Aiguilles de l'Argentière, lac et col de La Croix

crêtes dominant la vallée de l'Eau d'Olle, à l'ouest du col du Glandon

Le petit chaînon des Aiguilles de l'Argentière, orienté W-E, domine du côté sud la vallée de l'Eau d'Olle et, du côté nord, le cirque du lac de la Croix, dont les eaux sont drainées par la vallée du Glandon. Il est sculpté transversalement à la foliation* métamorphique (presque N-S) des gneiss de la chaîne de Belledonne, ce qui explique pourquoi sa crête est particulièrement déchiquetée en brèches et pointes multiples.

L'essentiel de la crête est constitué de gneiss leptyno-amphiboliques mais elle traverse, à ses deux extrémités ouest et est, deux bandes distinctes d'amphibolites (elles représentent peut-être deux anciens synclinaux).

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Les hautes pentes du vallon de la Croix vues du nord-est, depuis la Cime du Sambuis.
on observe clairement l'obliquité totale des lignes de crêtes et des vallonnements par rapport aux bandes de roches métamorphiques
N.B. : C'est par erreur que la carte IGN au 1/25.000° dénomme "Pointe Élizabeth" l'Aiguille Capdepon et place le Coup de sabre du Pignolet entre cette dernière et la Tête des Cos.

- La bande d'amphibolites occidentale forme l'Aiguille de Marcieu, qui tombe du côté ouest sur le col de la Combe Madame ; de ce sommet il se détache symétriquement, vers le nord et vers le sud, deux arêtes moins saillantes qui suivent cette même bande d'amphibolites :
- vers le nord il s'agit de la crête du col de la Croix, et se poursuit par le Bec d'Arguille jusqu'au delà du Puy Gris (en formant sur ce parcours la crête principale de la chaîne de Belledonne) ;
- vers le sud la bande d'amphibolites détermine la Crête du Pin et se poursuit presque jusqu'à la retenue de Grand-Maison (voir, plus bas dans cette page, le cliché panoramique du versant).

- La bande d'amphibolites orientale (qui forme les Têtes des Cos) est la terminaison sud de celle de la montagne du Sambuis. Elle se compléte, comme elle, par des schistes chloriteux qui affleurent à l'extrémité orientale de la crête. Du côté sud de cette crête cette bande de micaschistes chloriteux, continue à travers le versant est de la chaîne depuis loin vers le nord (voir la page "Aup du Pont"), se termine là, brutalement tranchée par la faille orientale de Belledonne.

À ce sujet on peut ajouter qu'on retrouve en direction du sud la bande de schistes chloriteux du Sambuis sur la lèvre opposée (sud-orientale) de cette faille. Mais il faut aller jusque dans les pentes du col du Sabot, soit 4 km plus au SW le long du tracé de cette faille, pour la voir réapparaître : ce décalage est un des faits qui prouvent que le rejet de la faille orientale de Belledonne a comporté (sans doute lors de mouvements tardifs) une composante dextre.

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L'extrémité orientale des Aiguilles de l'Argentière et la partie tout-à-fait supérieure de la rive gauche de la vallée du Glandon, vue du nord-est, depuis les pentes occidentales de l'Ouillon (abrupts à l'ouest du col de Bellard)
f.BE = faille bordière orientale de Belledonne. Noter l'obliquité très marquée des bandes de roches cristallines du bloc de Belledonne par rapport à cette cassure.
sch.graph. = niveau de schistes graphiteux encadrant ou s'intercalant dans la bande de chloritoschistes de le montagne du Sambuis.

Le contact tectonique qui correspond à cet important accident est bien observable le long du sentier du lac de la Croix : on voit notamment là que ce sont des schistes toarciens et aaléniens (prolongeant ceux que l'on trouve au voisinage pincés dans les replis synclinaux de l'hémigraben), qui y reposent en contact direct sur le cristallin du bloc de Belledonne.

En définitive on observe donc sur cette transversale une situation très analogue à celle que l'on rencontre, plus au sud, aux abords d'Ornon, où ce sont aussi les couches les plus récentes de sa lèvre orientale que l'on trouve appuyées sur le miroir de faille : cette analogie conforte l'interprétation qui voit dans la faille orientale de Belledonne le simple prolongement septentrional de la faille du col d'Ornon : il s'agit de la même cassure bordière, qui a joué originellement, au Jurassique inférieur à moyen, en soulevant le bloc de socle de Belledonne par rapport à l'hémigraben de Bourg-d'Oisans.

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Le versant méridional du chaînon des Aiguilles de l'Argentière, vu du sud, depuis la Croix de Picheu.
f.BE = faille bordière orientale de Belledonne (prolongement septentrional de la faille du col d'Ornon) : noter combien cette faille, orientée NE-SW, coupe obliquement les bandes de gneiss, presque N-S, du cristallin du massif des Sept-Laux ; d.P = décrochement du Rocher Pilliozan (pour bien mettre en évidence son rejet on a attribué une couleur différente à la bordure occidentale (vert vif) et à la bordure orientale (vert émeraude) de la bande amphibolique (sans doute synclinale) de l'Aiguille de Marcieu et de la crête du Pin..
gn.à 2 micas = gneiss leptynitiques à deux micas, formant l'enveloppe du granite des Sept Laux (ce dernier n'affleure que sur le revers opposé de la crête Pyramide - Rocher Blanc); gr. = épais filons de granite leucocrate (aplites etc...) : noter leur décalage dextre par la faille d.P ; s.g. = schistes graphiteux.

Le versant méridional de la crête des Aiguilles de l'Argentière est effectivement traversé, à mi-hauteur du versant qui tombe sur la vallée de l'Eau d'Olle à l'ouest du col du Glandon (voir cliché ci-dessus), par le tracé de cette faille bordière orientale de Belledonne. Ce tracé correspond à une ligne de changement de relief entre les escarpements supérieurs (formés de roches cristallines et tapissés à leur pied d'éboulis et de glaciers rocheux), et les alpages des basses pentes (à subtratum de roches sédimentaires) : il est clair que le fort contraste de résistance à l'érosion entre les roches ainsi juxtaposées a dû guider cette dernière et peut-être déterminer ainsi l'orientation E-W de la crête des Aiguilles de l'Argentière.

Au sud de cette limite morphologique les alpages des pentes inférieures sont donc installés sur le prolongement septentrional de l'hémigraben de Bourg-d'Oisans. Comme plus au sud, au sein de ce fossé tectonique (voir la pages Cochette, col du Sabot et Vaujany), la succession sédimentaire comporte d'épais calcaires liasiques, qui sont fortement plissés, ainsi que des schistes toarciens et même aaléniens, qui occupent le coeur des synclinaux.

Si l'on traverse ces pentes d'est en ouest on constate en outre que le tracé de la faille s'infléchit pour se rapprocher d'un azimut assez méridien, voisin de N 30°, et se diriger vers le lit de l'Eau d'Olle (jusqu'à se perdre sous les eaux du lac de Grand Maison peu au SW des chalets de Rieu Claret et du pont qui franchit ce torrent). En fait cette inflexion apparaît associée à l'existence d'une faille secondaire qui s'embranche sur la lèvre NW de la faille principale au nord des chalets de Rieu Claret.

Ce décrochement du Rocher Pilliozan traverse le socle cristallin de la lèvre NW et s'y repère au fait qu'il y occasionne un décalage dextre de différentes bandes-repères de roches (voir, plus haut dans cette page, le cliché panoramique du versant). Il détermine, dans la crête qui descend vers le sud depuis le sommet secondaire de ce nom, une brèche qu'emprunte le sentier qui permet de gagner le vallon du Lac de l'Âne depuis les chalets de Rieu Claret.


La brèche sud du Rocher Pilliozan, vue de l'ouest, depuis les pentes d'accès au lac de l'Âne.
d.P = décrochement (dextre) du Rocher Pilliozan : il détermine le vallon de l'Ane, qui se jette dans la retenue immédiatement à l'est du belvédère EDF (voir cliché ci-dessous).


Du côté sud-ouest de cette brèche son tracé (masqué sous les éboulis du bas vallon de l'Âne) rejoint celui de l'accident majeur sous les eaux du lac, en passant par l'emplacement du belvédère EDF. À ce niveau il détermine l'éponte orientale d'un redent de matériel sédimentaire qui se termine en pointe vers le nord, dans le fond du ravin, entre deux lèvres de socle.

Le bloc de socle ainsi détaché entre la faille pricipale et le décrochement du Rocher Pilliozan a valeur d'une navette*entrainée le long de la faille orientale de Belledonne, lors des phases compressives de la formation des Alpes et son sens de déplacement est un argument supplémentaire en faveur du coulissement dextre de cet accident initialement extensif lors de son re-jeu occasionné par ces étapes tardives.


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Le revers oriental du massif des Sept-Laux et la vallée supérieure de l'Eau d'Olle vus du sud-ouest, depuis l'extrémité septentrionale de la crête des Rochers Rissiou.
f.BE = faille bordière orientale de Belledonne (prolongement septentrional de la faille du col d'Ornon) ; d.P = décrochement du Rocher Pilliozan, décalant dans le sens dextre la faille bordière.
gr = filons de granite leucocrate décalés par le décrochement (voir ci-dessus le cliché d'ensemble du versant sud).

 

 



Carte géologique simplifiée des abords orientaux du massif des Sept Laux
à la latitude du col du Glandon
redessinée sur la base de la carte géologique d'ensemble des Alpes occidentales, du Léman à Digne, au 1/250.000°", par M.Gidon (1977), publication n° 074
plus au nord ;
plus à l'ouest ; cartes voisines : plus à l'est ;
plus au sud


Page d'introduction à la géologie de la chaîne de Belledonne au sens large.
aperçu d'ensemble sur le massif d'Allevard - Sept Laux

Cartes géologiques au 1/50.000° à consulter : feuille Saint-Jean de Maurienne


Arguille, Valloire

Puy Gris

Mgne du Sambuis
Rocher Blanc LOCALITÉS VOISINES (Croix de Fer )

Rochers Rissiou

(Grand Maison)

(col du Sabot)
N.B. Les localités entre parenthèses appartiennent à une autre section du site et leur page s'ouvrira avec l'en-tête correspondant.

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