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ÉVOLUTION GEODYNAMIQUE
9 - REVUE DES DIFFÉRENTS MODÈLES EXISTANTS (b)

Il existe de nombreux points où nous sommes d’accord avec les auteurs mentionnés ci-après. Nous soulignons ici les points qui nous posent problème au vu de nos observations et de notre modèle. Nous mettons dans les 4 paragraphes qui suivent en italique les points de vue des auteurs.

modèle de .. MASSON (2008)

Masson décrit un contact stratigraphique entre « le socle du Versoyen » et l’Unité du Petit Saint Bernard, avec à sa base un peu de Trias (cargneules). Il en conclut que le Versoyen est pré-triasique, et d’âge paléozoïque. Selon nous, la série du Versoyen ne peut être le soubassement de l’Unité du Petit Saint Bernard. Des cargneules sont en effet présentes localement, de manière très discontinue à la base de l’Unité liasique du Petit St Bernard, de l’Arguerey et de Laytire. Ce contact à cargneule au sud-est de Laytire, à la Tête du Chargeur, met en contact les calcaires à zones siliceuses du Lias du Petit St Bernard sur un train de plis subverticaux de la trilogie valaisanne incluant de très petits éléments de prasinites, d’où l’évidence d’une faille de chevauchement majeure alpine entre les unités liasiques du Petit St Bernard et le Versoyen recouvert stratigraphiquement par la trilogie valaisanne. Cette faille se retrouve aussi très clairement dans la galerie EDF sous l’Aiguille du Clapet (réf. notice carte Bourg Saint Maurice, 1992). Elle sépare, à la cote 1800m sur quelques mètres, avec de très fortes venues d’eau, les calcschistes du Petit Saint Bernard des basaltes et schistes noirs du Versoyen : contact anormal à gypse et mylonites de roches diverse : schistes, calcaires et quartz. L’unité du Petit Saint-Bernard est donc bien distincte tectoniquement du Versoyen et du Flysch valaisan.

Masson décrit un contact tectonique de nappe (avec une importante discontinuité métamorphique) pour le Versoyen sous la serpentinite du Miravidi (voir photo ci-dessous), surmontant un wildflysch (le Wildflysch de la Méchandeur) déposé par-dessus l’Aroley, qu’il considère comme le sommet de la trilogie valaisanne (succession en série normale donc pour lui dans ce secteur du col du Breuil, avec le Flysch St Christophe à la base de la trilogie et Aroley au sommet).


Ce « contact tectonique chevauchant », indiqué sur la photo ci-dessus, passerait donc pour nous au plein milieu de l’unité 2 de schistes à blocs, intensément écaillée/faillée. Notre photo jointe et interprétée ci-dessous du Mont Miravidi, montre la base de l’Aroley en série inverse, avec au-dessus une seule unité fortement écaillée de schistes à blocs, sans aucune faille majeure que l’on peut suivre à la base de l’écaille de serpentinite et dans son prolongement. Il n’y a donc aucune différence lithologique ni structurale entre ce que Masson nomme le « Wildflysch de la Méchandeur » et l’unité de base de sa « Nappe Versoyen Petit St Bernard » qui surmonte son chevauchement.




• Un wildflysch est un dépôt sédimentaire dans un bassin, le schiste gréseux gris qui emballe les blocs serait donc plus jeune que la trilogie (tertiaire ?) et contemporain de la mise en place de la « nappe du Versoyen Petit St Bernard » …

• Ce mélange de schistes à blocs (unité 2) est pour nous purement tectonique et ne peut être le résultat d’un processus sédimentaire créant un wildflysch en front de nappe dans un bassin post Aroley… • Il n’y a pas de discontinuité métamorphique importante entre le Versoyen et la trilogie au-dessus : les 2 sont liés stratigraphiquement depuis 90-65 Ma et ont été enfouis ensemble à plus de 30 km lors de la collision alpine il y a environ 40 Ma.

Si, selon Masson, la trilogie était en série normale au col du Breuil (base Flysch St Christophe - Marmontains – Aroley au sommet), il faudrait admettre qu’alors 1/ la base de l’Aroley étant datée Turonian, les Marmontains et le Flysch St Christophe seraient d’âge Crétacé inférieur, et 2/ la trilogie reposerait à l’envers (Aroley - Marmontains - St Christophe) à 3km de là dans la vallée des Chapieux et en discordance stratigraphique contre la Pyramide Calcaire orientale, ce qui n’est pas possible. Il en serait de même un peu plus au sud dans la Combe de la Neuva et encore plus au sud sur le cœur liasique de l’Anticlinal d’Arcachat vers Moûtiers : là aussi c’est bien l’Aroley, à la base de la trilogie, qui repose en discordance sur les terrains plus anciens.

• La trilogie valaisanne est donc très bien établie cartographiquement en série normale dans l’ordre Aroley - Marmontains - St Christophe, elle est donc en série renversée au col du Breuil et les schistes à blocs qui la surmonte sont en conséquence plus ancien. Cette trilogie se prolonge dans le Valais suisse partout au front du Briançonnais en position renversée.

Masson ne voit aucun lien entre le Versoyen et le bassin sédimentaire valaisan. Pourtant la discordance de la base de l’Aroley avec la série volcano sédimentaire du Versoyen sous-jacente se suit parfaitement cartographiquement et aucune faille ne pourrait remplacer ce contact stratigraphique. En effet, partout dans ce secteur, nous pouvons observer la base de l’Aroley (en position renversée) posée de façon continue stratigraphiquement sur les schistes à blocs (Bassa Serra, Pointe Fornet, Mont Ouille, Tormottaz, falaise du Miravidi, etc.), sans possibilité de faille majeure à ce niveau. Car jamais nous n’observons l’Aroley faillé et impliqué au sein des schistes à blocs sous-jacents. • Serge Fudral note bien par ailleurs à la base de l’Aroley vers le col du Breuil (en position donc inverse), juste au-dessus de la discordance, un dépôt de mariposite (minéral chromifère), remaniement très probable de la serpentinite sous-jacente, confirmant bien ici une discordance stratigraphique.

Masson voit le gabbro du Clapet (qu’il date Viséen, 337 Ma) comme une intrusion dans le complexe Versoyen. Nous interprétons le Clapet comme un bloc tectonique emballé dans le schiste gréseux gris (Unité 2). La galerie EDF qui passe sous le Clapet n’a pas recoupé de gabbro ce qui montre bien que cette écaille est un bloc qui disparaît rapidement en profondeur. L’âge des blocs donne simplement une idée de l’âge des formations remaniées reprises dans ce chaos tectonique, mais ne date pas la formation du mélange à blocs. Le schiste gréseux gris flyschoïde, matrice qui emballe les blocs est localement calcaire, ce qui n’est pas cohérent dans ce secteur des Alpes pour un âge carbonifère qui est toujours très siliceux.