpin, après lequel il a vraisemblablement rejoué.

 

 

aperçu général sur la stratigraphie du Briançonnais
aperçu général sur la tectonique du Briançonnais

cartes géologiques au 1/50.000° à consulter : feuille Névache

Carte géologique simplifiée des montagnes entre Névache et Bardonecchia
redessinée sur la base de la carte géologique d'ensemble des Alpes occidentales, du Léman à Digne, au 1/250.000°", par M.Gidon (1977), publication n° 074
catalogue des cartes locales de la section Briançonnais




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