Saint-Pierre-d'Albigny, Col du Frêne , Mont Pelat

bordure occidentale de la Combe de Savoie à la latitude du confluent de la vallée de l'Arc

Les pentes méridionales du col du Frêne, qui surplombent la Combe de Savoie, rejoignent cette vallée à la bourgade de Saint-Pierre-d'Albigny, qui est construite sur le cône de déjections du torrent de Trise. Le cours de ce torrent, qui descend du col du Potat, sépare en fait les pentes nord-occidentales de la vallée de l'Isère en deux tronçons qui contrastent par leurs différences d'aspect.

À l'est le versant s'avance en saillie vers la plaine avec de fortes pentes qui se terminent par le ressaut abrupt du Château de Miolans. Elles sont couronnées par les falaises sommitales de la Dent d'Arclusaz (voir la page "Arclusaz"). À l'ouest le versant est en retrait vers le NW et ses pentes sont plus dans l'ensemble plus modérées (sans ligne de falaise majeure). Cette différence est d'origine structurale : elle est liée au passage entre le deux d'un accident majeur, la Faille de l'Arcalod (voir plus de détails en fin de page).

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Le rebord subalpin de la Combe de Savoie aux abords du col du Frêne,
vus du sud-est, depuis la rive gauche de l'Isère, à l'ouest de Chateauneuf (face à l'aire de repos autoroutière).
a.D = anticlinal de Doucy ; s.T = synclinal du Trélod ; a.F = anticlinal du col du Frêne ; s.V = synclinal de la Via ; a.E = anticlinal de l'Épion (a.F ; s.V et a.E sont les replis qui constituent l'anticlinorium du col du Frêne)
f.A = faille de l'Arcalod ; s.S = synclinal de Serraval (= de l'Arclusaz).
On a repéré d'un trait Jaune le tracé approximatif de la route D 911 pour permettre de se repérer sur ses lacets.
On a indiqué en bleu le paquet tassé* du Bois Saint-André.

Du côté ouest du vallon du Potat la barre tithonique se retrouve beaucoup plus en retrait du bord de la vallée, donc décalée vers le nord-ouest, du fait de ce rejet de la faille de l'Arcalod. Elle forme les reliefs boisés du col du Frêne, où elle dessine une succession de plis fortement déversés vers l'ouest, dont les flancs ouest sont les plus courts et pendent à la verticale (ou sont même légèrement renversés). Les plus orientaux de ces plis, que traverse la route D.911 en s'élevant vers le col du Frêne, constituent le faisceau anticlinorial du col du Frêne.

Le col du Frêne lui-même est ouvert dans l'extrémité méridionale d'un petit val de prairies ouvert par l'érosion au coeur du synclinal du Trélod. À l'ouest du col les pentes qui s'élèvent vers le Mont Morbié et le Mont Pelat sont d'abord constituées de dalles structurales de Tithonique du flanc oriental de l'anticlinal de Doucy. Mais dans la partie haute l'érosion a tranché la voûte de ce pli, de sorte que c'est l'Argovien de son coeur qui affleure au sommet. C'est également dans l'Argovien du coeur de ce pli qu'est creusé le profond ravin du Morbié, qui en descend vers le sud en suivant l'axe su pli jusqu'à son débouché dans les basses pentes du rebord subalpin.

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Le rebord subalpin à l'ouest du col du Frêne,
vu du sud-est, d'avion, depuis l'aplomb de la Combe de Savoie (Châteauneuf).
a.D = anticlinal de Doucy ; s.T = synclinal du Trélod ; a.F = anticlinal du col du Frêne ; s.V = synclinal de la Via ; d.pT = décrochement du Pré du Tour ; d.sR = décrochement de Sainte-Reine.
Le grand ravin du Morbié entaille profondément le rebord subalpin mais il est flagrant qu'il s'y raccorde en biais ; ceci est dû à ce qu'il résulte de l'éventration de l'anticlinal de Doucy dont l'axe est à peu près à 45° de l'orientation moyenne du sillon subalpin. On remarquera l'analogie de morphologie et de situation que présente ce secteur avec celui du ravin du Manival, sur le rebord oriental de la Chartreuse (où l'anticlinal de Perquelin représente l'homologue de celui de Doucy).

Deux décrochements traversent le petit chaînon Mont Pelat - Mont Charvet ; ils y sont essentiellement repérables parce qu'ils décalent la barre tithonique du flanc ouest de l'anticlinal de Doucy. Celui de Sainte-Reine est le plus important ; il détermine le vallon qui s'élève vers le sud-est depuis ce village presque en direction du sommet du Pelat.


La façon dont se manifeste ici la faille de l'Arcalod mérite un examen plus précis : en effet c'est là que son tracé disparaît du côté méridional ...

Carte géologique simplifiée des environs de Saint-Pierre-d'Albigny

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Le rebord subalpin de la Combe de Savoie au nord de Saint-Pierre-d'Albigny,
vus du sud-est, depuis la rive gauche de l'Isère, à l'ouest de Chateauneuf (face à l'aire de repos autoroutière).
a.E = anticlinal de l'Épion ; s.A = synclinal de l'Arclusaz ; f.A = faille de l'Arcalod (noter l'inflexion synforme de son tracé).
"V.cF" = faciès bioclastique du type calcaires du Fontanil (il disparaît stratigraphiquement vers le NE).

Au nord de Saint-Pierre-d'Albigny le lit du torrent de Trise suit très précisément, en contrebas du col du Potat jusque à 700 m d'altitude, le tracé de cette faille (voir le premier cliché de la présente la page). Il y met en contact les marno-calcaires crétacés du pied de la Dent d'Arclusaz, appartenant à sa lèvre orientale, contre les Terres Noires à l'ouest ; elle surhausse donc fortement sa lèvre occidentale en y faisant affleurer les Terres Noires nettement plus haut dans le versant ( jusqu'au niveau du hameau de La Plantaz). Le torrent se poursuit vers le bas (sous le nom de ruisseau Gargot), dans les alluvions de son cône de déjections sous lesquelles pointent des affleurements de Terres Noires jusqu'au pied des escarpements plus orientaux, au nord du hameau de la Noiriat (le plus oriental de Saint-Pierre-d'Albigny).
La présence de ceux-ci, à cet emplacement nettement plus oriental, indique que le tracé de la cassure s'est déjà sensiblement infléchi vers l'est. C'est ce que confirme l'orientation de la falaise qui y interrompt la barre Tithonique, en tranchant son extrémité méridional alors qu'au-delà cette falaise court à flanc de pente vers l'est, en passant sous le château de Miolans. Cela temoigne d'une torsion progressive, en fait plus ou moins concentrique avec celle du synclinal de l'Arclusaz.

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La partie méridionale de la bordure occidentale de la Combe de Savoie, vue du sud-ouest, d'avion, depuis l'aplomb de Sainte-Hélène-le-lac.
En marge gauche du cliché les plis sont vus presque dans leur axe mais de plus en plus en biais en allant vers la droite.
f.A = faille d'Arcalod ; s.A = synclinal de l'Arclusaz.
a.F = anticlinorium du col du Frêne ; s.T = synclinal du Trélod ; a.D = anticlinal de Doucy ; s.cM = synclinal du col de Marocaz ; a.R = anticlinal de Rochefort ; s.M = synclinal de Manette (s.cM, a.R et s.M sont des replis du fond du synclinal des Aillons) (voir la page La Thuile).
à l'avant plan (voir la page Arclusaz) : d.S = décrochement dextre, NE-SW, du Sorplat (prolongement très probable du décrochement de l'Alpette) ; d.M = décrochement (hypothétique) de Montmélian.


 En définitive les observations que l'on fait aux environs de Saint-Pierre-d'Albigny fournissent une précieuse précision complémentaire à propos de la géométrie globale du paquet rocheux cartographiquement amygdalaire que délimite le système des failles de l'Arcalod et du Charvin (voir la page "Tectonique des Bornes").

En effet elles permettent d'éliminer l'hypothèse que le tracé de la faille s'interrompe là car il se prolongerait vers le sud sous les alluvions de la Combe de Savoie méridionale. Au contraire son prolongement doit être recherché vers le NE : dans cette direction il est clair que cet accident n'affecte pas les collines bordières de rive gauche de l'Isère (voir la page "Combe de Savoie") ; par contre en rive droite on observe à la latitude d'Albertville l'aboutissement méridional de la faille de la Goenne (satellite de celle du Charvin) qui décale dans le sens sénestre la corniche bajocienne de Gilly-sur-Isère (voir la page "Dent de Cons") : leur raccord paraît évident. Il apparaît donc que se ferme ainsi le contour de la vaste amande rocheuse que délimite ce système de failles, au cœur du synclinal de Serraval, depuis les Bornes méridionales jusque à l'Arclusaz.

Mais sans doute ce corps rocheux lui-même ne s'arrétait-il pas là, car son fond ainsi mis à jour s'élève là vers le sud et est donc susceptible de s'être prolongé "dans le ciel" avant que l'érosion l'enlève.

On voit enfin que ce corps amygsalaire est en fait le contraire d'une klippe puisqu'il est affaissé de tous côtés par rapport à ses bordures (voir la page "Tectonique des Bornes") et qu'il s'est en même temps déplacé vers le sud : c'est ce qui justifie de le qualifier de "méga-collapse".

On peut être tenté de rechercher une relation entre son existence et la présence de la klippe de Sulens qu'il inclue à son extrémité septentrionale. À cet égard on peut envisager d'y voir l'effet d'une surchage dont la localisation serait en rapport avec un isolement précoce de cette klippe (par érosion ou par détachement tectonique) et que sa direction de glissement ait été déterminée par l'allongement du sillon naturel créé en marge occidentale du soulèvement de Belledonne (le sens de ce glissement étant sans doute lié à l'abaissement vers le sud de la voûte de son socle cristallin ).

 

 

 

 

Aperçu global sur les Bauges orientales

 Généralités sur les Bauges

cartes géologiques au 1/50.000° à consulter : feuilles Albertville, Chambéry et Montmélian.


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Carte géologique très simplifiée
redessinée sur la base de la carte géologique d'ensemble des Alpes occidentales, du Léman à Digne, au 1/250.000°", par M.Gidon (1977), publication n° 074

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